Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Un plan « biocombustibles » spécifique sera présenté avant l'été

Après les biocarburants, les autres filières d'utilisation de la biomasse vont également faire l'objet de plan de développement au cours de l'année 2006. Les agriculteurs, les industriels et les écologistes tentent chacun d'y trouver leur compte.

Energie  |    |  F. Roussel
Dans un contexte de hausse du cours du baril de pétrole, de lutte contre l'effet de serre et de révision de la politique agricole commune, le domaine de la valorisation de la biomasse semble avoir un bel avenir devant lui en France. En effet, après l'engagement fin 2004 du plan « biocarburants » et les annonces successives du gouvernement pour accélérer leur développement, un plan « biocombustible » sera présenté avant l'été.
Selon le communiqué du Conseil des ministres du 5 avril dernier, ce plan prévoit une augmentation d'environ 50 % de la production de chaleur et d'électricité à l'horizon 2010. Plus précisément, la contribution de la biomasse à la production d'énergie thermique sera portée de 10 à 14 millions de tep par an. Pour l'énergie électrique, une puissance supplémentaire de 1.000 mégawatts électrique sera produite grâce à la construction de biocentrales de cogénération. À cette fin, un nouvel appel d'offres pour une capacité de cogénération de 300 mégawatts électrique sera lancé avant l'été.
Dans la même lignée, un plan « biomatériaux » devrait voir le jour à la fin de l'année afin de développer l'utilisation des matériaux, produits et dérivés chimiques renouvelables issus de la biomasse dans les principaux marchés utilisateurs.
La France semble donc bien partie pour profiter au maximum de la filière biomasse, présentée souvent comme la filière qui réglera le problème des gaz à effet de serre, de la dépendance au pétrole et de la dévalorisation du monde rural. Mais tout n'est pas si simple. À travers les nombreux rapports ou au cours des colloques, forums et débats organisés sur le sujet, les avis divergent entre les différents acteurs.
Les experts et scientifiques ont du mal à s'accorder sur les chiffres que ce soit sur la surface agricole disponible ou nécessaire, sur l'éco-bilan des différentes utilisations ou sur les rendements énergétiques.
Les agriculteurs s'interrogent, se renseignent, mais la majorité restent sceptiques ou demandent plus de concret, sachant qu'on leur promet ces nouveaux débouchés pour dans 8 à 10 ans.
Les industriels agroalimentaires de leur côté prônent chacun leur filière et garantissent que tout est possible, rentable et nécessaire au nom de la menace climatique.
Quant aux associations de protection de l'environnement, leurs craintes se concentrent sur les risques d'intensification des cultures, d'exploitation intensive des forêts et surtout de mise au placard du concept d'économies d'énergie au profit d'une substitution pure et simple des carburants fossiles.
Pour Claude Roy, délégué interministériel sur la valorisation de la biomasse, la mutation qui s'annonce pour l'agriculture française, européenne et mondiale est de taille : produire, produire plus, produire de manière performante, tout en respectant les sols, les ressources en eau et le fragile équilibre de l'écosystème, le tout peut-être avec des climats changeants.

Avec ses trois plans de développement, la France souhaite mettre toutes les chances de son côté pour prendre une place de choix au plan international en n'omettant aucune filière (biocarburants, biocombustible et biomatériaux). Cependant c'est tout un marché de la biomasse ou « bio-économie » qu'il faut mettre en place, ce qui sous-entend le jeu de l'offre et de la demande. Pour Jacques Sturm, directeur général de l'AFOCEL, la demande ne va pas créer la ressource mais va conditionner la gestion de cette ressource. Et si cette demande devient trop importante, il craint un déséquilibre des filières et une concurrence entre le bois-énergie, les biomatériaux voire avec les besoins alimentaires.

Pour l'instant le problème ne se pose pas. Même si le plan Bois-énergie de l'ADEME a plutôt bien fonctionné ces dernières années, il faut encore convaincre les citoyens, les industriels et les collectivités d'utiliser des biocombustibles pour la production de chaleur. Pour Nicolas Garnier, délégué général d'AMORCE, certains obstacles perdurent et empêchent le développement du bois-énergie, particulièrement en mode collectif. La fiscalité est aujourd'hui en défaveur de la biomasse. La TVA pour un réseau de chaleur est de 19,6% alors que pour un réseau de gaz elle est de 5,5% !, dénonce-t-il. Pour les industriels, la crainte d'un approvisionnement non régulier les rend frileux. À ce sujet, Jacques Siret, président d'AGRICE, se veut rassurant : les agriculteurs peuvent tout à fait assurer un approvisionnement régulier en quantité et en qualité.
Du côté de l'ADEME, la vigilance est de mise. Michèle Pappalardo rappelle que la faiblesse de la filière bois-énergie réside dans le risque de rejeter de nombreux polluants comme les métaux ou les dioxines. Elle préconise donc une meilleure utilisation du bois et pas forcément une augmentation des volumes consommés.

