Quelles sont les actions d'amélioration de l'efficacité énergétique économiquement accessibles aujourd'hui ? Pour répondre à cette question, l'Union Française de l'Electricité (UFE) a analysé les Certificats d'économie d'énergies (CEE) déposés ces dernières années et hiérarchisé les initiatives les plus rentables.
Pour réaliser son classement, l'association professionnelle s'est appuyée sur deux critères : le ratio du montant de l'investissement sur l'énergie économisée durant la durée de vie de l'opération (€/kWh) (lorsque ce dernier est inférieur au coût de l'énergie économisée, l'opération est considérée comme rentable) et le taux de rentabilité interne (Tri) (ce dernier nécessite une estimation du coût des opérations, des énergies et les économies d'énergie associées). " Compte tenu de la forte volatilité des prix du gaz et du fioul, ainsi que de la difficulté à déterminer des scénarios peu discutables d'évolution de prix des énergies (gaz, fioul et électricité) à horizon 2020, l'étude est réalisée à partir des prix des énergies actuels - supposés constants à 2020 - ", précise le document.
Point important : cette analyse ne prend en compte que les postes du chauffage et de l'eau chaude sanitaire, considérés comme les plus consommateurs d'énergies, du secteur tertiaire et du secteur résidentiel d'avant 1990.
L'isolation des combles, une opération rentable pour le secteur résidentiel
A travers le prisme des deux données économiques, le palmarès des opérations les plus rentables dans le secteur résidentiel place en première position l'isolation des combles (perdus et habitables) dans les logements collectifs chauffés à l'électricité, au gaz ou au fioul, suivi de l'isolation des parois par l'extérieur dans les logements collectifs chauffés au fioul et en troisième position de l'isolation des combles perdus dans les maisons individuelles au fioul.
Viennent ensuite l'installation de chaudières collectives gaz à condensation dans les logements chauffés au fioul et situés dans une zone desservie en gaz, puis celles dans des maisons individuelles chauffées au fioul et situées dans une zone desservie en gaz. Enfin, arrive l'aménagement de pompes à chaleur air/air dans les logements collectifs chauffés au fioul en zone non desservie en gaz.
Concernant le secteur tertiaire, l'UFE a identifié trois opérations économiquement intéressantes. Tout d'abord, la mise en place de pompes à chaleur air/air dans le parc équipé de chauffage électrique classique dit à " effet joule" , puis l'installation de chaudières gaz à condensation dans le parc chauffé au gaz ou au fioul et enfin celle de pompes à chaleur air/eau dans le parc chauffé au fioul.
La directive européenne d'Efficacité Énergétique joue certainement dans l'intérêt de l'UFE à réaliser cette étude : elle impose en effet aux fournisseurs d'énergie d'induire chez leurs clients une réduction de leur consommation de 1,5% par an.
Le Grenelle à l'épreuve du contexte actuel
"L'effort exigé par le Grenelle de l'environnement, en termes de réduction des consommations d'énergie, repose essentiellement - à 88% - sur le bâtiment résidentiel et tertiaire, alors que ces secteurs ne consomment que 47 % de l'énergie utilisée en France ", regrette dans son analyse l'UFE.
Pour l'association professionnelle, les objectifs de Grenelle ne sont pas atteignables dans le contexte économique et réglementaire actuel. Elle estime ainsi que le potentiel d'économie dans le bâtiment (résidentiel et tertiaire) est surestimé d'environ 140 TWh / an.
L'UFE considère que les efforts du secteur du transport (33 % de la consommation d'énergie) et de l'industrie (22 %) devraient être plus importants.
" L'industrie représente un potentiel d'économie annuelle de 65 TWh / an, non pris en compte dans le Grenelle", pointe l'étude.