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Areva ferme l'usine d'enrichissement d'uranium Eurodif et prépare son démantèlement

En fermant l'usine d'enrichissement Eurodif, le groupe Areva réalise des économies d'énergie considérables et s'engage dans le démantèlement d'une des plus importantes usines du cycle de combustible au monde.

Energie  |    |  P. Collet
Areva ferme l'usine d'enrichissement d'uranium Eurodif et prépare son démantèlement

Dans la nuit du 6 au 7 juin 2012, Areva a définitivement mis à l'arrêt l'usine d'enrichissement Georges Besse d'Eurodif ouverte en 1979 et située sur le site du Tricastin (Drôme). En 33 ans d'activité ininterrompue, "le site a répondu à la demande [en combustible nucléaire] de près de 100 réacteurs nucléaires dans le monde, soit un quart de la demande mondiale", rapporte Areva.

Quelle capacité pour George Besse II ?

Avec l'usine Eurodif, Areva disposait d'une capacité de production de 10,8 millions d'unités de travail de séparation (UTS, l'unité de mesure de la capacité d'enrichissement) par an.
L'usine George Besse II ne dispose actuellement que d'une capacité annuelle de 1,5 million d'UTS et le projet prévoit de la porter à 7,5 millions d'UTS en 2016.
Cependant, la chute des importations japonaises, suite à l'arrêt des 50 réacteurs nippons, a déjà "permis d'anticiper" de plusieurs mois la fermeture de l'usine Eurodif, rapporte l'AFP. Aujourd'hui, Areva compte sur de nouveaux clients, notamment la Chine et l'Inde, pour parer la baisse annoncée des capacités nucléaires japonaises. La production de l'usine George Besse II dépendra probablement des stratégies énergétiques adoptées au quatre coins du Globe.
Economiser l'énergie

L'usine George Besse permettait d'enrichir l'uranium extrait du minerai en portant de 0,7% à une teneur de 2 à 5% la part de l'isotope fissile, l'uranium 235. Pour cela, le minerai est converti en hexafluorure d'uranium (UF6) avant d'être enrichi en utilisant le procédé de diffusion gazeuse. Cependant, cette technique, basée sur la séparation des isotopes 235 et 238 en contraignant l'UF6 gazeux à traverser une série de filtres, nécessite de très fortes pressions entrainant une consommation énergétique prohibitive. Ainsi, en consommant la production de trois des quatre réacteurs nucléaires de 900 mégawatts (MW) installés sur le site, l'usine était le premier client d'EDF.

Pour compenser la fermeture de l'usine de diffusion gazeuse, Areva ouvre l'usine d'enrichissement Georges Besse II qui utilise le procédé de centrifugation. Avec cette nouvelle technique la consommation énergétique devrait être divisée par 50, selon le groupe spécialisé dans le nucléaire. De même, les besoins en eau de refroidissement sont réduits "de manière importante". Trois milliards d'euros ont déjà été investis dans la nouvelle usine.

Si l'usine a cessé de produire de l'uranium enrichi, son activité n'est cependant pas totalement arrêtée. "Nous allons d'abord rincer l'installation pendant deux à trois ans", explique Arnaud Gay, directeur de la business unit Valorisation des sites nucléaires en charge notamment des activités de démantèlement, ajoutant qu'"ensuite le démantèlement proprement dit durera de 8 à 10 ans".

Concrètement, le rinçage de l'usine doit permettre de récupérer les quelque 320 tonnes d'uranium encore présentes dans les cascades d'enrichissement de l'usine afin de les valoriser et de décontaminer les équipements. Pour cela, Areva a élaboré le Projet de rinçage intensif suivi d'une mise à l'air d'Eurodif (Prisme) consistant à injecter du trifluorure de chlore (ClF3) qui, après macération, permet de récupérer une partie du l'uranium. La seconde étape consiste à incorporer de l'air afin que le ClF3 réagisse avec l'humidité de l'air. Un processus d'hydrolyse permet de maîtriser les rejets de fluor et de chlore à l'issue du traitement des gaz générés par l'opération.

Du risque radiologique au risque chimique

Pour le Réseau sortir du nucléaire (RSN) il s'agit là d'une opération inédite qui utilise "des tonnes de trifluorure de chlore, un composé proche du gaz moutarde, ce qui signifie un risque certain pour les travailleurs ainsi que l'augmentation des rejets de l'installation". Le réseau s'appuie notamment sur des déclarations d'élus locaux rapportées par Le Dauphiné et selon lesquelles le gaz, qui n'a jamais été utilisé dans de telles proportions pour le rinçage d'une installation, est "hyper toxique" et ne "supporte pas le moindre contact avec l'eau".

L'Autorité environnementale (AE) du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) du ministère de l'Ecologie, qui a rendu un avis le 28 septembre 2011 sur l'évaluation du dossier de demande de modification du décret encadrant le fonctionnement de l'usine George Besse, confirme la modification de la nature des risques et rejets. "Les impacts sur l'environnement de Prisme sont a priori limités, soit du fait de la réduction prépondérante des prélèvements et rejets lors de l'arrêt de production, soit du fait de nouveaux rejets limités et temporaires", explique l'AE, précisant que "les rejets chimiques (trichloréthylène, perchloréthylène, fluorures, chlorures, bore, uranium) représentent un enjeu plus important que les rejets radiologiques".

S'agissant plus précisément des risques associés au ClF3, l'AE note que les risques associés à ce produit ont été étudiés lors de la modification du site de stockage de ce gaz qui constitue une installation classée pour la protection de l'environnement (ICPE). Elle note cependant qu'"[il conviendrait] que les conclusions de son étude de dangers actualisée [concernant ce stockage] soient présentées dans la présente étude de maîtrise des risques".

Enfin, avant d'entamer le démantèlement de l'usine, un décret autorisant l'opération devra être pris par les ministères concernés à l'issue d'une enquête publique et après consultation de différentes autorités, dont l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Concrètement le texte encadrera les techniques mises en œuvre pour le démantèlement des installations (diffuseurs, membranes céramiques ou encore les tubulures), le calendrier ainsi que le tri et la gestion des déchets. Au total, Areva estime que l'opération entrainera la gestion de près de 200.000 tonnes de déchets, dont 130.000 tonnes d'acier et 30.000 tonnes d'équipements en métaux divers.

Réactions1 réaction à cet article

Nous semble important de clarifier quelques remarques dans votre article « AREVA ferme l’usine d’enrichissement d’uranium Eurodif et prépare son démantèlement » de 13 juin dernier.

Concernant les étapes préalables au démantèlement d’EURODIF, et plus particulièrement PRISME, ces opérations visent à réduire la quantité des matières nucléaires et chimiques qui demeurent dans les installations et permettent de diminuer les risques pendant la phase ultérieure de démantèlement de l’usine. Le rinçage vise à récupérer la matière résiduelle représentant environ 300 tonnes d’uranium sous forme d’UF6, soit un équivalent de environ 200 tonnes d’uranium (et pas les 320 tonnes comme indiqué.) Pour la seconde étape, il s’agit de rendre stable chimiquement les éléments résiduels présents après l’étape de macération, il faudrait préciser que cette étape « consiste à mettre à l'air afin que l'UF6 et le ClF3 résiduels réagisse avec l'humidité de l'air. »

Pour compléter vos chiffres sur la déconstruction des installations industrielles, en plus des 130 000 tonnes d’acier et 30 000 tonnes d’équipements, il y a 28 000 tonnes de barrières de diffusion en céramique.

Katherine AREVA | 02 juillet 2012 à 18h46 Signaler un contenu inapproprié

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