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Algues vertes : le juge administratif condamne l'État pour préjudice écologique

Eau  |    |  I. Chartier
Droit de l'Environnement N°324
Cet article a été publié dans Droit de l'Environnement N°324
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Par une décision du 18 juillet 2023, le tribunal administratif de Rennes a reconnu le préjudice écologique résultant de la carence fautive de l'État à limiter le développement des algues vertes sur les côtes bretonnes, et plus particulièrement sur le littoral des Côtes-d'Armor.

C'est l'association Sauvegarde du Trégor-Penthièvre-Goëlo qui avait saisi le tribunal, en 2021, sur le fondement des articles 1246 et suivants du code civil relatifs au préjudice écologique. Elle faisait état de la persistance d'algues vertes dans la baie de Saint-Brieuc, classée réserve naturelle.

Le juge a d'abord relevé, par le biais des rapports scientifiques fournis, que la cause de ces marées vertes était bien d'origine agricole : « Le suivi scientifique pluriannuel de la baie de Saint-Brieuc a ainsi permis de constater que la prolifération d'ulves était directement corrélée (…) à une arrivée sur l'estran de flux importants de nitrate, à la période où la croissance des ulves est maximale. Il s'en déduit que le nitrate d'origine agricole est l'élément nutritif qui détermine l'intensité des marées vertes en Bretagne. » Il conclut à la carence fautive du préfet des Côtes-d'Armor, qui n'a pas pris les engagements nécessaires pour contrôler et réduire les rejets des exploitations agricoles au titre de ses pouvoirs de police des installations classées (ICPE). Ce qui n'a pas permis « une application effective de la réglementation et la réduction des risques sanitaires et environnementaux afférents à certaines activités agricoles ».

« Les amas persistants d'algues vertes constituent un préjudice écologique », estime le juge. Pour rappel, l'article 1249 du code civil dispose que « la réparation du préjudice écologique s'effectue par priorité en nature », par opposition au versement de dommages et intérêts. C'est sur ce fondement que le tribunal a enjoint au préfet de prévoir, dans un délai de quatre mois à compter du jugement, des prescriptions applicables aux ICPE à l'origine des fuites d'azote, afin de limiter l'apport azoté total et réduire le phénomène de prolifération des algues vertes. Il lui a également enjoint de programmer un contrôle périodique de l'ensemble des exploitations agricoles situées sur le territoire de la baie de Saint-Brieuc.

« C'est une grande nouvelle et une avancée majeure dans la lutte contre les algues vertes (…). Jusqu'à ce jour, si des carences de l'État dans la gestion des algues vertes avaient pu être reconnues par les juges administratifs, le préjudice en résultant n'avait jamais été caractérisé », se félicite Géo Avocats, cabinet représentant l'association requérante, dans un communiqué.

Réactions3 réactions à cet article

Il faut aller voir le film de Pierre Jolivet "Les Algues vertes" pour mesurer l'importance de ce jugement du TA de Rennes, dans un contexte d'omerta qui dure depuis des décennies.

jrb | 19 juillet 2023 à 09h12 Signaler un contenu inapproprié

Tout à fait, jrb. On peut aussi très utilement se procurer le livre-enquête de Nicolas LEGENDRE "Silence dans les champs" aux éd. Arthaud : édifiant !
Au-delà de la très large responsabilité de l’État dans cette pitoyable affaire, et bien sûr au premier chef de l'agrobusiness à l'origine même de ce système agro-industriel hyper polluant et dévastateur, celle de la Région Bretagne est loin d'être nulle. L'exécutif de cette collectivité territoriale continue en effet de favoriser - avec force subventions publiques et appuis politiques - l'implantation de nouveaux bâtiments d'élevage concentrationnaires, tout en communiquant auprès des touristes sur des paysages et une nature préservés. Un modèle de greenwashing institutionnel ! La Bretagne compte entre 4 et 5 cochons élevés hors sol pour un résident humain (et bien plus encore pour les dindes et les poulets de batterie) !
Même le littoral du sud Bretagne, jusqu'alors relativement épargné, commence lui aussi à se couvrir d'algues vertes de la sortie de l'hiver à la fin de l'été, témoignant de la généralisation et de la gravité de la situation.
Ce jugement est donc essentiel, notamment dans le sens où il se fonde sur l'irréfutabilité de l'origine agricole de la prolifération des algues vertes, point systématiquement contesté par les principaux syndicats agricoles FRSEA et JA.
Reste à voir comment l’État, après plusieurs décennies de coupable laxisme, va s'y prendre pour stopper d'ici 4 mois les lessivages azotés agricoles.

Pégase | 19 juillet 2023 à 14h38 Signaler un contenu inapproprié

L' Indre et Loire, possède de plus en plus de ces élevages industriels, d'autant plus qu'il suffit de faire une demande régime Enregistrement par ex. pour une augmentation à 3369 animaux équivalents (porcs) dans le sud 37, (la commune jouxte Draché qui a déjà un élevage 5000 porcs équivalents.) Cela amène des prix au kg qui restent bas, jusqu'à obtenir dans des supermarchés du porc à environ 3 €/kg. à l'évidence PRIX QU'IL FAUT PAYER
1- Pollution dans Environnement par les lisiers, avec urée, nitrates .. les épandages jusqu'au plus près des habitants, lotissements.. La commune possède une carrière granulats, en cours de comblements, les sols sont très filtrants, confirmé par étude d'impact. Un Forage autorise de pomper 15 000 m3/an dans la nappe du Cénomanien donne une idée des volumes des épandages qui risquent de polluer les sols, la Creuse, et les 2 captages d'Eau Potable (dans la même nappe Cénomanien) 514-7X-105 à 900 m de l'élevage, et 514-8X-4 à 1 km. L’ élevage intensif des porcs est dénoncé par Isabelle Saporta "le livre noir de l'agriculture" 224 pages (voir chap1à4, pages 17- 87)
extraits https://books.google.fr/books?id=FuJbbay4yBQC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
2- Prix "maltraitance", les truies sont usines à porcelets, jusqu'à 15 porcelets par portée et même plus, Espace alloué réduit entre barreaux, Utilisation massive d'antibiotiques, qui font qu' au bout d'environ 3 ans, la truie est envoyée à l'équarrissage, car la viande est immangeable

J Cl M 44 | 19 juillet 2023 à 22h55 Signaler un contenu inapproprié

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