Des températures moyennes en hausse, des vagues de chaleur plus nombreuses, des hivers moins rudes et une pluviométrie plus importante devraient constituer le quotidien météorologique des Français au cours du XXIème. Ces phénomènes devraient s'accentuer à mesure que le siècle avancera.
Telles sont les grandes conclusions du quatrième volume du rapport "Le climat de la France au XXIème siècle", remis, samedi 6 septembre, par Jean Jouzel, directeur de l'Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL), à Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie. Intitulé "Scénarios régionalisés édition 2014", ce document d'une soixantaine de pages a été rédigé par des scientifiques de Météo-France, en collaboration avec des climatologues français. Il s'inscrit dans le cadre des travaux de l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc). "Il présente les scénarios de changement climatique en France jusqu'en 2100", explique le ministère, précisant que "pour la première fois, ces projections sont également effectuées pour les outre-mer".
Concrètement, l'étude s'est appuyée sur deux simulations de l'évolution temporelle des anomalies de précipitations et de température en moyennes estivales et hivernales. Pour cela, deux modèles climatiques régionaux ont été utilisés en s'appuyant sur trois des quatre scénarios considérés dans le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). "De manière à prendre en considération les incertitudes inhérentes à la modélisation climatique, les résultats des deux modèles particuliers sont situés dans un ensemble de résultats de simulations produites au niveau international et européen", précise le document, ajoutant que "les résultats présentés ne doivent pas être interprétés comme des prévisions climatiques exactes pour des points géographiques précis".
Des impacts sensibles à moyen terme…
Quant à l'activité cyclonique, l'étude se contente de reprendre les conclusions du Giec. Cet organisme n'accorde qu'"un faible degré de confiance" à l'évaluation de l'évolution des fréquences d'occurrence des cyclones tropicaux, seules quelques études montrant une augmentation de l'intensité des cyclones dans le bassin Nord-Atlantique et une augmentation de la fréquence des cyclones de catégories 4 et 5 dans les bassins Nord-Atlantique et Pacifique Sud-Ouest. A plus long terme "il est probable que la fréquence globale des cyclones tropicaux diminuera ou restera la même [et] les précipitations moyennes et la vitesse moyenne du vent maximal associées aux cyclones tropicaux augmenteront probablement."
Sans grande surprise, et conformément à ce qu'annoncent les derniers rapports du Giec, le document anticipe en été une augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur, c'est-à-dire une hausse des périodes de cinq jours au minimum au cours desquelles la température maximale quotidienne dépasse de plus de 5°C la valeur de référence. Ces vagues de chaleur devraient représenter entre zéro et cinq jours par an sur l'ensemble du territoire. Le quart Sud-Est devrait être plus fortement touché avec de cinq à dix jours par an étiquetés "vague de chaleur".
Parallèlement, les jours anormalement froids en hiver, c'est-à-dire les jours pour lesquels la température minimale quotidienne est inférieure de plus de 5°C à la valeur de référence, devraient diminuer sur l'ensemble de la France. Cette baisse devrait être de l'ordre de un à quatre jours en moyenne, voire jusqu'à six jours au Nord-Est du pays.
Du côté des précipitations moyennes, le rapport anticipe une légère hausse comprise entre 0 et 0,42 mm par jour en moyenne sur la France. Cette hausse devrait se matérialiser en été comme en hiver, mais du point de vue de sa distribution géographique, le rapport constate "une forte incertitude". Enfin, les deux modèles régionaux utilisés simulent de faibles changements des précipitations extrêmes, mais ils "se situent dans la fourchette basse de l'ensemble multi-modèle européen", explique l'étude.
…qui s'aggravent à long terme
A plus long terme, c'est-à-dire pour la période 2071-2100, la hausse des températures moyennes devrait s'accentuer, pour atteindre 0,9°C en hiver et 1,3°C en été (
La recrudescence des vagues de chaleur devrait elle aussi se poursuivre. Le rapport évoque "une forte augmentation" des vagues de chaleur estivales. Elles pourraient atteindre jusqu'à 20 jours par an pour le scénario RCP8.5. Le Sud-Est devrait être particulièrement concerné, puisque les prévisions les plus alarmistes estiment à 40 le nombre de jours de vague de chaleur. A l'opposée, les périodes de froid extrême devraient être réduites de six à dix jours par an. Mais, "cette diminution devrait être plus limitée sur l'extrême Sud du pays", avancent les chercheurs.
Enfin, la hausse des précipitations moyennes devrait être plus marquée en hiver, avec une hausse comprise entre 0,1 et 0,85 mm par jour, selon les modèles et les scénarios, soit l'équivalent d'un excédent de 9 à 76 mm en moyenne hivernale. En revanche, la pluviométrie estivale pourrait être réduite de 0,16 à 0,38 mm par jour en moyenne (selon les simulations du modèle Aladin-Climat et les scénarios