En effet, l'institut rappelle qu'en 2004, les émissions de GES des 30,7 millions de logements français représentaient 13% des émissions nationales. Chaque m2 de résidence principale a une consommation moyenne d'énergie de 229 kWh/an tous usages compris : 74 % pour le chauffage, 9 % pour la production d'eau chaude, 6 % pour la cuisson et 11 % pour l'électricité spécifique. La consommation des résidences principales provient à 57 % de gaz, fioul et charbon et à 25 % d'électricité. Bien que fluctuantes selon les écarts thermiques saisonniers, les émissions du secteur résidentiel augmentent en moyenne de 1 % par an depuis 1990. Les logements sont plus grands, plus individualisés et plus nombreux pour répondre à l'accroissement démographique et à la modification de la structure des ménages. Bien que 64% des foyers soient équipés de thermostats en 2005, l'Ifen constate que la température moyenne hivernale des logements s'est élevée de 2°C en 25 ans contribuant fortement à l'accroissement des émissions de l'habitat. Pour l'institut, il est insuffisant de compter sur le renouvellement du parc d'habitations diminuer les besoins énergétiques des bâtiments : au rythme annuel de la construction neuve (300.000 logements), seul environ un tiers du parc serait d'emblée amélioré sur le plan énergétique en 30 ans. Il faudrait selon lui viser dès à présent 50 kWh/m2/an de consommation énergétique lors de la rénovation de l'ancien, même si cela représente un véritable effort compte tenu de sa consommation énergétique moyenne actuelle de 200 kWh/m2/an pour le chauffage. L'Ifen estime que les diagnostics de performance énergétique obligatoires lors de la vente des logements depuis novembre 2006, puis lors de leur mise en location à compter de 2007, devraient amener une augmentation du volume des dépenses de maîtrise de l'énergie, déjà largement incitées par la TVA à 5,5 %. Mais il faut selon lui revenir à une température intérieure hivernale de 19°C, choisir des équipements économes en carbone pour subvenir aux besoins de chauffage et d'eau chaude sanitaire et faire des travaux d'isolation en profitant des incitations fiscales actuellement mises en place.
Afin d'encourager les comportements plus économe l'Ifen rappelle que malgré son origine majoritairement nucléaire en France, l'électricité contient également du carbone. En hiver, le chauffage se cumule aux autres emplois de l'électricité sur les quelques heures de présence des ménages chez eux. Durant ces pointes, les centrales thermiques classiques qui fonctionnent au gaz, au fioul ou au charbon, suppléent davantage la production électronucléaire ou hydroélectrique. L'étalement de la demande électrique au long de la journée et de la nuit, et surtout en hiver, est donc une réponse cohérente à la réduction des GES. Au total, des actes portant sur la maîtrise de l'énergie peuvent contribuer aussi à réduire les émissions : emploi d'ampoules basse consommation pour l'éclairage, de programmes froids la nuit pour le lavage du linge, équipements électroménagers avec l'étiquette énergie A+, etc.
Outre la maîtrise de l'énergie dans l'habitation, le transport a également un potentiel d'économies d'émissions de CO2 important. L'Ifen rappelle que même si les émissions nationales totales ont diminué de 0,8 %, celles induites par les véhicules particuliers ont augmenté de 17 % entre 1990 et 2004. La France compte aujourd'hui plus de 30 millions de véhicules pour 47,5 millions de personnes en âge de conduire, qui émettent chacun et en moyenne 208 grammes équivalent (geq) CO2/km et qui sont responsables de 14 % des émissions nationales. Les diminutions réalisées dans d'autres secteurs sont ainsi annihilées par un usage de plus en plus important de la voiture : trajets plus longs et plus nombreux. C'est pourquoi, l'Ifen rappelle avec conviction que l'achat d'un véhicule à faibles émissions de CO2, qu'il soit neuf ou d'occasion, influence de façon notable les émissions et le budget « transport » des ménages dont 85 % sont consacrés à l'acquisition et l'utilisation du véhicule. Pour les usages courants, la réduction des parcours quotidiens, le recours, quand cela est possible, à des modes alternatifs (vélo, transports collectifs…) et l'adoption d'une conduite économe en carburant promettent des gains significatifs sur les émissions globales.
Les émissions de GES des ménages varient également avec le type de produits consommés par les familles. L'arrivée dans l'assiette de plats préparés ou de mets presque toujours frais, été comme hiver, fait appel à toute une chaîne de production. Par exemple, la production d'1 kg de tomates sous serre, hors saisons, équivaut à l'émission de 2,2 kgeq CO2 de carbone.
Plus globalement, l'évolution de la consommation alimentaire des Français s'est accompagnée de l'augmentation de 20 % des émissions du secteur agroalimentaire entre 1990 et 2004. Les produits laitiers et carnés, de plus en plus consommés, sont à l'origine d'importantes émissions de CO2 et de méthane liées à l'élevage des animaux. Or, la consommation d'1 kg de viandes ou de produits laitiers, issus de cheptels nourris, comme en agriculture biologique, avec du fourrage ou du grain sans engrais ni pesticides de synthèse dont la fabrication nécessite aussi de l'énergie, apporte comparativement un gain d'émissions pouvant atteindre 30 %. Si en plus, les produits sont de saison et consommés proches de leur lieu de production les gains se cumulent à toutes les étapes du cycle de l'alimentation.
Enfin, les ménages peuvent influer sur leurs émissions de GES en limitant leur recours aux emballages plastiques. L'Ifen précise que 1 kg d'emballages plastiques entraîne environ 1 kg d'émissions de GES : 0,5 kgeq CO2 pour sa fabrication et 0,4 kgeq CO2 lors de son incinération en tant que déchet. Sachant que 1,9 million de tonnes d'emballages plastiques ont été vendues en France en 2003 soit autant de tonnes de CO2 émises, l'acquisition de produits sans emballage plastique pourrait réduire cette quantité.
Même si ces conseils semblent être du bon sens pour les plus avertis, il semble utile de les rappeler et de les diffuser au plus grand nombre car c'est la façon de vivre des Français qu'il convient globalement de faire évoluer.