Les entreprises étudient attentivement le coût global de possession lorsqu'il s'agit de choisir un véhicule. Progressivement, les voitures électriques rattrapent leur retard sur leurs concurrentes thermiques.
Certains VE tirent leur épingle du jeu
Sans surprise, l'analyse des TCO montre que le coût du carburant stricto sensus reste très largement en faveur du VE, avec une division de la facture par trois. Mais le VE n'en tire pas forcément un avantage suffisant. En effet, la location de la batterie vient réduire le gain. A titre d'exemple, l'OVE estime que la location de la batterie d'une Zoé s'élève à plus de 4.700 euros sur quatre ans (avec 60.000 km), soit près de 20% de l'ensemble du TCO sur la période. Plus globalement, le désavantage du VE reste principalement lié au prix d'achat du véhicule. Lors de l'achat, "les constructeurs accordent d'importantes réductions sur le prix catalogue des véhicules thermiques, ce qu'il ne font pas encore pour les voitures électriques", constate Marie Castelli, secrétaire générale de l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere). Malgré l'avantage lié au bonus écologique, le prix d'un VE peine à être compétitif par rapport au prix remisé d'une voiture thermique.
Un marché de l'occasion jugé incertain
Mais les loueurs insistent aussi, et surtout, sur les craintes liées à la revente du véhicule. Le paramètre est essentiel car le montant du loyer couvre l'écart entre le prix d'achat et la valeur résiduelle du véhicule. Aujourd'hui, la revente de véhicules d'entreprise diesel se porte bien, d'autant qu'ils bénéficient de nombreux équipements. Surtout, ce marché est connu de longue date, volumineux, liquide et international. Autant de caractéristiques qui offrent une grande sécurité aux loueurs. Pour autant, le dieselgate, la fin programmée de la fiscalité avantageuse du diesel et les politiques publiques "anti-diesel" de certaines collectivités locales pourraient changer la donne. "Les loueurs s'intéressent au sujet", rapporte Marie Castelli, de l'Avere. Mais pour l'instant les acteurs attendent surtout de voir comment les différentes annonces se concrétiseront, confie un loueur longue durée.
Reste que les loueurs ne sont pas encore certains que le marché d'occasion des VE prendra le relais. Ce marché est dynamique, mais il manque de volume et de profondeur historique. Surtout, les prix de vente sont instables et incertains. Pour l'instant, les loueurs mettent surtout en avant le risque d'"obsolescence" rapide des VE. Acheter un véhicule électrique aujourd'hui, c'est devoir revendre dans trois à quatre ans un véhicule dont l'autonomie sera faible en comparaison aux véhicules neufs proposés sur le marché. "La demande sera-t-elle au rendez-vous ?", s'interrogent les gestionnaires de flotte.
En conséquence, "les loueurs prennent des précautions par rapport au prix de revente anticipé et gardent une marge de sécurité", résume Bernard Fourniou, président de l'OVE. Cette prudence renchérit d'autant les loyers des VE. Pour autant, Cédric Marquant, directeur marketing et business développement du loueur longue durée Alphabet France, explique que "les performances du marché sont plutôt bonnes, car il y a une vraie demande et peu d'offres". Son entreprise, qui détient plus de la moitié du marché des VE en location longue durée en France, "n'a pas eu de mauvaise surprise, bien au contraire". Les acteurs regarderont donc avec attention comment et à quel prix La Poste revendra les 1.300 VE dont elle se sépare depuis octobre sur son site dédié. De même, l'impact de l'extension de la prime à la conversion aux véhicules d'occasion sera observé de près.
Une autre façon de procéder serait de tirer bénéfice de la grande longévité des VE pour allonger la durée de détention des VE en entreprise. La relative simplicité de la chaîne de traction et le nombre limité de pièces d'usure permettent d'étendre jusqu'à 48 mois, voire un peu plus, la durée de location. Cette approche permettrait de lisser l'amortissement et de réduire la place tenue par la revente du véhicule dans le modèle économique de la location de véhicule d'entreprise.
Philippe Collet
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