Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Un projet de digue productrice d'énergie entrera bientôt en phase démonstrateur

Une digue utilisant la force des vagues pour générer de l'énergie est mise au point par un consortium de trois acteurs depuis quatre ans. La gestion de projet exige une méthodologie fine. L'implantation, une bonne connaissance des politiques publiques.

TECHNIQUE  |  Energie  |    |  G. Boillot-Defremont
Un projet de digue productrice d'énergie entrera bientôt en phase démonstrateur
Environnement & Technique N°395
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°395
[ Acheter ce numéro - S'abonner à la revue - Mon espace abonné ]

220 ans après le dépôt à Paris du plus ancien brevet connu visant à utiliser l'énergie des vagues, le projet de digue houlomotrice Dikwe voit le jour en 2019, avec une ambition : remplir en même temps les fonctions de protection portuaire et de système de production d'énergie. Porté par le groupe Legendre, Geps Techno et l'Ifremer, le projet a franchi les phases d'études et de prototypage. Un premier démonstrateur devrait voir le jour en 2025.

De la maquette jusqu'au terrain

En 2020, le consortium à l'origine du projet teste une maquette à échelle 1/15 d'une unité Dikwe dans un bassin à houle de l'Ifremer. Puis en 2022, un prototype à l'échelle 1/4 est déposé en mer, au large de Brest. « Mais de la maquette jusqu'au terrain, la transition se fait pas-à-pas », explique Marc Le Boulluec, chargé du projet pour l'Ifremer. A l'échelle 1/15, le système de conversion de la force houlomotrice fonctionnait grâce à un système de compression d'air. Et la houle du bassin était régulée dans des conditions de laboratoire. Pour sa part, le système hydraulique du prototype à 1/4 ressemble beaucoup à celui du démonstrateur à l'échelle 1, qui sera installé dans un lieu encore à déterminer, avec néanmoins un facteur 100 quant au rapport de kilowatts produits, puisque celui-ci sera constitué d'un assemblage de 5 à 10 unités.


Une montée en gamme qui sert à éprouver la technologie à l'œuvre et son intégration dans un système opérationnel. Pour cela, l'équipe projet a utilisé l'échelle « Technology Readiness Level » (TRL), allant de 1 à 9 – des principes de base observés jusqu'au système réel prouvé par des missions réussies. Utilisée initialement par des agences gouvernementales américaines et diffusée depuis dans de nombreuses organisations à travers le monde, cette échelle permet d'évaluer la pertinence de la mise sur le marché d'un produit.

Son utilisation répond aussi progressivement à quelques questions. « Pour garder une maîtrise des événements hors conditions de laboratoire, les premières installations portuaires seront entourées de bouées bardées de capteurs, afin de récupérer le plus d'informations possibles sur la houle du lieu, précise Marc Le Boulluec. En les analysant, nous pourrons faire en sorte d'adapter les dimensions de la digue à son environnement. Avec toujours à l'esprit de trouver un compromis entre la captation de l'énergie et la résistance aux événements. »

“ Les marchés publics de confortement ou de renouvellement de digues incluent des études de maîtrise d'œuvre, réalisées le plus souvent par des cabinets d'ingénierie. Pour que le projet Dikwe réussisse son entrée sur le marché, nous devons nous faire connaître de ces acteurs ” Quentin Henry, groupe Legendre

Implantation sur le territoire

« Le territoire français comprend entre 8 000 et 9 000 km de digues. Il n'existe pas de chiffrage national concernant le pourcentage de linéaires à rénover. Mais une chose est sûre : le budget à y consacrer va être conséquent », considère Oriane Cébile, conseillère environnement pour l'association Intercommunalités de France. En effet, si le coût peut varier sur un facteur 20 entre deux digues en fonction des conditions locales, certains chiffres parlent d'eux-mêmes.

Du côté de la Loire par exemple, selon Oriane Cébile, les travaux de confortement d'un kilomètre de linéaire pourraient coûter jusqu'à 1 million d'euros. Au regard de ces chiffres, Quentin Henry, chef de projet Dikwe pour le groupe Legendre, explique que l'ambition est « de proposer une digue au coût équivalent à celle qu'elle remplace ». Une promesse qui, dans sa réalisation effective, devra prendre en compte l'obligation pour les collectivités de raisonner depuis le décret n° 2015-526 du 12 mai 2015, non plus par ouvrage mais par système d'endiguement. Autrement dit, la vente d'une digue Dikwe devra être intégrée dans une offre plus globale de création ou de confortement pour rester compétitive. En réponse, Quentin Henry indique que les membres du projet s'attellent ces jours-ci « à la modélisation d'un linéaire de digue avec plusieurs cellules associées ».

L'acceptabilité est aussi un élément de la réussite du projet. Celui-ci ne sera proposé aux intercommunalités que « s'il y a un besoin d'infrastructure portuaire », ajoute Quentin Henry. Mais Oriane Cébile rappelle que « face au recul du trait de côte, la construction de digues pourrait constituer une mal-adaptation au dérèglement climatique ». Au regard de cette analyse, l'énergie tirée de la digue est un atout pour convaincre. « Utiliser les ENR dans le cadre d'opérations d'autoconsommation collective intéresse beaucoup les intercommunalités », reconnaît la conseillère environnement d'Intercommunalités de France. Grâce à la promulgation de la loi n° 2023-175 du 10 mars 2023 relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables, les collectivités territoriales renforcent leur implication sur ce sujet. Un élan qui ne pourra jouer qu'en faveur du projet.

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question au journaliste Guénolé Boillot-Defremont

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

DeltaConso Expert, le logiciel pour mesurer votre performance énergétique Hellio
Votre conseil en droit des problématiques Énergies-Climat Huglo Lepage Avocats