Aujourd'hui, l'Institut National de l'Energie Solaire réunit près de 80 collaborateurs de haut niveau sur ses trois plates-formes, indique Jean-Pierre Joly, chef du Département des technologies solaires. Il en comptera plus de 200 d'ici 2009 ! L'idée de créer un centre de référence dans le domaine du solaire est née en 1998 de la volonté du Département de la Savoie et de la Région Rhône-Alpes, ainsi que de l'Ademe. En 2005, c'est la présence de la plupart des industriels du secteur dans un rayon de 100 km et l'investissement des grands laboratoires de recherche que sont le CEA, le CNRS, l'Université de Savoie et le CST, qui a déterminé l'implantation de l'INES au Bourget-du-Lac en Savoie, avec une équipe de 10 personnes. En juillet 2006, tous ces acteurs réunis au sein du Comité de pilotage de la nouvelle structure coopérative, signent une convention avec le Ministère de la Recherche. Objectif : conférer à l'INES une dimension à l'échelle des enjeux.
Avec un budget de 20 M€, INES RDI (Recherche, Développement et Innovation) a pour objectif de développer des technologies innovantes dans le solaire photovoltaïque et thermique. Pour accroître sa compétitivité, le solaire photovoltaïque doit relever trois grands défis, estime Jean-Pierre Joly. À savoir, la pénurie de silicium de qualité solaire qui limite les augmentations de capacité dans le monde entier, la poursuite de la baisse des coûts en termes de fabrication, d'installation et d'exploitation des solutions, ainsi que l'amélioration de leur intégration au bâti pour une cohérence globale !
Le premier défi oblige à diversifier l'approvisionnement en silicium qui représente 92 % des cellules solaires à l'heure actuelle. À cet effet, les recherches se concentrent sur l'obtention de silicium métallurgique par un procédé de purification basé sur la fission, sur l'augmentation du rendement de conversion en électricité des cellules solaires (18 % attendus en 2008 contre 16 % aujourd'hui), et sur le développement de nouveaux systèmes de stockage de l'énergie. La problématique ? Passer de 5€ à 1€/Wcrête - c'est-à-dire diminuer le coût du KWh de 50 cts d'euro à 10 cts - et garantir l'efficience des systèmes en terme de rapport durée de vie/usage ! Alternative au silicium : les polymères. Ici, l'objectif est de développer des cellules solaires nanocomposites (inférieure à 0.2 mm d'épaisseur), flexibles et de grande surface. Aujourd'hui, le rendement n'est que de 4 % mais les procédés de production à prix réduit des produits organiques offrent des avantages considérables.
Dans le domaine du solaire thermique, poursuit Jean-Pierre Joly, la R&D permet d'optimiser les produits existants sur le marché et de les moduler en fonction de l'usage ou de l'énergie de complément choisie. Autres pistes de recherche : des systèmes combinés eau chaude/chauffage, et la climatisation solaire. Soit 4300 m2 de bâtiments, dont 400 m2 consacrés aux essais du solaire thermique, 1 200 m2 à la plate-forme PhotoSIL, 2000 m2 aux systèmes PV/stockage, et 700 m2 au stockage/cellules.
Le développement de la filière solaire et la généralisation des installations individuelles ou collectives induisent un besoin de formation des professionnels et des donneurs d'ordre. C'est la priorité de la seconde plate-forme INES Education qui forme également des formateurs, notamment avec l'Education nationale. En 2006, ce sont 20 formations continues standard qui ont été dispensées par des experts nationaux et internationaux, des sociétés privées ou des institutions publiques. En partenariat avec l'ADEME et les collectivités territoriales, INES Education assure aussi le retour d'expérience et un centre de ressources.
INES Démonstration met en œuvre les systèmes issus de la plate-forme RDI ou de partenaires industriels. Cette troisième plate-forme qui repose sur des outils de démonstration des technologies solaires, implique la construction de nouveaux laboratoires sur une surface de 3 000 m2. Les investissements ont été consentis par le Conseil général de la Savoie pour un total de 15 M€, précise encore le chef du Département des technologies solaires. Ils permettront notamment de réaliser quatre maisons expérimentales bourrées de capteurs, afin d'étudier les solutions proposées par les constructeurs et les industriels.
Se profile également un projet immobilier ambitieux pour lequel un concours international d'architecture a été lancé l'été dernier. Doté d'une enveloppe budgétaire de 8 M€*, il concerne la construction à la fois d'un bâtiment emblématique de l'INES et d'une structure très performante sur le plan énergétique. Le 17 avril prochain, le lauréat sera choisi par le jury parmi les trois équipes restant à concourir sur quelques 40 dossiers de candidature reçus de toute l'Europe : Michel Remon (France), Behnisch (Allemagne) et Mario Cucinella (Italien). Quant au premier coup de pioche, il est prévu pour 2008.
*L'ensemble des investissements est financé par les partenaires de l'INES, tant pour les infrastructures immobilières que pour les installations nécessaires à la recherche. Le financement des équipes de recherche et de leur fonctionnement est assuré par leurs structures d'appartenance (CEA, CNRS et Université de Savoie). Des crédits de recherche (dont ceux de l'Agence nationale de la recherche) complètent ce dispositif au niveau du développement des différents programmes, notamment par le biais du pôle de compétitivité TENERRDIS.