Pêché par 400 m de fond par le navire océanographique de l'IRD Alis sur la pente d'un mont sous-marin (le banc Capel à 25° Sud) en octobre 2005 lors d'une campagne de prospection en mer du Corail aux îles Chesterfields (Océanie), le crustacé appartient au groupe des glyphéides, longtemps considéré comme éteint à l'éocène , selon l'IRD.
La première espèce de glyphéide avait été pêchée en 1908 aux Philippines par un navire américain mais l'unique spécimen était resté non identifié jusqu'à ce que deux chercheurs du Muséum, Michèle de Saint Laurent et Jacques Forest, publient sa description en 1975 sous le nom de Neoglyphea inopinata. La découverte d'un spécimen vivant d'un groupe que l'on croyait éteint depuis la fin de l'ère secondaire avait alors fait grand bruit, rappelle l'Institut de recherche pour le développement.
Cette fois encore, un seul spécimen, une femelle, a été pêché et sa comparaison morphologique avec la première espèce menée par les scientifiques a mis en évidence de nombreuses différences. En particulier la forme générale du corps, plus trapue, les yeux plus gros et une pigmentation en tâche, souligne l'IRD qui en a conclu que les scientifiques étaient bien en présence d'une deuxième espèce alors baptisée Neoglyphea neocaledonica.
Pour les scientifiques qui essaient de reconstituer l'évolution du vivant à l'aide de traces fossiles ou de la phylogénie moléculaire, la découverte d'un fossile vivant est une source d'information capitale.
La campagne de prospection qui a permis cette découverte s'inscrit dans un programme d'exploration et de description de la faune marine profonde de l'indo-pacifique mené depuis 30 ans par l'IRD et le Muséum : le programme Musorstom, aujourd'hui rebaptisé Tropical Deep-Sea Benthos. Au cours de ces campagnes, de nombreuses espèces ont déjà été collectées dans différents archipels du Pacifique. En Nouvelle-Calédonie par exemple, où l'échantillonnage a été plus intense qu'ailleurs les chercheurs ont identifié 469 familles, 1181 genres, 2515 espèces dont 1322 nouvelles pour la science. Ces découvertes ont changé complètement la vision biogéographique des océans profonds, indique l'IRD.
À l'heure où l'érosion de la biodiversité et les risques majeurs du changement climatique inquiètent les scientifiques comme l'opinion publique, l'inventaire d'un patrimoine est en effet une étape indispensable à sa sauvegarde, conclut l'IRD.