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Décarbonation des territoires : Châlons-en-Champagne mise sur l'hydrogène et le gaz renouvelable

Hors bassin industriel, la mise en place de projets conséquents à but de décarbonation relève d'une gageure. Pour les mener, les acteurs doivent jongler entre les orientations nationales et la prise en compte du territoire et de ses contraintes.

TECHNIQUE  |  Energie  |    |  G. Boillot-Defremont
Décarbonation des territoires : Châlons-en-Champagne mise sur l'hydrogène et le gaz renouvelable
Environnement & Technique N°397
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°397
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L'annonce a été faite le 9 novembre dernier : Haffner Energy, fabricant d'équipements de production de gaz renouvelable, et CVE, entreprise à mission autour de l'énergie renouvelable, ont remporté l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) autour de la décarbonation du territoire, lancé en octobre 2022 par la communauté d'agglomération de Châlons-en-Champagne (Marne). Un projet à deux têtes nommé Charl'Hy, qui consistera en l'implantation d'une usine d'hydrogène électrolytique et d'une unité de production de gaz par thermolyse de la biomasse, pour alimenter le réseau de chaleur de la collectivité. L'heure est maintenant aux études de faisabilité technique, pour lesquelles la collectivité locale apporte son soutien financier et humain. Une décision finale quant à la construction effective des deux usines sera prise à la fin de cette année.

Implantation sur le territoire

« Nous souhaitons que s'implantent sur notre territoire des usines à faible impact environnemental, souligne Jérôme Mât, vice-président chargé du développement économique et durable de Châlons Agglo. Mais si elles apportent en contrepartie leur lot de nuisances pour les riverains, alors nous aurons manqué une étape. » Une remarque à laquelle Marion Henriet, directrice de l'activité hydrogène chez CVE, entend répondre en précisant que l'activité de production de biogaz, lancée par son organisation avant celle de production d'hydrogène, leur a appris à répondre aux questions et aux craintes des riverains sur les nuisances véhiculées par ces projets. Natacha Lestrade, responsable de développement commercial chez Haffner Energy, apporte, elle, une réponse sur le volet paysage en indiquant que « les fumées chaudes issues du craquage de la biomasse serviront de source d'énergie pour le fonctionnement de l'unité ». « Concernant la production d'hydrogène, ce n'est pas l'angle envisagé », complète Marion Henriet.

L'unité de production de chaleur par thermolyse de la biomasse répond au besoin clairement identifié de la collectivité d'une nouvelle source de gaz pour alimenter son réseau existant (lire encadré). Natacha Lestrade indique qu'Haffner Energy souhaite utiliser pour cette unité des résidus de biomasse issus du milieu viticole environnant.


Une stratégie hydrogène entre deux mondes

C'est quoi la thermolyse de la biomasse ?

Cela consiste à dégrader thermiquement la biomasse en passant par une hausse de température graduelle de 600 à 1 200 °C. « La thermolyse et la pyrogazéification partagent le même principe, indique Natacha Lestrade. Mais dans le premier, aucun oxydant n'est utilisé, alors que dans le deuxième oui. » La réaction consécutive à la thermolyse de la biomasse permet de produire un gaz de synthèse comprenant principalement de l'hydrogène, du dioxyde de carbone, du monoxyde de carbone et du méthane. Haffner Energy a pour objectif de proposer ce gaz de synthèse à la collectivité de Châlons-en-Champagne pour qu'elle le substitue au gaz naturel fossile actuellement brûlé pour alimenter son réseau de chaleur.
La filière hydrogène n'est pas encore mature. C'est à ce titre que sont lancés des projets importants d'intérêt européen commun (Piiec), avec d'importants financements à la clé. Si ces initiatives sont essentielles, Marion Henriet privilégie néanmoins un travail « en fonction des écosystèmes territoriaux ». Celui de la collectivité de Châlons-en-Champagne fait l'objet de réflexions depuis 2014 sur la question de l'énergie. En 2015, par exemple, a été créée la Société champenoise d'énergie, syndicat mixte permettant aux élus d'investir dans des panneaux solaires, un réseau de chaleur pour la ville de Châlons-en-Champagne, ou encore d'acheter des parts sociales dans des structures de production d'énergie décarbonée. Par ailleurs, une étude territoriale de mise en place d'une flotte à faibles émissions a été lancée par la collectivité.

Un pari d'implantation d'une filière à l'échelle locale qui, heureusement, est soutenu par une stratégie nationale de production d'hydrogène, visant 6 500 MW dans sept ans, selon Philippe Boucly, président de France Hydrogène, ainsi que par un objectif européen - la directive Afir (Alternative Fuels Infrastructure Regulation) prévoit le déploiement de stations de distribution d'hydrogène tous les 200 kilomètres le long des grands axes routiers. « Les subventions des stratégies hydrogène française et européenne ne doivent pas être réservées qu'aux grands bassins industriels. Elles doivent aussi bénéficier à l'industrie diffuse sur les territoires », explique Sandrine Duchaine, chargée de la partie développement de projets pour CVE.

Marion Henriet indique cibler « la mobilité privée et publique du territoire » pour vendre sa production d'hydrogène. « Il faut que ce qui nous semble bon soit bon », prêche Jérôme Mât. Avec des investissements de raccordement à l'usine qu'on imagine conséquents pour alimenter une flotte, le pari aura plus de chances de réussir si les orientations politiques nécessaires à sa bonne réalisation dépassent les déclarations d'intention, et s'entérinent dans des documents de planification territoriale comme le schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (Sraddet).

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