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La façade, élément majeur de la décarbonation des bâtiments

Pour répondre aux exigences de la RE 2020, la conception de la façade est un élément majeur de la décarbonation des bâtiments neufs. Une étude de l'Ifpeb et de Carbone 4 a évalué le poids carbone des façades de plusieurs projets. Retours d'expérience.

TECHNIQUE  |  Bâtiment  |    |  R. Boughriet
La façade, élément majeur de la décarbonation des bâtiments

Avec l'arrivée en janvier 2022 de la réglementation environnementale (RE 2020) des bâtiments neufs, de nouveaux objectifs de performance énergétique et de décarbonation s'imposent aux acteurs de la construction, de manière progressive jusqu'en 2031. La RE 2020 modifie la façon dont on construit en prenant en compte, pour la première fois, les émissions de carbone liées aux consommations d'énergie du bâtiment pendant son exploitation, soit cinquante ans, ainsi que les émissions des matériaux utilisés lors de la construction et leur capacité à séquestrer le carbone. La RE 2020 ambitionne aussi de rendre les nouvelles constructions adaptées aux conditions climatiques futures. Dans ce contexte, la façon de réaliser les façades représente un élément majeur de la décarbonation des bâtiments et de l'amélioration du confort thermique des occupants.

Dans une étude présentée en juin 2022 (1) , l'Institut français pour la performance du bâtiment (Ifpeb) et le cabinet de conseil Carbone 4 ont cherché à quantifier le poids carbone des façades de plusieurs projets de construction de logements collectifs et de bureaux. Et à situer les principaux leviers de décarbonation. L'étude est basée sur les données issues de l'Observatoire E+C- (expérimentation Énergie-Carbone) au 1er février 2022. Ces données ont ensuite été converties selon les nouveaux indicateurs de la RE 2020. « On a travaillé sur des retours d'expérience de projets concrets et une méthode d'analyse macro qui se basent sur des indicateurs statistiques permettant de repérer les postes émissifs », explique Paco Vadillo, consultant chez Carbone 4. Les données sont issues de la base nationale Inies pour les produits de construction (FDES) disponibles et qui servent à calculer les analyses de cycle de vie (ACV) des bâtiments (sur cinquante ans) imposées par la RE 2020.

L'impact carbone des façades

Ainsi, l'empreinte moyenne carbone des logements collectifs analysés est de l'ordre de 761 kilogrammes en équivalent carbone de surface habitable (kgCO2e/m2 shab), dont 12 % associés aux façades. Ce qui représente environ 95 kg CO2e/m2 shab. Et pour les bureaux du panel, les façades représentent 17 % du poids carbone moyen des bâtiments, soit environ 200 kg CO2e/m2 de surface utile (SU). La façade a donc « un impact non négligeable, de l'ordre de 8 à 25 %, de l'empreinte carbone des bâtiments », évalue l'étude.

“ On a travaillé sur des retours d'expérience de projets concrets ” Paco Vadillo, Carbone 4
Le levier majeur d'optimisation de l'empreinte carbone de la façade a été identifié sur la structure avec l'intégration de matériaux bio-sourcés, moins carbonés. Le choix du revêtement (bois, enduit, béton, bardage en aluminium, etc.) « va être croisé avec d'autres paramètres que le carbone et des enjeux de durabilité, d'entretien et de réglementation incendie. In fine, sur un projet, on va essayer de trouver le meilleur compromis sur la nature du revêtement », explique Cécile Deloffre, consultante sur les sujets carbone et économie circulaire à l'Ifpeb.

Agir sur le taux de vitrage

Autre constat : les parois vitrées et occultées sont en moyenne « deux fois plus carbonées » que les parois opaques des projets étudiés, et présentent un potentiel d'optimisation « plus faible ». Le taux de vitrage doit ainsi être questionné au plus tôt pour identifier « le juste équilibre entre les paramètres du carbone, mais aussi du confort des usagers en termes d'accès à la lumière naturelle et d'apport thermique, de la performance du bâti au global », ajoute Mme Deloffre. Les auteurs de l'étude attirent aussi l'attention sur la « variabilité importante de l'impact du verre », selon la nature du vitrage. Son épaisseur est directement corrélée à son impact carbone : plus elle augmente, plus l'impact carbone est important. Les verres spéciaux (feuilletage, traitement...) sont également plus carbonés, observent-ils.

À noter : la RE 2020 incite fortement au recours à des systèmes d'occultation, au travers des seuils de besoins bioclimatiques (indicateur Bbio) et de confort d'été (indicateur Degrés heures, DH). La réglementation privilégie une bonne orientation des baies et un éclairage naturel favorisé, mais aussi la mise en place de protections solaires, telles que la gestion crépusculaire (gestion automatique des volets roulants avec des capteurs de pièce, etc.) ou les brise-soleil orientables.

Une certaine frugalité

La conception du logement ou du bureau, avec une bonne compacité, est également mise en exergue par l'Ifpeb et Carbone 4. Ainsi, la compacité du bâtiment représenterait environ 9 % du potentiel d'économies carbone sur le mètre carré construit à l'échelle du bâti, « en promouvant une approche de frugalité qui optimise les volumes mis en œuvre », précise Charlotte Miriel, associate founder chez Aurore-S et coauteure de l'étude. Réduire la consommation en matériaux est donc « un axe transversal à étudier » par la conception du bâtiment et le choix de matériaux « circulaires », ajoute-t-elle. C'est le cas du verre, l'intégration de calcin recyclé permettant de réduire significativement son empreinte carbone, ou encore de l'acier, recyclable à l'infini.

Par conséquent, « le degré d'effort pour respecter les seuils progressifs de la RE 2020 est fortement influencé par l'optimisation de la compacité et du taux de vitrage de la façade », concluent les auteurs de l'étude.

1. Télécharger l'étude Ifpeb et Carbone 4
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-40383-IFPEB-carbone4-breif-facade.pdf

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