
© Antonio Ribas
Selon la Liste Rouge 2008, 188 mammifères se trouvent dans la catégorie la plus menacée à savoir « en danger critique d'extinction » parmi lesquels le lynx ibérique (Lynx pardinus) dont la population ne comprend que 84 à 143 adultes et continue de décliner en raison de la raréfaction de sa proie principale, le lapin européen (Oryctolagus cuniculus).
Près de 450 espèces de mammifères sont classées « en danger », dont le diable de Tasmanie (Sarcophilus harrisii), passé de la catégorie « préoccupation mineure » à « en danger » après un déclin de plus de 60% de sa population mondiale dans la dernière décennie en raison d'une tumeur cancéreuse faciale transmissible et fatale.
La destruction et la dégradation des habitats sont les causes principales d'extinction et touchent 40% des mammifères. Le phénomène est plus grave en Amérique Centrale et du Sud, en Afrique Orientale et Centrale, à Madagascar et en Asie du Sud et du Sud-est. La destruction des zones humides en Asie du Sud-Est entraîne par exemple la disparition progressive du chat viverrin ou chat pêcheur (Prionailurus viverrinus) qui passe de la classe « vulnérable » à « en danger ». Le phoque de la Caspienne (Pusa caspica) est également passé de « vulnérable » à « en danger ». Sa population a diminué de 90 % depuis un siècle et continue de décroître en raison d'une chasse non durable et de la dégradation des habitats.
Au total, la Liste Rouge de l'UICN comprend maintenant 44.838 espèces, dont 16.928 sont menacées d'extinction (38 %). Parmi ces dernières, 3.246 se trouvent dans la catégorie la plus menacée, « en danger critique d'extinction », 4.770 sont « en danger » et 8.912 « vulnérables » à l'extinction.
En 2008, de nouvelles espèces ont fait leur entrée sur la Liste Rouge de l'UICN : les mygales indiennes, très prisées par les collectionneurs et menacées par le commerce international d'animaux de compagnie, 20 espèces de mérou, 366 espèces d'amphibiens.
L'UICN remarque toutefois que plusieurs bonnes nouvelles sont à noter. Certains mammifères semblent sur le point de se rétablir grâce à des efforts de conservation. Le putois à pieds noirs (Mustela nigripes) par exemple est passé d'« éteint à l'état sauvage » à « en danger » après une réintroduction réussie par le Fish and Wildlife Service des Etats-Unis dans huit Etats de l'ouest américain et au Mexique entre 1991 et 2008. De même, le cheval sauvage (Equus ferus) est passé d'« éteint à l'état sauvage » à « en danger critique d'extinction » cette année, après des réintroductions réussies en Mongolie depuis le début des années 1990. À l'heure actuelle nous savons quelles espèces sont menacées, quelles sont les menaces et où elles se trouvent ; nous n'avons plus d'excuses pour regarder en spectateurs sans rien faire, explique Jane Smart, Directrice du Programme des espèces de l'UICN
Le Dow Jones de la biodiversité
Face à la généralisation des espèces concernées par le risque d'extinction, , l'UICN a mis au point l'indice Liste Rouge échantillonné (SRLI) véritable Dow Jones de la biodiversité, en collaboration avec la Société zoologique de Londres. Cet outil tire un échantillon aléatoire d'espèces d'un groupe taxonomique donné pour calculer les tendances des risques d'extinction à l'intérieur de ce groupe, il est ainsi possible de suivre le destin de ces espèces, comme le Dow Jones suit l'évolution des marchés financiers, explique l'UICN.
Cet indice devrait ainsi permettre d'obtenir un aperçu plus complet de la situation car jusqu'à maintenant les évaluations étaient généralement restreintes aux groupes les plus connus, notamment les oiseaux et les mammifères. De ce fait, on ne connaissait le statut de conservation que de 4% de la biodiversité décrite de la planète. À l'avenir, nous allons élargir nos connaissances à une plus grande variété de groupes d'espèces, ce qui permettra de conseiller et d'aider les décideurs d'une façon plus objective et plus représentative, commente Jonathan Baillie, Directeur des programmes de conservation de la Société zoologique de Londres (ZSL).
Les premiers résultats du SRLI sont publiés cette année et incluent des espèces de reptiles ainsi que d'autres groupes moins connus, comme les crabes d'eau douce. L'un d'eux récemment évalués, Afrithelphusa monodosa, vit en Afrique de l'Ouest et était totalement inconnu des scientifiques jusqu'à 2005. Il est classé « en danger » en raison des perturbations subies par les habitats et de la déforestation liée à l'agriculture dans les écosystèmes forestiers de la Haute-Guinée.
À l'avenir, le SRLI échantillonnera d'autres groupes moins connus : coléoptères, mollusques, champignons, lichens et un certain nombre d'espèces végétales.