Ainsi chaque acteur semble exprimer beaucoup d'attente envers la biomasse que ce soit pour des préoccupations sociales, économiques ou environnementales. Reste à espérer qu'un équilibre entre les intérêts de chacun puisse être trouvé. Ne serait-ce pas là, la définition du développement durable ?

Réactions10 réactions à cet article

Qui de la poule ou de l'oeuf ?

Bonjour à tous,

"la demande ne va pas créer la ressource mais va conditionner la gestion de cette ressource"

Elle va surtout permettre de justifier la mise en place de nouvelles filières de collecte d'une ressource qui existe bel et bien et est colossale.

L'accroissement biologique forestier Français est estimé aujourd'hui par les experts de l'IFN à 84 Millions de m3, soit plus de 40 millions de tonnes de matières sèches. Pour 15 millions d'hectares de forêts (hors forêt linéaire) cela fait une productivité moyenne inférieure à 3 tonne de MS/ha.

C'est ridicule, et symptomatique d'une gestion calamiteuse de nos forêts (ou d'une évaluation complétement erronée de la ressource). Sous nos latitudes la forêt classique de feuillus permet de produire 7 t de MS/ha, dans les Landes de Gascogne sur résineux on atteint couramment 10 tMS/ha et sur certaines peupleraies bien gérées 12 tMS/ha. Les cultures dédiées de saules et de miscanthus permettent d'atteindre sous nos latitudes des productivités records (+ de 15 tMS/ha) sans utilisation importante d'engrais et de pesticides.

La question de l'existence de la ressource est une fausse question soulevée par les adversaires du développement des solutions alternatives comme les pétroliers et les papetiers.

Dès lors qu'une demande importante de biomasse sera effective, les réseaux de collecte se mettront en place et permettront de créer de milliers d'emplois pour peu que les industriels soient incités à investir.

Il est temps que la France arrête de discuter et mette les bouchées doubles pour rattrapper son retard. Prenons exemple sur les industriels brésiliens, allemands, néerlandais et autres qui expérimentent et prennent pied sur les marchés de demain.

marco | 10 avril 2006 à 17h01 Signaler un contenu inapproprié
Re:Qui de la poule ou de l'oeuf ?

Mais bien sûr...

Au Brésil, la culture du soja et l'élevage pousse à la déforestation massive.

L'Allemagne importe du bois "illégal" et n'a pas plus de succés que la France.

Quand on se compare, il faut aller jusqu'au bout et accepter les contradictions.

Il est certain que nous avons des choses à réaliser, mais de là à toujours critiquer les avancées...

En tout cas, ce qui est acquis c'est que l'on ne fera pas d'omelette avec du bois !!

NIMBY | 10 avril 2006 à 17h51 Signaler un contenu inapproprié
Re:Qui de la poule ou de l'oeuf ?

Il ne s'agit pas de critiquer les avancées ... si avancées il y a elle sont bien timides.

Pendant que la France propose d'investir 1000 k€uros dans des programmes de recherche sur les bioénergies (PNRB de l'ADEME), l'allemagne annonce 60 millards d'€uros d'investissements industriels sur le sujet énergétique (hors nucléaire) dont 40 milliards réservés aux seules énergies renouvelables.

Même si en France on a des idées, de la ressource et toutes les conditions pour réussir dans le domaine des bioénergies il est évident que l'on manque d'ambition ou que l'on n'a pas su prendre la mesure des enjeux.

marco | 10 avril 2006 à 23h30 Signaler un contenu inapproprié
Re:Qui de la poule ou de l'oeuf ?

