Deux études parues dans la revue Nature montrent que la circulation des courants océaniques – la circulation méridienne de retournement de l'Atlantique (l'AMOC, en anglais) - est à son plus faible niveau depuis 1.600 ans. Or, cette circulation contribue à la régulation du climat mondial. Dans l'océan Atlantique, elle se caractérise par le mouvement des eaux chaudes de l'Atlantique Sud vers le Nord grâce au Gulf Stream : ce phénomène permet au passage de réchauffer l'Europe de l'Ouest. Le courant poursuit ensuite son retour vers le Sud en se réchauffant à nouveau. Le changement climatique serait en cause de ce dérèglement.
Dans la première étude, David Thornalley, du département de géographie de l'université de Londres, et son équipe, ont observé les grains de sable déposés sur les fonds marins au fil du temps par les courants. Plus les grains de sable sont gros, plus forts doivent être les courants qui les ont transportés. A partie de là, ils ont montré que la convection profonde, c'est-à-dire le phénomène de mélange en profondeur des masses d'eau, de la mer du Labrador – située entre le Canada et le Groenland -, et l'AMOC ont été anormalement faibles au cours des 150 dernières années comparativement aux 1.500 années précédentes. La convection profonde est pourtant essentielle à l'équilibre du climat car elle contribue à la redistribution de la chaleur entre les régions polaires et équatoriales. Selon eux, les reconstitutions palé-océanographiques indiquent que la transition s'est produite "soit comme un déplacement principalement abrupt vers la fin du Petit Age Glaciaire (1350-1850), soit comme un déclin plus progressif et continu au cours des 150 dernières années ». A rebours, en 2009, une étude indiquait qu'une reprise "inattendue" de la convection avait été observée pendant l'hiver 2007-2008.
L'autre étude, conduite par Levke Caesar et Stefan Rhamstorf, de l'Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique, démontre également un affaiblissement de l'AMOC. En mesurant les températures à la surface de l'océan, ils observent que le débit de l'AMOC s'est affaibli de 15% au cours des cinquante dernières années, et que ce déclin serait probablement la conséquence du changement climatique dû à des activités humaines.
Ces deux recherches vont dans le sens d'autres études menées depuis ces dernières décennies sur les conséquences du changement climatique sur les océans.