Car si on connaît aujourd'hui les effets de la pollution sonore, de la qualité de l'air…, les scientifiques ont très peu de connaissances sur l'impact sanitaire d'un cocktail de pollutions. En matière de santé environnementale, on cherche à dé-corréler les différentes sources de pollution alors que l'enjeu est de savoir quel est l'impact d'une addition des nuisances. J'ai été frappée de l'ignorance dans laquelle nous étions sur ce sujet. De plus, nos systèmes de gestion des nuisances ne sont pas forcément conçus pour gérer ce cumul des nuisances, indique la secrétaire d'Etat à l'Ecologie.
C'est pourquoi le programme d'évaluation de Champlan constitue un exemple. Diverses agences d'expertise comme l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset), l'Institut national de veilles sanitaire (InVS) et le réseau de surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France AirParif ont été réunis par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) pour établir un diagnostic environnemental de Champlan. L'idée était de déterminer si l'effet cocktail avait un impact sur la santé. Si aujourd'hui nous sommes dans la démarche, nous n'avons pas abouti sur la question, analyse François Moisan, directeur scientifique de l'ADEME.
Les résultats de l'étude dressent en effet plutôt un état des lieux des différentes nuisances subies par les Champlanais qu'une réponse à l'impact sanitaire d'un cumul des pollutions. Conclusions : davantage de questions soulevées que de réponses données et un manque de connaissances en matière de santé environnementale souligné.
Néanmoins, cette étude, première du genre en France, constitue un premier pas et un exemple. Tout au long de l'étude, menée de janvier 2005 à septembre 2007, les habitants de Champlan ont été impliqués dans le travail des agences d'expertise. On est en train de migrer d'un système dans lequel chaque administration gère sa structure et les nuisances qui en découlent à un système où l'individu est au cœur de l'étude. On se pose désormais la question de savoir ce que l'habitant subit, note Nathalie Kosciusko-Morizet.
Le même niveau de pollution atmosphérique que Paris
Champlan subit le même niveau de pollution atmosphérique que Paris. La cause ? La ville est située au cœur d'un nœud d'axes routiers (A10, A6, RN20…).
Salon AirParif, 10.800 habitants, soit 25 % de la population du domaine d'étude, se situent dans des zones où les concentrations moyennes annuelles sont supérieures à l'objectif de qualité (40 µg/m3). 75 % d'entre eux habitent la commune de Chilly-Mazarin. Une grande partie des Champlanais habite dans des zones où les teneurs sont inférieures à 40 µg/m3. Seuls les habitants situés au plus près des routes nationales et des autoroutes sont susceptibles d'être exposés à une concentration supérieure à l'objectif de qualité fixé pour le NO2. Néanmoins, la qualité de l'air varie selon les conditions météorologiques. Le secteur est sous l'influence des émissions de l'agglomération parisienne lorsque les vents proviennent du Nord-Est.
Des nuisances sonores situées au-delà de la valeur limite
Concernant le bruit subit par les Champlanais, deux sources sonores apparaissent prépondérantes : le trafic routier et le trafic aérien. Il en résulte des niveaux sonores préoccupants, commente Emmanuel Thibier, chargé de mission bruit à l'ADEME.
Ainsi, 100 % de la population de Champlan est exposée à des niveaux sonores provenant du trafic aérien compris entre 55 et 70 dB, ce qui est supérieur à la limite de 55dB. Concernant les nuisances causées par les voitures, 12 % des Champlanais sont soumis à un niveau supérieur à la limite de 68 dB. En cumulant les différentes nuisances sonores, l'étude révèle que tous les habitants de la commune sont soumis à des valeurs supérieures à 55 dB.
Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé par ailleurs qu'une carte nationale des points noirs de la pollution sonore allait être établie dès 2009.
Lignes haute tension : la grande inconnue
Certaines habitations de Champlan sont situées au dessous de lignes haute tension. De nouveaux équipements ont été conçus dans le cadre de cette étude pour mesurer ce type de nuisances. L'exposition électromagnétique moyenne de ces personnes est supérieure à celle des autres habitants, entre 0,5 et 3µT (Tesla*). Si les niveaux enregistrés ne dépassent pas les valeurs limites fixées par l'Union européenne (100 µT) selon Olivier Merckel de l'Affset, le maire de Champlan a souligné les plaintes des habitants situés en dessous des lignes : troubles du sommeil, stress, nervosité accrue… L'impact sanitaire des champs électromagnétiques est très mal connu aujourd'hui.
La mise en œuvre d'une étude épidémiologique, un temps envisagée, a finalement été écartée : nous étions face à un risque de résultats difficilement interprétables voire ininterprétables, justifie Hubert Isnard de l'InVS. Une étude épidémiologique sera néanmoins lancée en 2009 autour des trois aéroports parisiens (Orly, Roissy et Le Bourget) afin d'évaluer les nuisances environnementales et l'impact sanitaire sur les riverains.
* Unité de mesure de l'induction magnétique.