Du 26 février au 15 avril, trois camions spécialisés sillonneront de nuit, l'ouest et le sud de l'Île-de-France. Équipés d'instruments s'apparentant à des sonars, ils auront pour objectif de faire l'acquisition de données géophysiques sur le sous-sol des sept départements franciliens et 106 communes qu'ils traverseront. Un travail préalable à la mise en place d'éventuels puits de géothermie profonde, pour lequel ils ont été missionnés par le BRGM. À la suite de cette première étape, le personnel du BRGM aura pour tâche d'analyser ces signaux bruts en les couplant avec des données issues de forages pétroliers des années 1970, ou de puits de géothermie déjà établis sur le territoire francilien. Le livrable sera présenté aux collectivités locales aux seconds semestres 2024 et 2025, avec l'ambition de développer la géothermie profonde, encore peu présente sur ce territoire.
Perméabilité et présence d'eau
La géothermie profonde ou de surface consiste à aller récupérer de l'eau en sous-sol pour la faire circuler dans un réseau de chaleur, et ensuite la réinjecter dans l'aquifère. « Nous ne pouvons pas déterminer la température de l'eau avec des données géophysiques. Mais à 5 ou 10 degrés près, nous avons un gradient qui permet d'estimer la chaleur d'une couche géologique en fonction de sa profondeur », explique Benjamin Lopez, directeur régional du BRGM Île-de-France. Par exemple, de 1 500 à 3 000 mètres de profondeur, les températures s'échelonnent entre 60 et 90 °C. « Mais, en fonction du type d'ondes envoyées par les camions et de leur vitesse de récupération, nous pouvons déterminer quelques propriétés essentielles à une mise en œuvre de géothermie, comme la perméabilité des roches et la présence d'eau. C'est donc ce que nous allons rechercher en priorité », complète-t-il.
La Ville de Versailles a d'ores et déjà manifesté son intérêt pour la géothermie profonde. Avec pour raison notamment, une insertion discrète de ce type d'installation dans leur paysage urbain, à la différence par exemple des hautes cheminées utilisées par les chaufferies à biomasse qui seraient amenées à dépasser la chambre du Roi au château - chose interdite par l'architecte des bâtiments de France, selon le maire de la ville.