Face à cette contamination d'ampleur nationale et sous la pression des pêcheurs et des associations de protection de l'environnement, le gouvernement a défini un plan d'action pour identifier, maîtriser voire réduire les risques liés à cette pollution. Celui-ci prévoit dans un premier temps d'améliorer les connaissances scientifiques sur le devenir des PCB dans les milieux aquatiques afin de mieux comprendre les phénomènes de transfert de la contamination des sédiments vers les poissons mais également de mettre au point de nouvelles technologies de décontamination des sédiments.
En parallèle, le plan prévoit une réduction des rejets de PCB car malgré leur interdiction, ces produits sont encore présents dans les anciens transformateurs électriques. Même si un plan d'élimination est en cours, il reste encore plus de 500.000 transformateurs à traiter d'ici à décembre 2010. Les gros détenteurs d'appareils contenant des PCB devraient donc faire l'objet d'un suivi particulier afin d'accélérer la décontamination et l'élimination de ces appareils. Pour cela, ce point a été ajouté en 2008 dans les priorités nationales de l'inspection des installations classées.
Les contrôles sur les poissons destinés à la consommation devraient en outre être renforcés. Sur la base de l'avis de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (Afssa) du 4 février 2008, un nouveau plan d'échantillonnage doit être lancé sur toute la France afin de disposer de données permettant d'interdire ou non la consommation de certaines espèces de poissons sur la base de leur teneur en PCB.
L'Afssa et l'Institut de Veille Sanitaire (InVS) conduiront par ailleurs pendant 2 à 3 ans une étude nationale d'imprégnation aux PCB des consommateurs des poissons de rivière ce qui pourrait déboucher sur l'élaboration de recommandations nationales de consommation des poissons.
Enfin, ce plan prévoit un accompagnement des pêcheurs professionnels et amateurs touchés par les mesures d'interdiction. Ces derniers devraient être exonérés du paiement des baux de pêche et des charges sociales. En parallèle, l'attribution de nouveaux lots de pêche sains est à l'étude dans les départements concernés. Les pêcheurs professionnels qui poursuivront leur activité dans de nouvelles zones de pêche pourraient bénéficier de soutiens financiers pour les investissements nécessaires et ceux qui désirent arrêter leur activité bénéficieraient d'aides à la reconversion ou à la préretraite.
Aucune disposition n'est pour l'instant prévue pour traiter la pollution. Le dragage des sédiments pollués a été évoqué mais cette solution risque de remettre en suspension les PCB en mettant à jour des sédiments encore plus pollués.
Le comité mis en place aujourd'hui a donc la lourde tâche de suivre l'avancement de ces mesures. Outre les ministères concernés, le comité associe les différentes parties prenantes à la réflexion : élus, associations de protection de l'environnement, pêcheurs professionnels et amateurs, industriels, organismes de recherche et d'expertise.
Suite à la présentation de ce plan d'action, la fédération France Nature Environnement (FNE) a exprimé des doutes quant à son efficacité : la tenue de ce plan, qui reprend pour beaucoup le plan Rhône dont la FRAPNA est à l’origine, est une première victoire, cependant, nous relevons des zones d’ombres, explique Alain Chabrolle, représentant de FNE à ce COPIL. Pour FNE, l’utilisation des avis de l’Afssa ne doit pas dériver vers de simples « recommandations diététiques générales », mais au contraire servir de base à de véritables plans de gestion déclinés par milieu. Il s’avère que la durée des études sanitaires telles qu’annoncées est bien trop longue, il est urgent d’obtenir des informations définitives quant aux risques liés à la consommation des poissons contaminés, explique FNE dans son communiqué.
Selon le WWF présent au comité, les réponses apportées ne sont pas à la hauteur des attentes. Les conditions d'indemnisation proposées aux pêcheurs sont aberrantes et impossibles, estime Pierre Chasseray. Vu l'état de pollution des fleuves français il ne faut pas tergiverser mais envisager de grandes mesures d'indemnisation, or là il n'y a rien de concret, ajoute-il. Par ailleurs, depuis plusieurs mois maintenant, le WWF demande de procéder rapidement à une étude d'imprégnation des PCB sur l'Homme. Sur ce point également la déception et la colère l'emportent : on temporise avec la santé des Français, c'est intolérable et puisque personne ne veut prendre ses responsabilités, nous allons faire l'étude. Pour ce faire, le WWF s'est associé avec un collectif de 300 médecins et réfléchit déjà à la manière d'effectuer une campagne de mesures auprès des populations exposées ou non aux PCB.