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Optimisation des réseaux de distribution d'eau : les limites du tout numérique

Les solutions d'optimisation des réseaux d'eau que proposent des prestataires se heurtent souvent à des questions de récupération, d'identification et de sécurisation des données. Des structures tentent de sortir de l'impasse.

TECHNIQUE  |  Eau  |    |  G. Boillot-Defremont
Optimisation des réseaux de distribution d'eau :  les limites du tout numérique
Environnement & Technique N°397
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°397
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Représentées notamment par des acteurs comme Grundfos, avec Grundfos Utility Analytics (commercialisé depuis 2021), ou Lacroix, avec Aquawize (lancé en 2023), les solutions numériques d'optimisation des réseaux de distribution d'eau proposées par des prestataires externes sont mises en œuvre chez de nombreux exploitants en quête d'outils centralisés pour assurer la supervision, la sectorisation et quelques fois la gestion patrimoniale. Au regard de l'objectif final - l'amélioration de l'expérience métier -, le passage via une solution tierce et ses implications en termes de récupération des données et de paramétrage de l'interface méritent analyses et comparaison.

Récupérer, identifier, sécuriser

« Aussitôt le contrat signé, la première étape est de récupérer les données aussi brutes que possible, puis de les trier », explique Hubert Claeyssens, ingénieur commercial chez Grundfos. Outre les données relatives à la sectorisation ou à la débitmétrie propres à la structure, la société à l'origine de la solution Grundfos Utility Analytics pointe la pertinence d'intégrer des données issues de bases en accès public comme celles de l'Insee, des classes de trafics routiers ou encore des cadastres en vigueur. Une préoccupation que partage Jérôme Floch, de Lacroix Environnement, qui voit aussi cette étape comme un préalable essentiel à tout paramétrage de la solution.

Mais de l'aveu d'Hubert Claeyssens, ce travail est impacté par l'absence de procédures claires dans la récupération des données. Frédéric Rocher, directeur du centre de pilotage intégré d'Eau de Paris, qui « voit toquer des prestataires à sa porte chaque jour », pointe aussi les questions de cybersécurité relatives à la sortie de données sensibles. Jérôme Floch rejoint son propos et indique que « des discussions avec les directions des services informatiques sont à l'ordre du jour à chaque début de contrat ». Enfin, Hubert Claeyssens adresse aussi la question : « Notre solution est SaaS (Software as a Service). Elle est hébergée par un cloud et on y accède grâce à un navigateur. Le cloud est localisé physiquement en Irlande, avec un serveur par client. Mais si le client le souhaite, [on peut] le relocaliser en France, on peut s'adapter. » Et sans impact sur la facture, assure-t-il.

Suit le paramétrage de la solution. L'ingénieur commercial de Grundfos indique qu'il est effectué par ses équipes et estime sa durée à deux ou trois mois, si « toutes les options doivent être activées ». La méthode est tout autre pour Jérôme Floch, de Lacroix : « Aquawize ne nécessite pas de paramétrage par les équipes. C'est la structure qui a contractualisé qui paramètre elle-même la solution grâce à une interface spécialement conçue. »

Des chemins de traverse

Le problème principal reste donc la disponibilité des données et leur tri préalable en fonction de leur pertinence. Une collaboration plus serrée et plus en amont entre prestataire et exploitant pourrait-elle contribuer à sortir de l'impasse ? C'est le pari de la régie publique Nevers Agglomération, qui en 2022 a voulu développer un outil en propre d'exploitation et de sectorisation avec Lacroix. Alors utilisatrice de la solution PCwin2, la régie eau de la collectivité souhaitait une solution que pourraient s'approprier plus facilement ses agents. « Avant, nous devions consacrer une heure à lire des rapports et avoir une connaissance fine de l'historique des réseaux pour repérer les fuites », explique Fabrice Paccamiccio, directeur du service de l'eau de l'établissement public. Ses équipes semblent satisfaites de cette collaboration. Lacroix Environnement, pour sa part, a d'ores et déjà mis la solution codéveloppée avec Nevers Agglo sur le marché, à la faveur de l'édition 2023 de Pollutec. Une capitalisation sur l'acquis qui, si elle est compréhensible, contribuera probablement à reproduire les impasses que le partenariat avec Nevers Agglo avait permis de lever en termes d'accès à la donnée. En témoignent les quelques mots de Jérôme Floch : « La solution ne se met pas en œuvre en un claquement de doigt. Elle dépend des données que l'exploitant a à sa disposition, et de sa bande passante. » Le serpent serait-il condamné à se mordre la queue ?

Avec sa solution développée en interne, Eau de Paris tente d'emprunter des chemins de traverse. À une « solution complète », Frédéric Rocher a préféré « la mise en place de solutions strictement adaptées » à destination de ses personnels techniques placés tout le long de la chaîne de production de l'eau. Une voie qui ne fait pas l'économie des questions en matière de récupération et de gestion de la donnée. Selon le directeur du CPI d'Eau de Paris, « la clé de voûte d'une optimisation des réseaux de distribution bien pensée est un plan d'exploitation, calé dix-huit mois à l'avance et réactualisé chaque semaine à la faveur de réunions convoquant une dizaine de personnes », sur les 170 concernées par le sujet dans l'entreprise publique. L'homme le concède : « Pour préparer ces moments-là, les remontées d'informations se doivent d'être efficaces. »

Au regard de la réactualisation du schéma général sur la semaine et du travail sur les jeux de données effectués par les datas scientists en interne pour le découper heure par heure, un système de notifications est mis alors en place pour envoyer à chaque personnel technique concerné des recommandations concernant son activité et ses conséquences. « Les recommandations peuvent parfois paraître contre-intuitives. Par exemple, nous demandons à certaines usines de réduire leur activité pour laisser le champ libre à d'autres, explique Frédéric Rocher. Mais elles n'ont rien d'obligatoire. Beaucoup de paramètres peuvent nous échapper. C'est pourquoi nous laissons toujours la décision finale au personnel sur le terrain », tient-il à préciser.

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