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Groupes frigorifiques : l'hydrogène, une solution encore loin des réalités du marché

Les acquéreurs de semi-remorques frigorifiques demandent une source d'énergie peu onéreuse, disponible facilement et adaptée à leurs usages. Des contraintes qui rendent pour l'instant complexe l'essor de l'hydrogène sur ce marché.

TECHNIQUE  |  Energie  |    |  G. Boillot-Defremont
Environnement & Technique N°399
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°399
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À cause du prix trop élevé de certains équipements ou encore de l'absence de bornes d'avitaillement sur les trajets intercontinentaux, l'hydrogène n'a pour l'instant rien d'une évidence pour les clients du Groupe Chéreau, spécialisé dans les carrosseries frigorifiques. Face à une utilisation du gazole non routier (GNR) détaxé qui reste majoritaire pour les groupes froids, l'industriel cherche sa voie entre plusieurs solutions de décarbonation pouvant satisfaire aux besoins des acquéreurs de sa production (3 600 véhicules par an).

L'électricité à certaines conditions

« Aujourd'hui, la solution la plus efficace pour décarboner les groupes froids reste l'électrification », indique Christophe Danton, directeur RSE et communication de Chéreau. Mais sauter le pas demeure assez cher. La semi-remorque qui lui sera adjointe coûtera aux alentours de 80 000 euros si l'élément frigorifique fonctionne au GNR. Pour son équivalent électrique, il faudra compter 50 000 euros de plus. Un surcoût non négligeable qui peut freiner. En témoigne un groupe comme Delanchy qui, sur un parc de 1 000 véhicules en propriété, ne possède qu'une dizaine de véhicules dont le groupe froid est alimenté par des batteries électriques.

“ Aujourd'hui, la solution la plus efficace pour décarboner les groupes froids reste l'électrification ” Christophe Danton, groupe Chéreau
Du fait – on l'imagine - d'une dépendance trop marquée à l'organisation territoriale des stations de recharge sur l'espace public, le groupe Chéreau ne croit pas à l'essor de la batterie seule pour alimenter les groupes froids. « La batterie qui se recharge en roulant répond à beaucoup de cas d'usages de nos clients », explique Christophe Danton. Pour illustrer son propos, il met en avant la différence entre deux modalités de transport : la distribution, occasionnant des ouvertures et fermetures répétées de la carrosserie frigorifique, et par conséquent des appels de puissance répétés sur la batterie alimentant le groupe froid ; et la livraison, qui nécessite uniquement une ouverture de portes, à destination. En attendant la démocratisation voulue de cette solution, l'industriel mise sur des moteurs de groupes froids à approvisionnement hybride électricité–GNR.

L'hydrogène encore trop cher

Le rétrofit hydrogène pour un groupe froid occasionnerait environ 200 000 euros de surcoût. Une somme qui, au regard de l'investissement demandé pour une solution de mobilité lourde neuve, pousse le groupe Chéreau à privilégier dans son offre commerciale la mise en avant de semi-remorques avec des panneaux isolants sous vide (en plus de la mousse polyuréthane), augmentant de 20 % l'isolation du véhicule, selon Christophe Danton.

La baisse de 40 % du prix des véhicules à hydrogène sur la dernière gamme du constructeur de Stellantis témoigne d'un développement rapide de la filière. Avec comme revers, l'impossibilité de la mise en place d'objectifs chiffrés sur cet aspect dans le plan de développement de Delanchy, par exemple.

Reste un intérêt sincère pour l'hydrogène qui, à la différence de l'électrification et à l'instar des énergies fossiles, « permet de remplir le réservoir rapidement », indique Christophe Danton. Alors en attendant une baisse des prix encore plus marquée et la réalisation effective du paquet européen « Ajustement à l'objectif 55 », qui prévoit notamment des stations de recharge en hydrogène au moins tous les 200 kilomètres sur les axes routiers européens principaux, la R&D s'active.

En 2019, Chéreau a lancé une semi-remorque dont le groupe froid était alimenté par trois piles à combustible de 3,5 kW chacune. « Cette première expérience nous a appris trois choses : les piles à combustible sont difficiles à synchroniser. Et elles n'aiment ni la poussière, ni les gros appels de puissance de démarrage du groupe frigorifique », détaille Christophe Danton. En 2023, le groupe a lancé un nouveau modèle, alimenté cette fois par une seule pile de 30 kW. Il sera exploité par les groupes Stef et Delanchy. Pour ce dernier, afin d'assurer des livraisons quotidiennes entre le Morbihan et la Loire-Atlantique. La mise en service de ces modèles est pour l'instant suspendue à l'ouverture prochaine d'une station de recharge à Vannes (Morbihan), à 65 kilomètres du site où ils sont stationnés…

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