"Deux insecticides néonicotinoïdes - l'acétamipride et l'imidaclopride (1) - peuvent avoir une incidence sur le développement du système nerveux humain", indique l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) dans un communiqué de presse publié le 17 décembre. Selon elle, ces deux insecticides "peuvent affecter de façon défavorable le développement des neurones et des structures cérébrales associées à des fonctions telles que l'apprentissage et la mémoire". L'imidaclopride est déjà suspecté d'être nocif pour les abeilles et a fait l'objet d'une restriction européenne de deux ans, à compter du 1er décembre.
L'Efsa recommande donc un abaissement des niveaux recommandés d'exposition acceptable (valeurs de référence toxicologique) à ces deux néonicotinoïdes.
Ainsi, la dose journalière acceptable (DJA) et le niveau acceptable d'exposition de l'opérateur (NAEO) pour l'acétamipride devraient être fixés à 0,025 mg/kg pc/jour (milligramme par kilogramme de poids corporel par jour), contre 0,07 mg/kg pc/jour actuellement autorisé. Idem pour la dose aiguë de référence (ARfD) qui est aujourd'hui fixée à 0,1 mg/kg pc.
Pour l'imidaclopride, les valeurs du NAEO et de l'ARfD devraient être abaissées à 0,06 mg/kg pc/jour, contre 0,08 mg/kg pc/jour actuellement. La dose journalière acceptable devrait rester inchangée car elle constitue "une protection adéquate contre d'éventuels effets neurotoxiques au stade du développement".
Inclure l'évaluation neurotoxique dans le processus d'autorisation des pesticides
L'Efsa va plus loin en demandant que "des critères soient définis au niveau de l'UE pour rendre obligatoire la soumission d'études sur la neurotoxicité développementale (NTD) dans le processus d'autorisation des pesticides. Cela pourrait inclure l'élaboration d'une stratégie d'essai complète pour évaluer le potentiel de neurotoxicité développementale des substances, y compris tous les néonicotinoïdes".
Elle souligne en effet que les données, ainsi que les éléments de preuve disponibles sont limités. Cependant, "les préoccupations pour la santé suscitées par l'examen des données existantes [sont] légitimes".
Pour François Veillerette, porte-parole de Générations futures, "il n'est plus temps aujourd'hui de tergiverser sur les effets néfaste de ces insecticides néonicotinoïdes – il faut prendre des mesures d'interdiction et étendues à l'ensemble de cette famille d'insecticides et ce, dans les plus brefs délais". L'association a publié en juin une étude qui indiquait que des résidus de néonicotinoïdes pouvaient être retrouvés fréquemment dans les aliments (2) . Ainsi, 45% des échantillons de courgettes, 25% des échantillons de tomates et 80% des échantillons de thés testés contenaient des traces d'imidaclopride et d'acetamipride.