Dans l’histoire de l’agriculture, l’arbre, élément forestier, est très tôt devenu arbre champêtre. Il a pris différentes formes selon les régions, du bocage aux prés-vergers normands, en passant par la huerta méditerranéenne. C’est ainsi que l’espace agricole européen a atteint à son apogée 60 millions d’hectares au début du XXe siècle. C’est l’avènement du machinisme agricole à partir des années 60 qui a signé l’inexorable déclin de cet allié des cultures. Pour les besoins d’engins toujours plus imposants, les parcelles ont été agrandies d’un facteur 4. L’arbre gênant la machine, il a été arraché. Dans les années 60-80, les haies ont ainsi disparu à un rythme de 45000 ha/an.

Les conséquences de cette politique d’arrachage des haies n’ont pas tardé à faire leur apparition de façon spectaculaire dans les zones de bocage : érosion des sols, inondations, coulées de boues et perte de biodiversité. Les politiques publiques en faveur de la haie ont été mises en place, et ont permis, sinon d’augmenter le linéaire au moins de le stabiliser.

Cependant, quid des zones de grandes cultures ? Malgré leur inscription dans la conditionnalité du premier pilier de la Politique Agricole Commune, les arbres épars, fruitiers hautes tiges et bosquets continuent de décliner. En « openfield », l’arbre est encore souvent rejeté, son rôle négligé.

L’enjeu est urgent, à l’heure où la Politique Agricole Commune étudie la possibilité de conforter la place de l’arbre au sein même de son premier pilier, l’ambition est d’initier la construction une ingénierie agronomique nouvelle : il sera possible d’y contribuer dans le cadre des 4emes Rencontres Nationales « Arbres et Haies Champêtres » qui se tiendront les 28 et 29 septembre prochains à Villarceaux.

C’est dans ce contexte que les rencontres ont, après 3 éditions bocagères, choisi de se tenir au cœur d’une plaine céréalière, à la Bergerie de Villarceaux dans le Vexin Français.

Ces rencontres bisannuelles constitueront le premier évènement s’intéressant à la place de l’arbre, champêtre ou agroforestier, dans les territoires de grandes cultures. Il s’agit de comprendre pourquoi et comment l’arbre sera un facteur indispensable dans le double objectif des années à venir : produire mieux en produisant davantage.

Dans ce contexte, plusieurs approches seront menées :
• Une approche agronomique montrant les bienfaits de l’arbre sur les auxiliaires des cultures, sur la qualité du sol et sur les rendements de l’exploitation.
• Une approche technique afin de déterminer comment intégrer au mieux l’arbre dans l’exploitation et comment l’entretenir.
• Une approche politico-économique concernant particulièrement la PAC à l’horizon 2013.
• Une approche environnementale avec l’utilisation de l’arbre pour améliorer la qualité de l’eau, mais aussi la notion de paysage, d’arbre cadre de vie.
• Une approche socioculturelle permettant de comprendre les réticences ou au contraire la volonté des uns et des autres à planter.

Ces rencontres sont ouvertes à l'ensemble des acteurs impliqués dans cette thématique : agriculteurs, agronomes, chercheurs et enseignants, techniciens agricoles et agroforestiers, paysagistes et élus. Plus qu’une série de conférences magistrales, il s’agit de prendre part à de véritables séances de travail collectives animées par des spécialistes du sujet.

Ces rencontres sont coorganisées par la Bergerie de Villarceaux, l’Association Française « Arbres et Haies Champêtres » et le Parc Naturel Régional du Vexin français.