L'Anses a rendu, le 24 janvier 2013, un avis relatif à l'interprétation sanitaire des résultats d'analyse (1) en dioxines, PCB et mercure des poissons pêchés dans les cours d'eau du bassin Rhin-Meuse. Elle avait été saisie d'une telle demande le 13 mars 2012 par la Direction générale de l'alimentation.
"Définir, au regard des niveaux de contamination observés, la conformité ou la non conformité par rapport aux limites réglementaires actuelles en dioxines, furanes, PCB de type dioxine et PCB de type non dioxine des poissons pêchés dans le bassin Rhin-Meuse pour les différents sites étudiés". Tel était l'objet de l'avis rendu par l'Agence de sécurité.
Restrictions de commercialisation et de consommation
"Les espèces apparaissant conformes aux limites réglementaires peuvent être commercialisées et consommées dans les secteurs considérés", quelque soit le contaminant, indique l'Anses. Quant aux espèces apparaissant non conformes aux limites réglementaires, elles "devraient faire l'objet de restriction de commercialisation et de consommation dans les secteurs considérés".
Concernant la contamination des poissons par dioxines, furanes et PCB, des recommandations particulières sont émises par l'Anses pour les anguilles : quelle que soit leur masse, elle recommande de ne pas les commercialiser, ni les consommer, en raison de leur non-conformité aux limites réglementaires sur plusieurs secteurs tels que l'Ill et ses affluents, le Rhin et le grand canal d'Alsace.
Pour la Moselle et l'Orne, elle établit les mêmes restrictions pour les anguilles et les espèces "fortement bio accumulatrices" (barbeaux, brèmes, carpes, silures). Quant aux espèces "faiblement bio accumulatrices" (brochets, chevesnes, gardons, goujons, hotus, perches, rotengles, sandres, tanches, ablettes) présentes dans la Moselle et l'Orne, la Meuse et la Chiers, leur commercialisation et leur consommation sont écartées au-delà d'une certaine masse.
Ces mesures restrictives sont également prescrites en cas de contamination des poissons par le mercure au-delà de certaines masses dans les différents secteurs du bassin Rhin-Meuse. Dans le secteur de l'Ill et de ses affluents, elles sont recommandées "pour des espèces "fortement accumulatrices" (anguille, brochet) en mercure réglementées à 1 mg Hg/kg PF dont les masses sont supérieures à 1.500g".
Enfin, "des prélèvements supplémentaires pourraient être effectués pour conforter les conclusions relatives aux espèces faiblement accumulatrices (truite, hotu, ablette, gardon) dans le Rhin, le Grand Canal d'Alsace, la Moselle et l'Orne".
Au total, 368 lots de poissons ont été analysés dans cet avis pour la contamination aux dioxines, furanes et PCB, et 137 analyses ont été utilisées pour le mercure.
Renforcement de la sévérité des recommandations
Cet avis actualise les précédents avis de l'Anses concernant le bassin Rhin-Meuse, notamment celui rendu le 30 juin 2010 (recommandant des prélèvements supplémentaires d'espèce "fortement bio accumulatrices" sur l'Ill et ses affluents, le Rhin et le nord du Grand Canal d'Alsace, et des prélèvements d'anguille sur les affluents de l'Ill). L'Agence avait déjà émis des recommandations plus générales telles que des restrictions de pêche et de commercialisation pour plusieurs bassins sur le territoire national.
Ces avis interviennent dans le cadre du plan national d'actions sur les PCB, lancé en 2008 par les ministères de l'Ecologie, de l'Agriculture et de la Santé, suite à "l'observation récurrente de dépassements des limites réglementaires communautaires", rappelle l'Anses.
