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Eaux pluviales : un projet de stockage en cours d'instruction dans une plaine agricole francilienne

Sur un de ses terrains, Île-de-France Nature travaille à l'installation de bassines d'eaux pluviales pour irriguer des parcelles agricoles. Un projet qui demande une modélisation des ouvrages projetés, pour éviter débordements et pollutions.

TECHNIQUE  |  Eau  |    |  G. Boillot-Defremont
Eaux pluviales : un projet de stockage en cours d'instruction dans une plaine agricole francilienne
Environnement & Technique N°394
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°394
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Et si la ressource en eau pouvait être répartie selon les usages ? Acquise en 2016 par Île-de-France Nature pour un projet de permaculture, la plaine de Montjean (91) pâtit pour son irrigation d'un sol relativement drainant et d'une nappe répartie en cavités indépendantes. Pour remédier à ces contraintes, l'organisme régional souhaite mettre en place à l'horizon 2025 deux bassins d'irrigation recueillant les eaux pluviales pour les cultures de la plaine : l'un de 10 000 m3, l'autre de 3 700 m3. Dans leur conception, les capacités de remplissement et de tamponnement sont étudiées pour limiter le rejet des eaux pluviales dans le milieu naturel et accueillir dans des conditions sanitairement conformes celles de ruissellement du centre horticole de la Ville de Paris et de l'écoquartier limitrophe.

Stockage sans débordement

Conformément aux exigences du Sdage Seine-Normandie, le premier bassin contiendra, en plus du volume de stockage de 8 300 m3, un volume de tamponnement de 1 600 m3 adapté à la gestion d'une pluie d'occurrence trentennale collectée sur l'emprise du centre horticole. Ce volume sera régulé en sortie de l'ouvrage à un débit de 39 l/s (8 l/s/ha collectés). Quant aux risques de débordement, ils seront limités par l'installation de surverses de sécurité.

« Les règles de dimensionnement prévues pour ce projet répondent aux obligations règlementaires applicables localement et varient selon les territoires. Dans la plaine de Montjean, les ouvrages avaient d'abord été modélisés pour le niveau décennal. L'actualisation du Sdage nous a poussés à augmenter le niveau de protection de l'ouvrage pour gérer les pluies trentennales », explique Gaëtan Levistre, du bureau d'études Ingetec, collaborant avec Île-de-France Nature dans le cadre de ce projet.

« Il est toujours compliqué de connaître la quantité d'eau qui s'infiltre dans la nappe »

Le projet de la plaine de Montjean est en cours d'instruction pour un dossier « Loi sur l'eau » - le principe de stockage notamment va à l'encontre des exigences d'infiltration directe prévues par les textes. Mais est-il si évident de connaître les quantités d'eaux pluviales qui s'infiltrent directement dans la nappe ? Christophe Durouchoux, ancien hydrogéologue chez EDF et au BGRM, fournit des éléments de réponses sur le sujet.
« À son arrivée sur un sol agricole, l'eau pluviale prend plusieurs chemins : une partie repart au ciel sous forme d'évaporation directe, une autre irrigue la partie découverte de la plante, une ensuite s'infiltre dans l'humus et une dernière ruisselle. L'eau qui n'est pas reprise par les plantes est en excès, et peut descendre. Pour cette raison, il est toujours compliqué de savoir la quantité d'eau qui s'infiltre dans la nappe.
En Île-de-France, il est aussi compliqué de connaître à quelle profondeur. En effet, le sous-sol est fait de superpositions de nappes communiquant difficilement entre elles. L'eau descend, mais plus ou moins, en fonction des différences de pression, avec en possible étape ultime du voyage une arrivée dans les nappes de l'Albien, à 600 m de profondeur – nappes réservées aux graves situations de crise et interdites à l'usage quotidien.
Avec son projet, Île-de-France Nature crée les conditions d'une consommation raisonnée et vertueuse de l'eau et ne fait que retarder son retour dans le grand cycle. »

L'ouvrage plongera jusqu'à 7 m de profondeur, en-dessous du niveau de la nappe des calcaires de la Brie. Pour sécuriser et gérer l'interface avec celle-ci, Gaëtan Levistre prévoit d'équiper la géomembrane d'étanchéification du bassin avec des clapets (type Flo-Plug) afin d'équilibrer les phénomènes de pression différentielle entre l'eau contenue dans le bassin et l'eau de la nappe, et d'éviter ainsi les risques de désordres sur les parois et le fond de l'ouvrage.

« Le bâchage servira une autre exigence : celle de limiter la prolifération d'algues et d'organismes, afin d'éviter aux crépines d'aspiration de se bloquer et de garantir une eau conforme à l'irrigation des cultures, pour les agriculteurs du lieu », explique Valentine Arreguy, paysagiste, responsable du projet pour l'établissement régional.

Ruissellement sans pollution

« Avec deux bassins versants sur un même site agricole, la récupération des eaux de ruissellement est un enjeu fort de ce projet », détaille-t-elle. Pour les eaux venant du centre horticole et acheminées par un tuyau en diamètre 600 mm, un séparateur d'hydrocarbures et une vanne de confinement seront prévus afin d'éviter les éventuels transferts de pollutions chroniques ou accidentelles. Une vanne de confinement sera également installée en sortie du premier bassin pour les mêmes raisons.

Le second bassin de 3 700 m3, quant à lui, récupérera les eaux de l'écoquartier. « À cet effet, explique Valentine Arreguy, un travail partenarial a été enclenché pour demander aux concepteurs des bâtiments de s'abstenir de construire les toitures en zinc, matériel prompt à libérer des micropolluants. »

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