Les cinq semaines d'audience du procès Xynthia se sont achevées vendredi 17 octobre avec la plaidoirie des avocats de la défense. "Où est l'Etat ?" ont interrogé les avocats des quatre prévenus. "Dès le départ, on a tout fait pour trouver les boucs émissaires propices", pour masquer "les erreurs grossières" des services de l'Etat et répondre à "l'émotion terrible qu'a suscitée cette tragédie", a estimé Christian Charrière-Bournazel, l'avocat de Françoise Babin, ancienne adjointe à l'urbanisme de La Faute-sur-Mer, selon des propos rapportés par l'AFP.
"En condamnant M. Marratier, vous condamnerez tous les maires de France", qui n'ont pas non plus adopté de plans communaux de sauvegarde ou de plans de prévention des risques d'inondation, a prévenu Didier Seban, qui a plaidé la relaxe de son client, maire de la commune au moment de la tempête qui avait causé la mort de 29 personnes.
Deux jours plus tôt, le procureur de la République, Gilbert Lafaye, avait requis quatre ans de prison, dont trois fermes, et 30.000 euros d'amende contre René Marratier. Il a également réclamé deux ans fermes et 50.000 euros d'amende contre François Babin et un an ferme contre son fils, agent immobilier. En revanche, seule une peine de prison avec sursis a été requise contre Alain Jacobsoone, ancien directeur départemental adjoint des territoire et de la mer et seul représentant de l'Etat sur le banc des prévenus.
Une leçon pour l'avenir ?
Les parties attendent maintenant la décision du tribunal qui ne sera rendu que le 12 décembre prochain. Pour Maître Seban, en tout état de cause, ce procès ne permettra pas de tirer les leçons de ce drame, estimant "ne pas être sûr que demain un nouveau Xynthia ne soit pas possible".
Un constat que fait également France Nature Environnement (FNE), à la notable différence près que la fédération d'associations pointe aussi les fautes des élus, sous la pression des promoteurs immobiliers, en plus de celle de l'Etat. L'ONG dénonce le retard dans l'approbation des plans de prévention des risques littoraux et le recours aux digues responsables d'un faux sentiment de sécurité. "La montée du niveau marin est (…) une réalité liée au réchauffement climatique, cumulée aux tempêtes plus fortes et fréquentes, elle érode inéluctablement le littoral. (…) Repli stratégique ou défense contre la mer, le choix nous appartient, sans plus de faux semblant", avertit Elodie Martinie-Cousty, responsable du réseau Océans, mers et littoraux à FNE.