En mars 2022, au cœur du site historique de Renault à Flins-sur-Seine (Yvelines), Hyvia inaugurait son usine spécialisée dans la fabrication de piles à combustible (PAC) de 30 kW, destinées aux véhicules utilitaires à hydrogène du constructeur français. Objectif de cette coentreprise entre Renault Group et Plug Power : produire 1 000 PAC par an, reposant sur la technologie à membrane échangeuse de protons (PEM), mais également assembler des stations de recharge à installer chez ses clients.
Moins d'un an plus tard, l'entreprise dresse un premier bilan positif de ses progrès et de ses perspectives, malgré la hausse du coût des matières premières et de l'énergie. Destiné au transport de marchandises, son Master Van H2-Tech circule déjà sur les routes européennes, en test pour quelques mois chez une douzaine de partenaires tels qu'Airbus, Chronopost, Engie ou Orange en France, ou bien les logisticiens Hamburger Hafen und Logistik AG et Packeta en Allemagne. La version de série est désormais ouverte à la réservation en ligne. Après avoir multiplié les contacts lors du Mondial de l'auto à Paris et du Salon du véhicule utilitaire à Hanovre, Hyvia mise cette année sur une accélération des commandes, de quelques dizaines à quelques centaines d'unités pour atteindre plusieurs milliers en 2024.
Minibus et stations de recharge
Prévue pour transporter jusqu'à 15 passagers, sa déclinaison en City bus a, elle aussi, trouvé ses premiers clients tests, à commencer par la RATP, et des partenaires pour sa fabrication : PVI en France, Qibus en Italie, ou Mellor en Scandinavie. Référencée par l'Ugap, la centrale française d'achats publics, elle sera fabriquée dès cette année. « Nous avons déjà noué des contacts avec des mairies et des communautés de communes en vue de négociations prochaines dans plusieurs pays d'Europe, notamment avec celles qui mettront en place une zone à faibles émissions, indique Mehdi Ferhan, directeur général chargé des opérations chez Hyvia. À terme, 200 villes sont concernées. Nous en sommes même au stade de la discussion sur les caractéristiques techniques et économiques attendues et sur le niveau de transformations à apporter... »
Des signaux encourageants
Si la jeune entreprise suit attentivement les évolutions de la conjoncture, ses fluctuations actuelles ne l'inquiètent pas trop pour le moment. La généralisation des zones à faibles émissions et l'entrée en vigueur de la norme Euro 7 sur les émissions des véhicules en 2025, puis la fin annoncée de la vente des véhicules thermiques en 2035 jouent en sa faveur. Quant aux retours d'expérience, ils sont également encourageants. « Depuis le mois de mars 2022, nous avons beaucoup écouté nos clients. Nous avions de plus en plus de véhicules disponibles à confronter au marché et aux différents cas d'usage. Cela nous a permis de caractériser un véritable gain de compétitivité de l'hydrogène par rapport à l'électrique, en cas d'usage intensif, grâce à la rapidité du ravitaillement, commente Mehdi Ferhan. Pour la livraison du dernier kilomètre, la plus-value est apportée par l'autonomie du véhicule, capable de revenir au dépôt à la fin de la journée sans avoir eu besoin d'une recharge. »
La validation par la Commission européenne, en juillet 2022, du projet important d'intérêt européen commun (Piiec), HY2Tech, qui inclut Hyvia, devrait par ailleurs ouvrir à l'entreprise l'accès à des financements publics. De quoi lui assurer d'accroître ses capacités en R&D et de développer de nouveaux produits – voire ses propres électrolyseurs –, mais aussi de renforcer son outil afin de passer à l'échelle industrielle, pour ses véhicules comme pour ses stations. « Or, accroître notre capacité de production signifie aussi mieux contrôler nos coûts, donc amener les véhicules à hydrogène à une totale compétitivité vis-à-vis des véhicules thermiques », remarque Mehdi Ferhan.