Marco
Oui c'est chez nous le paraitre au lieu de faire .
Le potentiel existe bien , reste de trouver les décideurs , qui ne se décide que contraint par manque de perspectives .
Voilà 30 ans que je développe ces plans ,mais le plus important c'est ces 3 milliards de personnes qui n'ont que le bois pour faire cuire leur repas , là est le plus grave des problèmes des terriens .
Aussi mon action est concentrée sur ces pays , en revalorisant les agrocomposites par des presses manuelles pour faire des combustibles les forêts afin de préserver.
Il faut des kilos de matières utiles , pas des kilos de dossiers ,Le temps nous est compté
AG

association ECOPRODUITS andré | 13 avril 2006 à 10h22 Signaler un contenu inapproprié
Le temps nous est compté

Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, il n'y aura pas de solution miracle valable pour tous et partout.

A chaque pays et chaque économie de trouver l'utilisation de la biomasse la mieux adaptée à ses besoins pour passer en douceur d'une "économie" du gaspillage des fossiles à une utilisation rationnelle et écologiquement responsable.

Si chacun fait sa part le choc sera moins brutal, à mon avis on l'évitera pas, surtout si GW continue son délire moyen oriental en Perse.

C'est bien clair que la gestion durable des forêts des pays en développement est un moyen de dynamiser les tissus sociaux dans le respect des équilibres. Tous mes encouragements t'accompagnent.

marco | 13 avril 2006 à 12h39 Signaler un contenu inapproprié
Re : "de la poule ou de l'oeuf"

Pour Nimby,
"On ne fera pas d'omelette avec du bois"
Demande à André si dans les pays ou il bosse sur les biocombustibles, les trois milliards d'humains ont autre chose que du bois pour faire cuire leurs omelettes.

marco | 13 avril 2006 à 12h45 Signaler un contenu inapproprié
bois à ma santé !

Face à un territoire agricole de plus en plus limité par l'expansion urbaine, il va falloir faire des choix. On ne pourra pas tout faire, tout cultiver : suffisance alimentaire, bois de construction et biocarburant sont les priorités.

Il serait irresponsable de se lancer dans le biocombustible quand on aura déjà du mal à faire du biocarburant.

Il existe d'autres moyens de chauffage domestiques tout aussi performants.

René-Pierre Hémon

coco | 14 avril 2006 à 20h52 Signaler un contenu inapproprié
Re:Le temps nous est compté

Un délai de grâce peut être accordé à l'Humanité si celle-ci renonce de plus en plus au volant au profit du guidon.
De plus, un boycott du pétrole iranien ( pour essayer d'éviter la bombe atomique des ayatollas ) pourrait rendre service à l'Humanité, en renchérissant le prix du baril ( 100 $ minimum ) et donc en limitant sa consommation, et donc en développant l'utilisation du vélo en ville ( la moitié des trajets urbains effectués en auto concernent de courtes distances et pourraient donc être parcourus à bicyclette ), et donc en limitant la production de CO 2 , catastrophique pour la planète.

Cycliste enthousiaste | 17 avril 2006 à 13h59 Signaler un contenu inapproprié
Re:Le temps nous est compté

La bombe des ayatollahs n'est pas pour demain, et quand bien même ils parviendraient à la produire ... çà ne changerait pas grand chose, nous avons déjà quoi détruire amplement la planète. L'équilibre de la terreur ne changera pas la donne avec un acteur supplémentaire . Arrétons de nous laisser manipuler par les communicants de GWBush.

D'accord pour rouler en vélo pour économiser le pétrole et réduire le déficit de la sécu.

La question de l'énergie (électricité, carburant, chauffage, éclairage ...) est centrale, c'est le dynamisme des sociétés humaines et leur développement. Rouler en vélo, économiser, augmenter la taxe est indispensable, je le concède mais çà ne fait que retarder l'échéance.

La solution, je la vois plutôt vers la recherche, le développement de nouvelles solutions qui sont a portée de main (demain ?) et la biomasse même si elle n'est pas la solution à tout , c'est une partie de la réponse, elle est disponible partout, crée des emplois des savoir faire et de l'organisation.

C'est aussi le plus vieux de nos vecteurs énergétiques qui a accompagné toutes les civilisations.

Le temps presse, action !!!

marco | 17 avril 2006 à 20h03 Signaler un contenu inapproprié
Re:bois à ma santé !

Je suis d'accord, mais la fillière sera trés importante car le nombre de déchets ménager augmente considérablement.

Il faut adapté les centrales à acceuillir nos futures déchets ménager. Correctement trier bien sur. D'ici 10 ans peut être.

Roswell | 18 avril 2006 à 22h24 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question à la journaliste Florence Roussel

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires