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Le Grenelle de l'environnement ébranlé ?

Le symbole est de taille. Après le recul du gouvernement sur la taxe carbone, Nicolas Hulot qui a porté le Pacte écologique a décidé lundi, à travers sa fondation, de se retirer du processus du Grenelle de l'environnement. Réactions.

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
   
Le Grenelle de l'environnement ébranlé ?
A l'hôtel de Roquelaure, octobre 2007
© MEEDDM
   
C'est un zéro pointé que Nicolas Hulot adresse au gouvernement après avoir attribué un 18/20 au président de la République à l'issue des travaux du Grenelle en octobre 2007. Celui qui, dans son grand oral d'alors, réclamait ''une révolution dans nos façons de penser et dans nos façons de décider, une révolution dans nos comportements, dans nos politiques, dans nos objectifs et dans nos critères'' et avait un souhait : ''ne pas décevoir'', se retrouve sévèrement jugé par l'animateur écolo.
La crise est passée par là et l'ambition de l'époque (''notre ambition n'est pas d'être aussi médiocre que les autres sur les objectifs, ce n'est pas d'être dans la moyenne. Notre ambition, c'est d'être en avance, d'être exemplaire'') a été revue à la baisse : ''les événements de ces derniers mois montrent que nous n'avons pas été compris, analyse Cécile Ostria, directrice générale de la Fondation Nicolas Hulot (FNH). Alors que les crises écologiques et climatiques menacent directement l'économie et l'emploi, et en particulier les plus vulnérables d'entre nous, le discours politique nous explique presque systématiquement que l'environnement est une contrainte pour l'économie et qu'il crée des déséquilibres sociaux''.
Le recul du gouvernement sur la taxe carbone a été la goutte d'eau de trop ! La FNH a décidé de se désengager, regrettant les ''arbitrages finaux opposant écologie et économie. Dans un souci d'efficacité et de respect vis-à-vis des 750.000 citoyens qui ont signe le Pacte écologique, la Fondation prend la décision de suspendre sa participation à ces groupes de travail. Cela ne signifie pas que nous souhaitons rompre le dialogue avec les acteurs politiques ; mais nous pensons qu'il est nécessaire de définir des modes d'actions plus efficaces. Quand les décideurs politiques prendront des décisions structurantes, nous reviendrons au sein des groupes de travail''.
Un coup de gueule qui n'a pas manqué de susciter son cortège de réactions…

Les ONG pour une poursuite du dialogue…

La fédération France Nature Environnement (FNE) se dit surprise de la décision de la FNH mais comprend son inquiétude. ''Notre fédération regretterait que la fondation soit conduite à se retirer du dialogue environnemental sans précédent que nous avons ensemble contribué à construire''.
FNE voit cependant dans le report de la taxe carbone à une décision communautaire, ''un très mauvais signal envoyé à la communauté internationale, pour qui la France pourrait sembler renoncer à vouloir assumer le leadership sur la fiscalité environnementale et aux Français et écolo-sceptiques qui pourraient y voir une confirmation de leurs doutes sur la volonté de concrétiser les 277 engagements du Grenelle de l'environnement et les 137 autres du Grenelle de la mer''.
Pour le WWF France, l'annonce du retrait de la FNH du processus de suivi du Grenelle ''est une très mauvaise nouvelle. Elle fait suite à un certain nombre d'annonces d'abandon et de remises en question (taxe carbone, déclarations du président de la République faites lors de la dernière édition du salon de l'Agriculture, rapport sur l'éolien, 3ème EPR, etc) qui donnent à penser que le Grenelle de l'environnement n'a été qu'une parenthèse que les conséquences du second tour des régionales seraient en train de clore''.
Les ONG n'emboîtent pas pour autant le pas de la FNH. ''Nous n'allons pas nous retirer des centaines de commissions où nos associations siègent pour laisser le champ libre à toutes les pressions... Nous devons continuer à faire nous-mêmes pression en faveur de l'environnement que les Français n'ont pas oublié contrairement à nombre de lobbies et de décideurs qui voudraient bien revenir en arrière, et continuer leurs petites affaires comme avant, bien loin du dérèglement climatique, de l'érosion de la biodiversité, des dysfonctionnements révélés par la tempête Xynthia'', explique Christian Garnier, vice Président de FNE. Et de rappeler les nombreux autres chantiers ouverts à la suite du Grenelle (''plusieurs centaines'') dont ''plusieurs d'entre eux ont déjà débouché sur des avancées importantes (plan santé-environnement, gouvernance à cinq collèges permettant à tous les acteurs de dialoguer en sortant des postures traditionnelles, rénovation thermique des bâtiments, plan de réduction de 50% des pesticides, démarrage de la trame verte et bleu comme outil de protection de la biodiversité…)''.

