Le réservoir végétal constitué principalement des forêts est donc un sujet d'étude récurrent. En effet, pour leur croissance, les végétaux sont amenés à absorber du carbone atmosphérique. Le CO2 est stocké dans le bois puis dans la matière organique des sols. La capacité des forêts à fixer du CO2 dépend du bilan entre prélèvements associés à la photosynthèse et émissions liées à la respiration végétale. Ce phénomène de stockage pourrait donc être utilisé voir accentué pour diminuer la quantité de CO2 d'origine anthropique dans l'atmosphère.
Dernièrement, une étude internationale à laquelle a participé une équipe française du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE) a mis en évidence de nouveaux phénomènes concernant les puits de carbone forestiers. L'étude, publiée dans Nature, a démontré que les forêts anciennes pouvaient également stocker du carbone à l'instar des forêts en croissance ce qui remet en cause la théorie développée à la fin des années 1960 par le chercheur américain Eugène Odum.
Ce scientifique a émis l'hypothèse d'un équilibre entre prélèvements et émissions pour les vieilles forêts, âgées de plus de 150 ans, et donc de leur neutralité pour le bilan du carbone. Or, selon la nouvelle base de données compilées à partir des mesures effectuées par les réseaux d'observatoires « CarboEurope » et « AmeriFlux », les forêts anciennes continuent à accumuler du carbone. La base de données établie pour cette étude révèle que ces forêts anciennes séquestrent entre 0,8 et 1,8 milliard de tonnes de carbone par an, et que 15 % de la surface forestière totale jusqu'alors ignorée dans les bilans du carbone est responsable d'au moins 10% de la séquestration totale du carbone, explique Philippe Ciais, directeur adjoint du LSCE, l'un des auteurs de l'étude.
À l'heure actuelle, plus de 30 % de la surface totale des forêts est constituée de forêts primaires non gérées par l'homme, la moitié étant dans des régions tempérées de l'hémisphère Nord. Pour les auteurs de l'étude il est donc évident que ces anciennes forêts doivent être intégrées dans les bilans carbone et prises en compte dans le cadre du protocole de Kyoto. Les négociations internationales visant à donner une suite au protocole cherchent déjà à mieux valoriser la protection des forêts dans la lutte contre le changement climatique. Les résultats de cette étude sont un argument de plus en faveur de ces initiatives.
Référence de l'étude dans Nature : Old forests capture plenty of carbon, doi : 10.1038.