Amoindrir le statut de protection du loup. C'est la volonté qu'une majorité d'eurodéputés a manifestée en votant, le 24 novembre, une résolution (1) sur la protection des élevages de bétail et des grands carnivores en Europe.
Le Parlement souligne que l'état de conservation du loup sur le plan paneuropéen justifie une atténuation du statut de protection. Il soutient par conséquent la proposition d'amendement de la Suisse, inscrite à l'ordre du jour de la 42e réunion du comité permanent de la Convention de Berne, qui se tient du 28 novembre au 2 décembre, à Strasbourg. Cet amendement prévoit de déplacer le loup de son annexe II à son annexe III. C'est-à-dire du statut d' « espèce de faune strictement protégée » à celui d' « espèce de faune protégée ». Examiné le 29 novembre, cet amendement a toutefois été repoussé par le comité permanent de la Convention. La résolution des eurodéputés invite également la Commission européenne à effectuer régulièrement des évaluations des données scientifiques afin d'adapter le statut de protection de l'espèce dès que l'état de conservation souhaité est atteint, conformément à l'article 19 de la directive Habitats.
Le Parlement justifie ce soutien par la croissance continue de la population lupine. Se fondant sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN, la résolution rappelle que le nombre de loups a sensiblement augmenté ces dix dernières années, pour atteindre 17 000 individus en 2018. « En outre, sur la base des meilleures données disponibles, en 2022, le nombre total de loups dans l'UE-27 devrait être de l'ordre de 19 000 et devrait dépasser 21 500 en Europe au sens géographique », indique aussi le document. Au cours des dix dernières années, il a été constaté, en Europe, une augmentation de plus de 25 % de l'aire de répartition des loups, ajoute le Parlement. Autre élément mis en avant par la résolution : le fait que l'UICN ait classé trois des neuf populations de loups en Europe comme étant de « préoccupation mineure ».
La FNSEA, qui fait pression à l'échelon européen à travers la Copa-Cogeca pour réviser le statut de protection des grands prédateurs, et en particulier du loup, se félicite du vote de cette résolution. « Comme l'y invitent les parlementaires européens, la Commission européenne doit suivre avec sérieux et objectivité l'état des populations de prédateurs et opérer leur déclassement lorsque leur niveau de viabilité est atteint. Cela permettrait de diminuer le nombre de victimes dramatiquement élevé », appelle le syndicat agricole majoritaire. La Fédération nationale ovine (FNO) salue également « une avancée majeure ». « Chaque éleveur a le droit de se défendre et de défendre ses animaux. Voilà trop longtemps qu'ils vivent dans la peur d'une attaque ou le traumatisme de l'une d'entre elles », justifie l'organisation professionnelle.