"Sur l'ensemble de la chaîne alimentaire, les pertes et gaspillages représentent en masse 10 millions de tonnes [par an], soit une valeur commerciale théorique estimée à 16 milliards d'euros, leur impact carbone s'élève à 15,3 millions de tonnes équivalent CO2, soit 3% de l'ensemble des émissions de l'activité nationale." Tels sont les résultats de l'étude sur les pertes et gaspillages alimentaires que l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a rendu publics ce jeudi 26 mai.
Or, "plus le gaspillage a lieu en bout de chaîne, plus le produit est chargé en CO2", explique Antoine Vernier, coordinateur de l'étude. Le poids carbone du produit augmente en effet au fil de la chaîne, tout comme sa valeur économique, du fait de l'impact du transport, de la transformation, de la vente, ou encore de la publicité, explique l'Ademe.
82% des émissions de GES
Tant et si bien que la contribution des produits animaux au bilan des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'ensemble des gaspillages atteint 82%. Ces produits, explique l'étude, cumulent en effet les impacts liés à l'élevage et à la production de leur alimentation. Au plan économique, le constat est semblable mais dans une moindre mesure : les produits animaux représentent 54% de la valeur théorique commerciale de l'ensemble des gaspillages.
Parmi les produits des filières animales les plus gaspillés figurent les produits de la pêche (30%), les volailles (21%) et le lait (15%). Pour les premiers, les pertes importantes s'expliquent par les captures de poissons non désirés et rejetés à la mer. La nouvelle politique commune de la pêche (PCP), mise en œuvre progressivement d'ici 2019, devrait permettre de réduire ces gaspillages, relève l'Ademe.
Pour les seconds, "les restes de poulet ou le fond de bol de lait par exemple peuvent être très faibles en poids par repas mais, au total, sur l'ensemble des repas que les consommateurs prennent à la maison, cela représente un poids important", pointent les auteurs de l'étude.
Conclusion ? "Cette filière montre que si tous les acteurs contribuent aux pertes et gaspillages alimentaires, les pertes et gaspillages très peu visibles du consommateur ont un lourd impact sur le plan économique et environnemental."