La ministre du Logement Emmanuelle Cosse a salué le 15 mars "la très forte dynamique" et la contribution des maîtres d'ouvrage privés et publics à l'expérimentation du label "énergie positive et réduction carbone" (E+C-). Le label, coproduit par l'Etat et la filière du bâtiment, a été lancé le 17 novembre 2016, pour préciser les seuils des bâtiments neufs à énergie positive (Bepos) (produisant plus d'énergie qu'ils n'en consomment) et bas carbone.
Le cap du référentiel est d'aller au-delà de la Réglementation thermique RT 2012 actuelle. Il préfigure la future réglementation environnementale des bâtiments neufs 2020. "J'ai voulu développer un socle commun sur l'énergie-carbone dans le bâtiment et expérimenter les projets. J'espère que de nombreux autres opérateurs vont nous rejoindre", a déclaré Emmanuelle Cosse, en décernant les premiers labels.
Maisons individuelles et logements collectifs Energie 3 Carbone 1
Sept opérations pionnières de logements ou bureaux sont lauréates. Figurent les maisons individuelles des constructeurs Ecolocost, Mikit et Privat. Ils ont dévoilé leurs techniques utilisées, à des coûts maîtrisés, pour répondre aux exigences du label. Ils ont atteint les niveaux Energie 3 et Carbone 1 du label.
Pour les maisons individuelles, le niveau Energie 3 vise une réduction de 20% des consommations d'énergies non renouvelables avec une production d'énergie renouvelable significative. Tandis que le niveau Carbone 1 correspond à des émissions maximales de 1.350 kgCO2/m2 sur le cycle de vie du bâtiment.
La maison individuelle d'Ecolocost construction (Energie 3 Carbone 1), certifiée par Promotelec Services et déjà livrée, est en ossature bois. Elle a été construite à Ermont (Val d'Oise). Le chauffage se fait par pompe à chaleur air/air. Des panneaux photovoltaïques (18 capteurs de 250 watts crête de puissance) ont aussi été installés. Ecolocost prévoit d'autres projets de maisons individuelles à ossature bois à Villeneuve-Saint-Georges (Val de Marne) avec pour ambition d'atteindre les plus hauts seuils (Energie 4 et Carbone 2).
Les quatre maisons individuelles, labellisées du groupe Mikit, sont quant à elles situées à Neuville-Saint-Waast (Pas-de-Calais). Elles sont également certifiées par Promotelec Services et livrées. Elles atteignent les niveaux Energie 2 Carbone 1 et Energie 3 Carbone 1. Le mode constructif repose sur des briques isolantes. Des panneaux photovoltaïques ont aussi été installés pour deux maisons. Deux d'entre elles sont aussi chauffées par des pompes à chaleur (PAC) à double service. Damien Hereng, président de Mikit France, a toutefois pointé "des difficultés" pour atteindre le niveau carbone "bloqué au niveau 1" et mis en cause des fiches techniques "standards carbone pénalisantes".
Concernant le groupe Privat, il s'agit d'une maison témoin bioclimatique (Energie 3 Carbone 1) à La Roche sur Yon (Vendée), certifiée par Céquami. Elle est en cours de chantier. Sa livraison est prévue pour septembre 2017. Le matériau de construction utilisé est le parpaing et le chauffage se fera par ventilation double flux. 16,3 m2 de panneaux photovoltaïques seront aussi installés.
Sont aussi lauréates trois opérations de logements collectifs d'habitation. Deux atteignent Energie 3 et Carbone 1 par les bailleurs sociaux Angers Loire Habitat et Immobilière 3F. Pour ces logements, Carbone 1 correspond à des émissions maximales de 1.550 kgCO2/m2 sur le cycle de vie du bâtiment. Et Energie 3 est équivalent aux maisons individuelles (secteur résidentiel).
Le projet Hélios d'Angers Loire Habitat, à Beaucouze (Maine-et-Loire), prévoit 36 logements collectifs répartis sur trois bâtiments en ossature bois. Ils seront certifiés par Prestaterre. Le chauffage se fera par gaz et 518 m2 de panneaux photovoltaïques pour une puissance de 96 kWc.
Immobilière 3 F prévoit aussi 93 logements collectifs sur quatre bâtiments à Grigny (Essonne). Ils seront livrés en janvier 2018 et certifiés par Cerqual. Le mode constructif principal est le béton. Le raccordement au chauffage urbain sera alimenté par de la géothermie et des panneaux photovoltaïques (610 m2) produiront 25,6 kWhep/m2 de surface thermique (SRT).
Carbone 2 atteint par un bailleur social et un immeuble de bureau
Enfin, les deux derniers lauréats ont atteint Carbone 2, le niveau le plus exigeant en matière de bilan carbone. Il s'agit de la résidence Alizari par le bailleur social Habitat 76 à Malaunay (Seine-Maritime) et de l'immeuble de bureau Le Themis d'Icade à Paris (17éme).
Les 32 logements de la résidence Alizari d'Habitat 76 (Energie 3 du label) sont déjà livrés et certifiés par Promotelec Services. Le mode de construction utilisé est en béton. La résidence est équipée d'une chaufferie bois collective et de panneaux photovoltaïques d'une puissance de 31 kWc dont une partie en autoconsommation. Pour un bâtiment collectif d'habitation, le niveau Carbone 2 correspond à des émissions de 1.000 kgCO2/m2 sur le cycle de vie du bâtiment.
L'immeuble de bureaux d'Icade (10.655 m² de surface) à Paris, certifié par Certivéa, est en cours de chantier. Sa livraison est prévue pour le premier trimestre 2018. Son système constructif est mixte en bois béton et l'énergie sera produite par géothermie (raccordement au chauffage urbain). Il atteint le niveau Energie 2 qui vise une consommation d'énergie inférieure de 30% par rapport à la RT 2012. Pour les bureaux, le niveau Carbone 2 correspond à des émissions estimées entre 900 et 1.100 kgCO2/m2 sur le cycle de vie du bâtiment (secteur tertiaire).