Pour la neuvième année consécutive, le marché européen du solaire thermique recule. Selon EurObserv'ER, celui-ci a chuté de 24,2% entre 2016 et 2017, passant sous la barre des deux millions de mètres carrés installés. Concurrence d'autres technologies renouvelables, manque d'intérêt des installateurs, baisse des subventions et cadres réglementaires peu incitatifs sont la cause de ce retrait de la chaleur solaire.
Un marché sensible aux incitations
Les situations sont cependant très différentes d'un pays à l'autre. A Chypre, en Autriche et en Grèce, le marché du solaire thermique est mature, avec des taux d'installation élevés (respectivement 0,745 m2/habitant, 0,590 et 0,427), et porte donc essentiellement sur le renouvellement d'installations existantes.
En Allemagne, le solaire thermique est obligatoire dans le neuf. Cela place le pays sur la première marche du podium européen en termes de puissance totale installée (13.609 MWth en 2017) mais pas en termes de taux de pénétration (0,235 m2/hab). L'Espagne, à la quatrième place de l'UE, a également mis en place une telle obligation. La France y réfléchit, à l'issue du groupe de travail sur le solaire. Elle a déjà imposé, dans la RT2012, l'installation de renouvelable dans les nouvelles constructions. Cependant, cette dernière solution ne bénéficie pas forcément au solaire thermique, comme le montre également le marché italien.
Le marché du solaire thermique est ainsi très sensible aux incitations. Au Danemark, qui a mis fin en 2017 à des aides et des obligations légales, il s'est effondré, passant de 260.161 m2 installés en 2015, puis 478.297 m2 en 2016 à 31.500 m2 en 2017…
L'hybride, un marché d'avenir en France ?
En France métropolitaine, la chaleur solaire est également en retrait, de 21% entre 2016 et 2017. Les départements d'Outre-mer ont dépassé la capacité installée en métropole (63.526 m2 contre 51.065 m2). "Selon le Commissariat général au développement durable, le solaire thermique y représente les deux tiers des énergies renouvelables consommées pour produire de la chaleur, contre moins de 1% en métropole", souligne EurObserv'ER. Les chauffe-eau solaires souffrent de la concurrence des chauffe-eau thermodynamiques et du photovoltaïque en toiture. Les aides pourraient être augmentées en 2019 pour remédier à cette situation.
Alors que le segment collectif pourrait être un relai de croissance pour la chaleur thermique, "la reconduction de dérogation de la RT 2012, donnant l'autorisation de consommer plus d'énergie pour les logements collectifs (57,5 kWh/m2 .an contre 50 kWh/m2 .an) et l'absence d'obligation d'intégrer des technologies renouvelables dans les nouvelles constructions, a pratiquement éliminé la chaleur renouvelable".
En revanche, une technologie semble tirer son épingle du jeu en France : les capteurs dits hybrides à eau ou à air (PVT). Il s'agit de panneaux photovoltaïques équipés d'un échangeur de chaleur qui refroidit les panneaux et permet de produire de l'eau chaude ou de la chaleur. Quelque 3.500 m2 ont été installés en 2017 (75% pour le PVT à eau et à 25% pour le PVT à air). "Par rapport à un système photovoltaïque de puissance équivalente et un chauffe-eau solaire individuel pour le même foyer de 4 m2, les capteurs hybrides ont l'avantage d'optimiser la production d'électricité solaire grâce au refroidissement des panneaux (+5% à 10%) mais ne présentent pas les mêmes rendements sur le plan des économies d'eau chaude (de l'ordre de -20%)", indique EurObserv'ER.