
Amélioration des dispositifs de soutien à la biomasse et au petit hydraulique
Plusieurs dispositions concernent également les énergies renouvelables. Sur proposition de plusieurs sénateurs socialistes, un nouvel article précise que les installations mettant en œuvre la cogénération utilisant la biomasse au-dessus d'une puissance de 2 MW bénéficient de l'obligation d'achat fixé par la loi n° 2000-108 du 10 février 2000 relative à la modernisation et au développement du service public de l'électricité. ''Il s'agit de rendre éligibles à ce dispositif les entreprises et les réseaux de chaleur de taille moyenne qui maillent le territoire'', a expliqué Renée Nicoux, sénatrice de la Creuse (PS). Le seuil est actuellement fixé à 5 MW.
Le paiement par les producteurs d'énergie du raccordement au réseau
Le Sénat a également entériné l'amendement déposé en commission concernant le paiement par les producteurs d'énergie du raccordement au réseau. À l'heure actuelle le coût de raccordement varie de 1.000 euros en moyenne pour une petite installation (3 kVA) qui necessite seulement un branchement à 10.000 euros en moyenne pour les plus grosses installations (50 kVA). ''Mais cela dépend pour chaque cas des ouvrages à construire (longueur de réseau, voire poste de transformation )'', précise François Henimann, Directeur National Raccordements d'ERDF. Depuis la loi SRU du 13 décembre 2000 et plus précisément le 1er janvier 2009 (décret du 17 juillet 2008), de nouvelles règles de facturation des raccordements sont en vigueur. Un taux de réfaction de 40% est applicable pour les extensions et les branchements sur le réseau électrique. Autrement dit, ERDF ne fait payer que 60% des coûts de raccordement et prend la différence à sa charge.
Le nouvel article de loi revient donc à supprimer ce taux de réfaction puisqu'il prévoit que ''la contribution versée au maître d'ouvrage couvre intégralement les coûts de branchement et d'extension des réseaux''. La Commission Economie du Sénat justifie cette modification par le grand nombre de demandes de raccordements - surtout dans le secteur du photovoltaïque - qui induirait une charge financière trop lourde pour ERDF. Ce que confirme bien sûr le premier intéressé : ''alors que nos dépenses de raccordement s'élevaient en 2007 à 50 millions d'euros, ces mêmes dépenses dépassent 250 millions d'euros en 2010'', précise François Henimann. ''Si le rythme de raccordement suit la tendance actuelle de 2.000 MW/an, nos investissements s'élèveront à 9,3 milliards d'euros sur la période 2010-2020 dont 3,9 pour le raccordement et 5,4 pour le renforcement des réseaux'', ajoute-t-il.
Or selon François Henimann, pour trouver ces financements non prévus jusque là à ce niveau, y compris dans la PPI (programmation pluri annuelle des investissements) et le Grenelle, il est possible de peut jouer sur plusieurs curseurs : augmenter le Tarif d'Utilisation des Réseaux Public d'Electricité (TURPE) versé par les fournisseurs qui alimente 90% du chiffre d'affaire du gestionnaire du réseau (11 Mds€ en 2009), faire payer la totalité des coûts de raccordement voire faire participer les producteurs au TURPE. ''Il s'agit de savoir comment va se répartir la charge à payer, entre les fournisseurs d'énergie donc leurs clients ou les producteurs d'électricité renouvelables''. Les sénateurs semblent avoir tranché.
Mais les professionnels du secteur du photovoltaïque sont loin d'être convaincus de l'équité de cette mesure. Selon une étude de SER-SOLER, la branche solaire du syndicat des énergies renouvelables, les estimations d'ERDF sur l'impact financier des raccordements seraient 10 fois supérieures à la réalité. ''Sur la base de scénarios de développement du photovoltaïque allant de 500 à 1000 MW par an, les coûts de racordement et de développement à charge des gestionnaires de réseaux et financés dans le cadre du TURPE sont évalués entre 70 millions d'euros par an et 140 millions d'euros par an. Ces éléments de chiffrage sont donc inférieurs d'un facteur 10 à ceux annoncés par ERDF (1.000 M€/an)'', peut-on lire dans l'étude. De plus pour les professionnels, ''faire peser l'intégralité du coût de raccordement sur le producteur serait percu comme une attaque en règle contre le développement de la filière photovoltaïque française. Si cette disposition était adoptée, cela reviendrait par exemple à augmenter le coût de raccordement de plus de 600 € pour une installation chez un particulier'', précise SER-SOLER.
Le projet de loi doit désormais retourner dans les mains des députés pour une seconde lecture.