"Il est hautement probable que l'influence humaine sur le climat soit responsable de plus de la moitié de la montée des températures à la surface du globe entre 1951 et 2010." Telle est l'une des conclusions tirées d'une version provisoire du premier volet du cinquième rapport du Giec.
Le New York Times, a pu consulter le document qui sera présenté officiellement à l'automne. Le Giec estime, dans cette version provisoire de son cinquième rapport de synthèse depuis sa création en 1988, qu'"il y a un degré élevé de confiance pour dire que [l'influence humaine] a engendré le réchauffement des eaux océaniques, fait fondre la neige et la glace, et fait monter les océans".
En réaction à ces fuites, le Giec rappelle dans un communiqué que "le projet de rapport sera probablement modifié pour prendre en compte des commentaires des différents pays reçus ces dernières semaines et sera examiné par des représentants gouvernementaux et des scientifiques lors d'une réunion de quatre jours fin septembre avant d'être approuvé", ajoutant qu'"il est donc prématuré de tirer des conclusions de ce projet de rapport".
Un rapport sans grands bouleversements
Le Guardian indique pour sa part que par rapport au document précédent présenté en novembre 2007, le futur rapport n'apportera pas de grandes nouveautés mais plutôt de légers changements dans les niveaux de certitude atteints. Il faut surtout s'attendre à un ton plus ferme, même si la version finale pourrait être édulcorée par rapport au projet qui a fuité, craint le climatologue américain Michael Mann interrogé par l'AFP. "Les scientifiques qui participent à l'élaboration du rapport du Giec pourraient craindre, s'ils sont trop brutaux quant aux impacts futurs du réchauffement, de déchaîner les attaques des climato-sceptiques", estime le directeur du Centre des sciences de la Terre à l'Université de Pennsylvanie, ajoutant qu'"[il] pense que ces pressions, couplées à la réticence naturelle des scientifiques à tirer des conclusions trop tranchées, font que le rapport final du Giec pourrait minimiser le facteur humain dans le changement climatique".
En six ans, les outils de suivi et d'analyse du climat ont progressé et les certitudes relatives au rôle joué par les activités humaines dans ces changements se sont renforcées. Néanmoins, le Guardian rappelle que les éléments les plus importants étaient déjà bien connus en 2007 : les températures augmentent, les océans se réchauffent et s'acidifient, le niveau des mers s'élève, les glaciers fondent et, élément important, "c'est avec un degré de très haute confiance [c'est-à-dire qu'il y a au moins 9 chances sur 10 pour que l'affirmation soit correcte] que l'on peut affirmer que l'effet global moyen net des activités humaines depuis 1750 a été le réchauffement", affirmait déjà le Giec en 2007. Il devrait confirmer tout cela à l'automne et préciser certains points, notamment concernant la fonte des glaces en Arctique et au Groenland qui semble s'accélérer.
La principale nouveauté concernera l'introduction d'estimations à court terme (d'ici 10 ans) ou à très long terme (jusqu'en 2300) et l'amélioration des données régionales. Autant d'innovation dont les résultats commencent à être présentés et dont on sait déjà qu'ils sont marqués par de grandes incertitudes. Quant aux sujets les plus délicats, tels que l'impact du réchauffement climatique sur les événements météorologiques extrêmes comme les tempêtes, ils sont toujours aussi débattus.