Depuis le lancement officiel du label ISR par les pouvoirs publics en janvier 2016, neuf sociétés de gestion ont obtenu le label pour 58 fonds représentant 10 milliards d'euros d'encours. Créé par décret, ce label distingue les fonds qui investissent dans des entreprises aux pratiques responsables en matière environnementale, sociale et de bonne gouvernance (critères ESG).
Faire connaître l'ISR sur le terrain
Demandé par les acteurs de l'Investissement socialement responsable (ISR), ce label doit permettre aux épargnants d'identifier plus facilement les placements ISR. Car ce type d'investissement est plutôt méconnu des particuliers. Selon la dernière édition de l'étude de marché biennale d'Eurosif, l'ISR présente une croissance à deux chiffres, plus rapide que le marché européen de la gestion d'actifs dans son ensemble. Mais c'est surtout grâce aux investisseurs institutionnels (caisses de retraite, fonds souverains…). Les particuliers passent encore peu à l'acte et la part des produits responsables dans leur épargne (assurance-vie, comptes titres, plan d'épargne en actions (PEA)) est encore très faible (moins de 2%). Seule l'épargne salariale se distingue pour le moment avec un tiers de ses encours ISR.
Ce label doit donc permettre d'identifier facilement des investissements favorisant le développement durable tout en visant le même rendement financier que des produits classiques. Encore faut-il que les conseillers financiers, premier point de contact avec les épargnants, soient informés. Tout l'enjeu est là désormais. "De nombreux travaux de recherche ont démontré qu'il manquait des signaux pour orienter les épargnants", remarque Nicolas Motis, professeur à l'Ecole polytechnique et membre du comité scientifique du label ISR. Selon un sondage Ipsos réalisé en 2016 pour le Forum pour l'investissement responsable (FIR) et Vigeo Eiris, seulement 4% des personnes interrogées se sont vues proposer de l'ISR par leur établissement financier en 2016. Près d'un tiers des Français sondés estime qu'un label sur les produits d'épargne, soutenu par les pouvoirs publics, les inciterait à choisir l'ISR.
A la Banque postale, on reconnaît une forme "d'acculturation" des conseillers bancaires sur ce sujet. "Ce label va permettre de proposer à nos clients des produits crédibles", explique Nicolas Vantreese, responsable développement durable du groupe. Les 11.000 agences de ce distributeur de produits financiers vont communiquer toute l'année sur les fonds labélisés. "Si nous sommes convaincus que la finance responsable peut être une partie de la solution aux enjeux du monde actuel, elle ne peut se développer qu'avec le soutien du grand public. Les labels sont donc essentiels pour donner confiance aux investisseurs qui veulent pouvoir mesurer l'impact réel de leurs investissements", estime Philippe Zaouati, directeur général de Mirova.
Un label amené à être renforcé
Un comité de suivi du label a été mis en place. Sa présidente Nicole Notat, directrice du cabinet de notation environnementale Vigeo, entend bien rester attentive à son efficacité, à la manière dont les conseillers financiers vont le prendre en main et surtout à la réaction des épargnants. "Vont-ils trouver les offres qu'ils attendent ?", s'interroge-t-elle.
"Ce label s'inscrit dans une approche dynamique de progrès", explique Nicolas Motis de l'Ecole polytechnique. Des indicateurs de suivi vont être mis au point pour suivre son application et profiter des retours de terrain. Le comité de suivi sera appuyé d'un comité scientifique qui sera chargé de proposer des améliorations pour faire évoluer les critères et la gouvernance du système.
Attirer de nouveaux candidats
Si 58 fonds sont déjà labélisés, le comité de suivi du label ne veut pas s'arrêter là. La France compte 30.000 fonds d'investissement, le potentiel est donc énorme. La dynamique semble lancée. Du côté des deux certificateurs, Afnor Certification et EY France, la liste des demandes ne désemplit pas. Une traduction anglaise du cahier des charges est également en cours pour attirer des fonds étrangers. Afnor Certification et EY France constatent en effet un intérêt de la part de sociétés de gestion étrangères : "Il existe d'autres labels de ce type en Europe comme en Belgique ou en Allemagne mais c'est le seul à être porté par les pouvoirs publics. Chez nos voisins, les labels sont portés par des associations, ce qui ne donne pas la même légitimité", remarque Jean-Philippe Rayssac du département environnement et développement durable d'EY.