Temps de transport, nouveaux prestataires dans la chaîne logistique, coûts parfois supplémentaires, etc. : différents obstacles freinent le développement des modes complémentaires à la route pour le transport de marchandises regrette le Centre d'analyse stratégique (Cas) dans son rapport "Pour une complémentarité du rail, de la route et du fleuve au service du transport de marchandises". Les modèles de solutions comme les rails et les voies fluviales restent à optimiser. La Fédération des entreprises de transport et de logistique de France souligne ainsi qu'alors que la pertinence des modes ferroviaire et fluvial se situe au-delà de 300 kilomètres, 80 % des marchandises transportées en France par la route restent dans ce rayon. "L'intermodalité est caractérisée par des coûts d'interface élevés pour chaque transfert de charge entre modes", précise l'École des Mines ParisTech dans une analyse réalisée en juillet 2001, pour le ministère de l'Ecologie. La continuité et les échanges d'informations entre les différents modes de transports reste encore difficile à mettre en place.
Le mode routier conserve 88,3 % de parts de marché
Dans son rapport, le Cas a listé les contraintes relevées par les chargeurs. Ainsi, concernant le ferroviaire, ces derniers déplorent la fermeture de certaines installations terminales embranchées qui implique le stockage et/ou le transfert dans un autre véhicule. Les impératifs de rentabilité des entreprises ferroviaires peuvent parfois difficilement s'adapter aux besoins et attentes des clients.
Pour les voies fluviales, les horaires d'ouverture des écluses interdisent une navigation 24h/24h sur l'ensemble des bassins. L'ancienneté, la vitesse limitée des bateaux ainsi que la taille des péniches et des barges limitent dans certains cas le transport des conteneurs intercontinentaux.
Ces différents points font notamment que le mode routier conserve 88,3 % de part de marché en 2011, selon un rapport de la Commission des comptes des transports de la Nation publié en juillet.
Pour encourager le développement des modes alternatifs " au tout routier", le Cas propose trois pistes d'actions.
Examiner la rentabilité des différents modes
Tout d'abord, l'ouverture à la concurrence du fret implique désormais que le gouvernement détermine quels modes il souhaite encourager. "S'il s'avère que les offres alternatives au tout-route représentent aujourd'hui un coût important pour la collectivité, l'évaluation des gains permis par la complémentarité modale devrait tenir compte des différentes hypothèses d'évolution des prix et de la saturation de certaines infrastructures, mais également des coûts sur la santé et de la création d'emplois", pointe le Cas dans son rapport. Et notamment intégrer la fluctuation des prix de l'énergie.
Le Conseil souhaiterait que cette réflexion soit conduite lors de l'évaluation des projets d'infrastructures de transport en fonction des priorités de la future commission des sages.
Développer des plateformes multimodales à valeur ajoutée
Ensuite, le Cas propose d'encourager le développement de plateformes multimodales à valeur ajoutée grâce à une mise à disposition de terrains fonciers.
Ainsi, les collectivités territoriales pourraient faire jouer leur droit de préemption pour acquérir des surfaces dans cette optique.
Des horaires de fonctionnement étendus
Enfin, le Cas recommande d'élargir les plages horaires de fonctionnement des réseaux ferrés et fluviaux. Pour le rail, il suggère de revoir la planification des travaux avec les différents acteurs pour permettre un accès au fret à des horaires matinaux et tardifs. " La disponibilité de sillons aux heures de nuit, comme c'est le cas de certains trains de voyageurs Intercités, devrait permettre de mieux équilibrer la capacité demandée", estime le rapport du Cas.
Le Conseil juge également nécessaires des études et recherches complémentaires pour encourager l'essor du fret à grande vitesse sur des axes dédiés.
De la même manière, il propose une ouverture du réseau des infrastructures fluviales toute la nuit ainsi qu'une automatisation des écluses.