Pierre BESSE, Paysan membre des réseaux Miramap-Urgency.

Devant la multiplicité et la gravité des problèmes (sanitaires, écologiques, économiques, sociaux…) engendrés par l’agriculture moderne, il est tentant de proposer une réponse simple, complète et définitive : l’agriculture biologique. Et il semble commode de définir cette agriculture à l’aide de labels. De fait, l’agriculture biologique est aujourd’hui très fortement identifiée à ses labels.

Mais si à l’origine l’agriculture biologique était bien porteuse de solutions à l’ensemble des questions posées par la modernisation de l’agriculture, on assiste aujourd’hui à une évolution rapide et problématique, paradoxalement accélérée par la montée en puissance de la demande des consommateurs : les labels stimulent des modes de production industriels, capitalistes et coloniaux, et des filières commerciales mondialisées incompatibles avec les principes économiques, sociaux et éthiques inscrits dans les chartes fondatrices de la bio.

Tandis que les organisations représentatives de la bio se débattent pour sortir de cette contradiction, on assiste à une floraison sans précédents d’initiatives populaires, à la multiplication des petites organisations collectives locales fondées sur la proximité, l’autonomie, la responsabilité individuelle, et sur le lien personnel direct entre producteurs et consommateurs. Et ces initiatives prétendent souvent se passer de toute référence aux labels.

Sur le chantier de l’indispensable, de l’urgente réforme globale de l’agriculture, de quels outils avons-nous besoin ? Labels ou partenariats directs ? Politique agricole européenne ou systèmes alimentaires locaux ?