Lequel du véhicule thermique (VT) ou électrique (VE) s'avère le plus vertueux d'un point de vue environnemental ? La réponse est évidente si l'on s'en tient à l'usage du véhicule. Mais un rapport de l'Ademe montre qu'en fonction des catégories d'impacts envisagées sur l'ensemble du cycle de vie, le "gagnant" change.
Parmi les limites : les impacts liés à la construction des infrastructures, comme les chutes de production de la batterie n'ont pas été pris en compte, des informations s'avèrent lacunaires concernant notamment les performances des batteries. Les impacts liés à la toxicité et à l'éco-toxicité n'ont également pas été évalués faute de données fiables et d'indicateurs pertinents.
Voiture électrique plus énergivore en dessous de 100.000 km
"L'étude permet de conforter l'intuition selon laquelle le mode de production de l'électricité impacte fortement le bilan environnemental du véhicule électrique, qui se révèlerait particulièrement performant avec un mix électrique 100% renouvelable", constate l'Ademe. Toutefois, en fonction du kilométrage parcouru, les domaines de pertinence par rapport au critère d'impact énergétique évoluent. Ainsi, entre zéro et 40.000 km, le véhicule thermique a une consommation d'énergie primaire totale inférieure au véhicule électrique que ce soit en France (essentiellement approvisionnement nucléaire) ou en Allemagne (charbon). Les performances seraient équivalentes à partir de 100.000 km. Concernant son potentiel de changement climatique, le VE présente logiquement un avantage par rapport au VT lorsque l'électricité utilisée pour la recharge des batteries est faiblement carbonée. Mais "les flux radioactifs, déchets et émissions du VE sont plus importants que ceux des VTs, quelques soit le bouquet électrique utilisé pour la charge", pointe l'Ademe. Concernant les autres indicateurs, un mix basé sur des énergies renouvelables représentera une meilleure alternative pour l'ensemble des indicateurs d'impact potentiel à l'exception de l'acidification, selon l'Ademe. Pour ce dernier, les scénarios modélisés montrent que la contribution du VE est plus importante que celle du VT. Elle pourrait toutefois être facilement minimisée. "L'analyse d'incertitude montre l'importance des matériaux rentrant dans la composition de la batterie, offrant un levier d'amélioration potentiel important, souligne l'Ademe, le scénario utilisé à l'horizon 2020 valide cette amélioration potentielle". En revanche, les véhicules électriques constituent une meilleure option pour ce qui est du potentiel de création d'ozone photochimique. Ce dernier est principalement dû aux émissions de composés organiques volatiles (COV) des voitures thermiques. Pour ce qui concerne le potentiel d'eutrophisation, comme celui-ci est en parti lié aux émissions de NOx, le véhicule électrique semblerait moins impactant (ceci est particulièrement vrai par rapport aux véhicules diesel). "Pour le véhicule électrique, les émissions de NOx sont dues à l'extraction des métaux nécessaire à la fabrication de la batterie", précise l'Ademe.
Un déploiement des VE dans une agglomération induit une réduction modérée des émissions
Une projection de l'Ademe s'est plus particulièrement intéressée aux conséquences du déploiement des véhicules électrique à l'horizon 2020 en France sur la pollution atmosphérique locale. "Le déploiement de 5.000 VE dans une agglomération de 500.000 habitants induit une réduction modérée des émissions locales et peut entrainer une augmentation sensible des émissions déplacées, principalement du SO2, souligne l'Ademe, cependant les futures technologies mises en place (nouvelles technologies de batteries, leur recyclage, électricité d'origine renouvelable) permettront d'atténuer ces émissions déplacées". Logiquement, la projection montre que les véhicules thermiques émettent plus de monoxyde de carbone (CO), de NOx et de COV que les véhicules électriques. En revanche, le véhicule électrique émet plus de SO2 du fait de la production d'électricité et des émissions lors de l'extraction des matières premières pour la batterie. Les émissions radioactives dans l'eau et dans l'air s'avèrent plus conséquentes pour le VE que pour le VT. A cause notamment des matériaux nécessaires à la fabrication de la batterie, le VE possède également un bilan supérieur au VT pour les émissions de particules. "Les résultats présentés doivent être interprétés avec précaution, prévient toutefois l'Ademe, les facteurs d'émissions sont dépendants de nombreux paramètres, comme le cycle de conduite, les conditions de circulation, les bouquets électriques utilisés".