C'est en décembre dernier que l'équipe s'est aventurée dans les montagnes de Foya en Papouasie. Dès les premiers jours, ils ont pu observer de nouvelles espèces de grenouilles, de papillons, de plantes géantes et de mammifères, notamment un petit marsupial arboricole au pelage doré (Dendrolagus pulcherrimus). L'équipe a également pour la première fois observé un oiseau méliphage ou mangeur de miel caractérisé par une tache orange autour de l'œil.
Soutenue par l'Institut indonésien pour la science (LIPI) et organisée par l'association « Conservation International », cette expédition fut l'occasion d'observer à nouveau des oiseaux rares décrits par les ornithologues du 19ème siècle mais inaperçus depuis. Leur habitat naturel était encore inconnu il y a un mois de cela. C'est le cas notamment de « l'oiseau de paradis » (Parotia berlepshi). Découvert à la fin du 19ème siècle grâce à des spécimens capturés par des chasseurs indigènes mais dans une zone inconnue, il avait fait l'objet de plusieurs recherches qui avaient échoué. Dès le deuxième jour de l'expédition, les scientifiques ont pu observer un spécimen mâle très reconnaissable à sa tête surmontée de six longues plumes, en pleine danse nuptiale, ce qui prouve que les Montagnes de Foja sont bien son lieu de vie.
Les biologistes doivent prochainement soumettre leurs observations à leurs pairs pour vérifier que certaines espèces n'ont jamais été décrites et leur donner un nom.
Cette découverte a été faite dans une zone de 300 000 hectares, à proximité de laquelle vivent des populations Kwerba et Papasena, au sein de la forêt de Foja qui couvre elle-même plus d'un million d'hectares et constitue la plus grande forêt tropicale d'Asie. Les montagnes de Fojas sont une terre promise pour les biologistes à la recherche de l'inconnu, a expliqué Bruce Beehler. La population humaine est si faible et si dispersée que le noyau dur de la forêt est aujourd'hui apparemment exempt d'influence humaine. En deux semaines notre équipe n'a rencontré aucune preuve de la présence de l'Homme passée ou présente. C'est une terre sauvage livrée à la faune, a-t-il ajouté.
Beehler et ses collègues estiment qu'en un mois, ils n'ont fait qu'effleurer la surface de cette réserve naturelle. Ils espèrent bien y retourner fin 2006 pour étudier en détail la faune et la flore.
Timotius Kawena, un chef local de la tribu Papasena et l'organisation Conservation Internationale comptent sur ces découvertes pour sensibiliser à la protection de la nature et faire en sorte que toute la forêt soit mieux protégée pour les générations futures.