
Moderniser l'hydroélectricité et construire de nouvelles installations
Le plan national de développement des énergies renouvelables, présenté par le ministre d'Etat le 17 novembre dernier, prévoit de développer une hydroélectricité durable, plus performante en termes énergétiques et exemplaire en matière d'insertion environnementale. Avec 12 % de la production nationale d'électricité (70 térawatts-heure par an), l'hydroélectricité se place comme la première source d'électricité d'origine renouvelable en France. Le pays dispose du deuxième parc installé en Europe après la Norvège.
Le plan national envisage de moderniser et d'optimiser le parc existant en stimulant les investissements. Selon le ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire (MEEDDAT), la mise en concurrence des concessions hydroélectriques (d'ici 2020 un quart de la puissance hydroélectrique totale) sera l'occasion de sélectionner les exploitants sur la base des améliorations d'efficacité énergétique et des mesures de restauration de la qualité de l'eau qu'ils proposeront.
Le scénario prévoit également le développement d'un parc de nouvelles installations à haute qualité environnementale. Un inventaire du potentiel de développement hydroélectrique des cours d'eau devrait être réalisé prochainement.
Selon les associations de protection de l'environnement, le groupe de travail qui planche actuellement sur le développement futur de l'hydroélectricité envisage d'augmenter de 2 à 7 térawatts-heure le parc français, grâce en partie au déploiement de petites installations hydroélectriques. Un objectif qui inquiète les ONG, soucieuses de l'état actuel des cours d'eau.
Une mise en concurrence des services de l'eau dénoncée par les associations
Nos cours d'eau sont en très mauvais état. La modification de l'hydromorphologie apparaît comme un facteur de dégradation au moins équivalent à celui de la pollution, explique Jacques Pulou, responsable de la politique eau de la Frapna (fédération régionale des associations de protection de la nature de Rhône-Alpes).
Les associations de protection de l'environnement demandent donc que le développement de l'hydroélectricité prenne en compte la préservation des milieux aquatiques, à l'heure ou la Directive cadre sur l'Eau (DCE) nous impose de restaurer nos rivières d'ici 2015. Le texte européen entré en vigueur en décembre 2000 prévoit en effet d'atteindre le bon état des eaux d'ici sept ans.
Or, le déploiement de l'énergie hydraulique met en concurrence différents services de l'eau, qu'il faudrait hiérarchiser selon les ONG : les émissions de CO2 évitées par le développement de l'hydroélectricité sont minimes par rapport à la dégradation des milieux causée par un tel développement. Les coûts que la dégradation des cours d'eau engendre sur les autres usages (pêche, tourisme, eau potable…) ne sont pas compensés par la production d'électricité, souligne Bernard Rousseau, responsable du réseau eau de France nature environnement (FNE). Les associations, loin de s'opposer à l'hydroélectricité, préconisent une plus grande prudence.
On priorise les investissements sur la modernisation des sites existants et sur la préservation des sites vierges. Si nous commençons à dégrader un point qui est déjà dégradé, nous ne parviendrons pas à l'objectif de la DCE, explique Jacques Pulou.
Les associations de protection de l'environnement proposent que de nouvelles mesures viennent compléter le plan, afin de permettre un meilleur équilibre entre production hydroélectrique et restauration des rivières : une solution serait un plan ambitieux d'effacement de seuils. Pour mémoire, il existe plus de 40.000 petits seuils en France, souvent dommageables pour l'écologie des cours d'eau, et dont seulement 10 % ont un usage avéré.