A l'occasion des Premières assises de l'économie circulaire qui se tiennent ce mardi 17 juin à Paris, l'Ademe a dévoilé une étude réalisée à sa demande par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc) sur l'évolution du comportement des Français face au développement de l'économie circulaire.
Il en ressort un double mouvement, qui peut paraître paradoxal à première vue : la crise relègue au second plan les préoccupations environnementales mais, en même temps, conduit à développer les pratiques écologiquement vertueuses.
Diminution de la sensibilité environnementale et… amélioration des comportements
"Le moral des ménages est au plus bas depuis 35 ans, la peur du chômage et de la pauvreté détournent, en partie, l'attention de l'environnement", relève le Credoc dans son étude. Ainsi, la proportion de Français qui considèrent que la croissance économique doit être la priorité, même si cela a un impact sur l'environnement s'élève à 53% en 2012, contre 41% en 2009. La diminution de la sensibilité environnementale durant les périodes de crise constitue une tendance classique, relève le Credoc, ce qui peut laisser penser qu''"un regain de croissance pourrait inverser la tendance".
Mais, dans le même temps, si les Français pensent moins à l'environnement, ils améliorent pourtant leur comportement. L'explication ? Les économies qu'ils peuvent tirer à court terme de pratiques vertueuses. Dans le domaine de la consommation d'eau ou d'énergie, des transports, de la durée de vie des objets, les préoccupations financières jouent un rôle central. Les consommateurs cherchent à économiser les ressources, à n'acheter que des produits utiles, à ne pas jeter des objets qui peuvent encore servir, à sélectionner des produits qui durent longtemps, indique le Credoc.
Certes, "les déterminants de l'acte d'achat restent la qualité et le prix des produits, avant la dimension écologique", analysent les auteurs de l'étude. Mais, au final, ces intentions "vont dans le sens de l'économie circulaire".
- 82% des Français déclarent trier la plupart de leurs déchets pour le recyclage,
- 51% déclarent choisir des produits avec peu d'emballages,
- 54% font réparer leurs appareils électroménagers, hi-fi et vidéo plutôt que d'en acheter de nouveaux,
- 75% des consommateurs ont acheté des produits d'occasion en 2012.
Cela signifie-t-il qu'une sortie de crise signifierait une remise en cause de l'économie circulaire ? "Ce n'est pas certain", rassure le Credoc car ces évolutions s'accompagnent "d'une prise de conscience que les ressources ne sont pas inépuisables et qu'il est nécessaire de ne pas les gaspiller".
Quatre-vingt-huit pour cent des Français pensent en effet que la société a besoin de se transformer profondément. "Et les trois-quarts d'entre eux croient à l'idée que la protection de l'environnement peut constituer un moteur de la croissance", met en avant le centre de recherche.
L'aiguillon des pouvoirs publics reste toutefois indispensable. "Pour faciliter la participation de la population à l'économie circulaire, les pouvoirs publics doivent continuer à sensibiliser les Français à l'environnement", conclut le Credoc, sans oublier de mettre en avant… "les gains financiers que l'économie circulaire permet de réaliser".