… face au ''réalisme'' politique

Même son de cloche au ministère en charge de l'Ecologie où Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno rappellent dans un communiqué l'importance du processus Grenelle : ''jamais dans notre histoire, il n'y en a eu autant en si peu de temps. La mobilisation de tous les acteurs : élus, entreprises, syndicats, associations de protection de l'environnement, scientifiques, etc… est au nombre de celles-là. Sur les 273 engagements pris collectivement en octobre 2007, dans le cadre du Grenelle Environnement, la grande majorité est aujourd'hui entrée en application ou est en cours de mise en place''.
Les tâtonnements sur la taxe carbone ? ''L'engagement du Grenelle Environnement ne portait que sur une étude. Or sa mise en place, souhaitée par le Président de la République, a été votée par le Parlement. Son rejet partiel par le Conseil constitutionnel rend la démarche un peu plus longue et nécessite une réponse juridique européenne. Ce sujet sera à l'ordre du jour du Conseil européen en juin prochain. Bref, la fiscalité écologique est et restera une priorité absolue de l'action gouvernementale, comme le prouvent les nombreuses dispositions fiscales adoptées depuis deux ans''.
La désespérance semble avoir laissé place à l'optimisme du côté de l'hôtel de Roquelaure !
Les propos de Jean-François Copé, chef de file des députés UMP, ne laisse pourtant pas planer de doute sur un sentiment largement partagé dans la majorité présidentielle : ''si on ne le fait qu'en France'' cela va ''alourdir les charges de nos entreprises, les pénaliser au détriment d'entreprises de pays européens qui, eux, ne seront pas contraints de faire cet effort (…). On est pour, mais au niveau européen''.
Même sentiment chez Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture : malgré le cap fixé par le gouvernement d'aller vers une agriculture durable, ''on ne peut pas demander aux agriculteurs français d'être compétitifs et en même temps de faire plus en matière environnementale que leurs voisins''. La taxe carbone ? ''C'était sage de dire que cette taxe s'appliquerait lorsqu'il y aurait un accord en Europe''.
Il est bien loin le temps où Nicolas Sarkozy martelait : ''il faut avoir le courage de décider autrement, de changer les méthodes''.
Le WWF demande d'ailleurs ''au président de la République d'organiser dans les plus brefs délais une réunion avec les ONG parties prenantes du Grenelle pour confirmer réellement les engagements du Grenelle qu'il a pris publiquement en octobre 2007 au Palais de l'Elysée''.
Jean-Louis Borloo donne, de son côté, rendez-vous aux ONG ''lors d'un prochain comité de suivi du Grenelle Environnement afin d'établir une nouvelle analyse objective et partagée des avancées, des points de difficultés, voire des nouvelles impulsions à donner au processus''.
Et de rappeler l'arrivée de la prochaine échéance, le 6 mai prochain, à l'Assemblée nationale pour l'étude de la loi dite Grenelle 2. ''La parole est au Parlement'', conclut le ministre d'Etat comme un passage de relais…

Réactions3 réactions à cet article

Quelle Honte!

Est-ce la fin du Grenelle et de ce qu'il représentait? Il s'agit du deuxième coup dur en deux semaines avec l'abandon, ou du moins le décalage de la taxe carbone... A ce rythme, le pacte écologique ne tiendra plus longtemps...

Quelle Energie | 30 mars 2010 à 16h53 Signaler un contenu inapproprié
Re:Quelle Honte!

Et bien oui, encore et toujours ce foutu "principe de réalité" qui resurgit .Les belles idées, grandes et généreuses, les beaux discours donneurs de leçons trouvent leur limite quant il s'agit de "Passer à la Caisse". Continuons à trier nos ordures, économisons l'eau, roulons à vélo, faisons un enfant...de moins , et surtout cessons de croire au PERE NOËL et à st NICOLAS

Vartol | 30 mars 2010 à 18h13 Signaler un contenu inapproprié
taxe carbone

c'est toujours l'argent qui compte pour les decideurs de ce monde, et tant que ca change pas, nous le peuple, on ne peut malheureusement rien faire que subir, les dirigents prennent le droit de pourrir le monde, de nous cacher beaucoup de choses(extraterrestres)et se rendent pas compte , que meme pour eux et leurs enfants, il faudrait faire quelquechose maintenat, c'est deja presque trop tard!

antonia muller | 01 avril 2010 à 10h43 Signaler un contenu inapproprié

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