Comme prévu dans son programme d'investissement quinquennal pour la période 2016-2020, le Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) commence à mettre en place le traitement d'osmose inverse basse pression pour améliorer la qualité de l'eau potable délivrée à ses 150 communes adhérentes. L'objectif : produire une "eau pure, sans calcaire et sans chlore", comme l'indique son slogan.
L'usine d'Arvigny (Seine-et-Marne), qui dessert cinq communes (1) sera la première équipée. "D'une dimension raisonnable, elle produit 20.000 m3/jour, et c'est celle qui a l'eau la plus calcaire", explique Christophe Perrod, directeur général des services (DGS) du Sedif. Les études sont terminées, et l'appel d'offres de travaux sera lancé à l'été 2018. Les travaux devraient débuter en 2019 pour une mise en service fin 2020.
La technologie retenue, l'osmose inverse basse pression, est proche de l'osmose inverse utilisée pour le dessalement de l'eau de mer. Elle nécessite une pression plus basse, entre 10 et 15 bars contre 60 à 80 bars pour le dessalement classique, d'où une consommation énergétique moins importante. "C'est la seule technique qui permet de répondre à la triple demande du Sedif : réduire le taux de calcaire, les micropolluants, et l'ajout de chlore dans l'eau", affirme Christophe Perrod.
Une technologie pour trois objectifs
Pour le calcaire, l'objectif est de parvenir à un degré de dureté inférieur à 10°F (2) , la teneur moyenne se situant entre 23 et 25°F. Pour les micropolluants (résidus de médicaments, perturbateurs endocriniens), il s'agit de rassurer le consommateur et d'anticiper d'éventuelles évolutions réglementaires. Le Sedif suit cette thématique depuis une dizaine d'années. "Il y a des micropolluants, pas énormément, et quasiment plus à l'issue de nos usines de traitement", indique Christophe Perrod. De plus, abattre cette matière organique résiduelle permettra de réduire voire supprimer l'ajout de chlore dans l'eau.
Le Sedif prévoit d'équiper ses deux autres sites de production d'eau potable de Choisy-le-Roi (Val de Marne) et de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), pour un montant estimé entre 300 et 400 millions d'euros. Les appels d'offres d'étude seront lancés à l'été 2018. "Le prix pourrait même être inférieur, car le marché mondial du dessalement est en pleine explosion, et les prix des membranes sont en baisse", indique Christophe Perrod.
Pour le consommateur, cet équipement se traduira par un surcoût de 2 centimes d'euros par m3. Le Sedif assure que les économies engendrées (3) seront trois fois plus élevées.