Au niveau européen, la situation est correcte : en 2006 l'Europe était la zone la plus performante avec une efficacité énergétique supérieure de 30% à celle des Etats-Unis et de 40% à celle de la Chine. Cependant avec une progression de 0,8% par an depuis 1990, l'Europe des 15 n'a pas atteint le rythme qu'elle s'est fixé dans sa directive sur l'efficacité énergétique à savoir 1% par an entre 2008 et 2016. En revanche, en incluant les nouveaux Etat membres ce rythme est atteint puisque l'UE-25 présente un gain d'efficacité énergétique d'un peu plus de 1% par an. Les nouveaux Etats membres tirent en effet la moyenne vers le haut avec des taux d'amélioration de plus de 3%/an pour l'Estonie, la Lituanie et la Pologne par exemple. Mais cela risque de ne pas suffire pour respecter le nouvel objectif adopté en mars 2007 par le Conseil européen à savoir un gain de 20% d'ici 2020. Des efforts supplémentaires doivent donc être engagés.
Les pays qui ont déjà une performance énergétique importante comme le Royaume-Uni et l'Italie vont donc devoir trouver de nouvelles pistes d'économie. La France qui se situe en 6e position mise sur le secteur du logement. Les dernières mesures prises au Grenelle de l'environnement en témoignent. Un ménage français consomme près de 30% de plus d'énergie par logement que ceux des pays les plus performants tels les Pays-Bas ; pour le chauffage, la consommation par m2 (corrigée du climat) est en France plus de deux fois plus élevée qu'en Norvège. Dans le secteur des transports, la France est dans le peloton de tête de l'UE en matière d'efficacité énergétique grâce aux efforts fournis dans le secteur de l'automobile. Les voitures neuves vendues sur le marché français consomment un litre de moins que celles vendues sur le marché allemand et 0,5l de moins que la moyenne européenne.
D'autres mesures qui ont déjà fait leurs preuves dans d'autres pays sont également envisagées. Selon la base de donnée européenne MURE qui permet d'estimer l'impact des mesures d'utilisation rationnelle de l'énergie aux niveaux nationaux et européens, les instruments de marché (accords volontaires, labels, diffusion de l'information) ont un rôle prépondérant et les mesures de réglementation s'avèrent efficaces là où le marché ne l'est pas (bâtiments, appareils électriques). De cette analyse, le Conseil Mondial de l'Energie ressort une série de recommandations pour que les politiques d'efficacité énergétique aient des résultats significatifs : établir des cadres institutionnels et réglementaires appropriés, privilégier la mise en place de paquets de mesures plutôt que des mesures uniques, miser sur le partenariat public/privé pour renforcer l'effet des politiques publics, avoir un secteur public exemplaire, mettre en place des réglementations bien planifiées, régulièrement renforcées et dont le respect est contrôlé ou encore renforcer l'évaluation a posteriori les mesures mises en œuvre.
Avec ces conseils, le CME espère lever les barrières à l'amélioration de l'efficacité énergétique tout en augmentant la transparence des politiques et mesures entre les pays et faciliter des actions de politiques coordonnées entre les pays. Cependant, il est essentiel de rappeler que l'amélioration de l'efficacité énergétique ne rime pas systématiquement avec diminution des émissions de gaz à effet de serre. Selon le secrétariat de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC), les émissions de GES des 40 pays les plus industrialisés ont atteint 18,2 milliards de tonnes en 2005 contre 18,1 milliards en 2004, ce qui confirme la tendance à la hausse observée depuis 2000. Autrement dit, même si on utilise mieux l'énergie on continue à en utiliser de plus en plus.