430 milliards d'euros. Tel serait le coût total d'un accident nucléaire majeur similaire à celui de Fukushima (Japon) en France, selon une étude réalisée par l'Institut national de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Si les dégâts sur le site ne s'élèveraient qu'à 8 milliards d'euros, le coût pour l'image de la France serait de l'ordre de 160 milliards, constitué notamment des pertes de recettes touristiques. A cela s'ajouteraient le coût radiologique en dehors du site (53 milliards), la contamination des territoires (110 milliards) et les coûts associés au chamboulement de l'outil de production électrique français.
"Au total, un accident nucléaire majeur pourrait coûter plus de 400 milliards d'euros, c'est-à-dire plus de 20% du PIB annuel français ou plus de dix ans de croissance économique", synthétisent les auteurs de l'étude, ajoutant que "faute de référence comparable, cela peut être comparé au coût d'une guerre régionale".
En 2005, l'ASN a demandé à l'Institut national de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) d'analyser la pertinence d'une évaluation du coût d'un accident, ainsi que de retenir une hypothèse sur sa probabilité d'occurrence. A la suite de ces travaux d'expertise, l'IRSN a entrepris de réaliser ses propres recherches sur le coût de l'accident.
Certains résultats ont été présentés au début de l'année lors d'un colloque, puis mercredi 6 février au centre de recherche nucléaire de Cadarache (Bouches-du-Rhône) à l'occasion d'un voyage de presse.
Publier les études
Bien qu'astronomiques, ces coûts s'inscrivent en baisse par rapport à une précédente évaluation réalisée par ce même Institut. "La Cour des comptes, dans son rapport sur le coût du nucléaire de février 2012, écrivait que les estimations de l'IRSN donnent un coût moyen compris entre 600 et 1.000 milliards d'euros pour un accident très grave comme ceux de Tchernobyl ou de Fukushima", rappelle Europe-Ecologie-Les-Verts. Aussi le parti demande-t-il que "dans un souci de transparence, les études de l'IRSN soient intégralement rendues publiques".
L'IRSN a travaillé sur deux scénarios d'accident intégrant tous deux la fonte du cœur d'un réacteur de 900 mégawatts de puissance. Un premier scénario se base sur un contrôle des émissions radioactives. Son coût serait "limité" à 120 milliards d'euros, soit 6% du PIB français. Le second scénario, évalué à une perte de 430 milliards, tient compte de rejets importants.
L'Institut s'attacherait désormais à chiffrer les risques géographiques de chacun des dix-neuf sites français, selon Les Echos. Ainsi, le site détaille qu'un accident majeur à la centrale de Gravelines (Nord) toucherait environ 120.000 personnes, celle de Dampierre (Loiret) environ 35.000 et celle du Bugey (Ain), environ 160.000.
"Conserver le contrôle des fonctions ultimes de sûreté d'un réacteur"
L'IRSN dans une note de présentation de ses travaux souligne que "l'écart considérable de l'ordre de grandeur des coûts entre un accident grave avec des rejets maîtrisés et limités d'une part, et un accident majeur avec des rejets incontrôlés précoces invite aussi à recommander les investissements (pour) conserver le contrôle des fonctions ultimes de sûreté d'un réacteur, même dans des conditions très dégradées". Pour lui, la préparation à la gestion de la phase d'urgence de ces événements et leurs conséquences s'avère cruciale.
"La nécessaire préparation préalable au niveau des territoires reste un défi du fait de la réticence de nombreux acteurs locaux à aborder ce thème", regrette l'institut.
Pour l'IRSN, une réflexion internationale serait utile sur la question de l'indemnisation des dommages. Le coût d'accidents imposerait selon lui la mise au point de nouveaux types de réacteurs "qui non seulement présentent des probabilités plus faibles qu'aujourd'hui de causer un accident grave, mais permettraient aussi de par leur conception d'arriver à une élimination pratique de ce type de scénario accidentel conduisant à des rejets très importants".
PC et DL