Les conclusions du rapport de l'Agence européenne de l'environnement (AEE) sont alarmantes : entre 1991 et 2011, les populations de papillons de prairie ont diminué de moitié. En cause, l'agriculture intensive et l'échec de la politique de gestion des écosystèmes de prairie.
Le rapport rappelle l'intérêt de ces espèces, considérées comme de bons indicateurs du déclin de la plupart des autres insectes terrestres. "[Ce] dramatique déclin des papillons de prairies doit tirer la sonnette d'alarme. Si nous échouons dans la gestion de leur habitat, nous pourrions perdre beaucoup de ces espèces", déclarait Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l'AEE.
Sur les 17 espèces de papillons étudiées à travers l'Europe, huit ont décliné dont l'Argus bleu, deux sont restées stables comme l'Aurore, et une seule a augmenté. Pour huit espèces, comme l'Hespérie du chiendent, la tendance reste "incertaine".
D'une part, l'agriculture intensive rend les cultures uniformes et stériles à la biodiversité, sans compter l'usage, souvent important, de pesticides qui touchent les populations de papillons. D'autre part, les terres abandonnées se multiplient et laissent progressivement place aux buissons et aux forêts. Dans certaines régions du Nord-Ouest de l'Europe, les habitats des papillons sont réduits aux bords des routes et des chemins de fer, aux endroits rocheux ou humides, aux zones urbaines et aux réserves naturelles. Dans ce cadre, le rapport rappelle l'importance des terres agricoles à forte valeur naturelle cultivées de manières traditionnelle (High Nature Value Farmland ou HVM Farmland), qui représentent des habitats importants.
Alors que la stratégie biodiversité de l'Union européenne reconnaît que le statut de conservation des prairies est limité, malgré les aires de protection du réseau Natura 2000 et des HVM Farmland, le rapport plaide pour un nouveau système de financement, dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC), pour favoriser une optimisation de la gestion des prairies européennes.