Le Syndicat des automatismes du génie climatique et de la régulation (ACR) a présenté, ce jeudi 23 mars, les résultats 2022 du marché français de la régulation et de la gestion technique des bâtiments (GTB). Le bilan est globalement positif pour la filière. En effet, services inclus, le marché a progressé de 5,4 % et atteint 376,9 millions d'euros (M€) de chiffre d'affaires (CA). Une croissance qualifiée de « modeste et continue » par le syndicat, mais qui devrait être « forte » dans les années à venir. Les référentiels techniques ont été mis à jour afin de s'aligner sur la nouvelle réglementation, ce qui explique en grande partie ces bons résultats qui devraient devenir la tendance, selon ACR.
Pour Florent Trochu, délégué général d'ACR, « le déploiement n'est pas aussi massif et accéléré qu'on attend car le marché est perturbé ». À noter que les chiffres présentés ne tiennent pas compte de l'inflation, car ils se rapportent à la « croissance structurelle en nombre de produits installés sur le marché en croissance », souligne Dan Napar, animateur de la nouvelle Alliance Bacs (Building Automation and Control System).
La régulation des équipements de génie climatique résiste au contexte économique
Le marché de la régulation des équipements de génie climatique – chauffage, ventilation, climatisation (CVC) a progressé de 3,3 % en 2022 par rapport à 2021. Son CA se porte à 215,2 M€.
Le déploiement se poursuit, mais est tout de même impacté par la conjoncture économique difficile, notamment le recul du marché du logement neuf. L'ACR constate ainsi un fort impact sur le marché du chauffage individuel et collectif, qui reste à un niveau stable (+ 0,5 %), avec un CA de 127,1 M€, mais devrait connaître une forte croissance en 2023. ACR note en revanche que l'attractivité des Bacs – les systèmes d'automatisation et de contrôle des bâtiments – est renforcée par le haut niveau des prix de l'énergie. Quant au dispositif MaPrimRénov', il influence toujours la visibilité du marché, puisqu'il n'inclut pas les solutions de régulation du chauffage.
En 2022, le marché des robinets thermostatiques, qui constituent « la solution de régulation la plus utilisée », n'a progressé que de 3 %. ACR s'attend en revanche à « un fort développement » dans les années à venir, en raison de l'obligation d'installation de thermostats programmables avec robinets thermostatiques dans tous les bâtiments chauffés à l'eau d'ici à 2025, prévue par le décret Régulation et calorifugeage, qui doit paraître prochainement.
Autre changement pour 2023 : le décret Bacs de 2020 sera bientôt modifié afin d'étendre l'obligation d'installation de systèmes GTB performants aux bâtiments tertiaires dont la puissance de CVC est supérieure à 70 kW, contre 290 kW auparavant.
Le syndicat observe, en outre, une forte pénétration du marché par d'autres équipements : + 30 % pour les vannes de régulation modulantes en rénovation et + 6 % pour les vannes d'équilibrage dynamique (PICV). ACR s'attend également à une progression pour les pompes à chaleur (PAC) hybride avec relève chaudière, incluant une régulation « intelligente ».
Quant au marché du refroidissement, une « tendance de fond » se dessine, selon le syndicat, liée aux épisodes caniculaires et, de manière générale, à la hausse des températures. ACR constate également le même phénomène pour la ventilation en raison des exigences de qualité de l'air intérieur, une demande qui s'accroît depuis la crise de la Covid-19.
La GTB pénalisée par les retards d'application des décrets
Le marché de la gestion technique du bâtiment affiche une belle progression de 11,4 % en 2022 par rapport à 2021, atteignant 96,7 M€ de CA. Il fait toutefois face au retard d'application des décrets Bacs et Tertiaire, datant respectivement de juillet 2020 et juillet 2019.
« Tirée par les opérations de rénovation énergétique réglementaires, la dynamique de ce marché va s'amplifier et l'industrie est pleinement mobilisée pour accompagner ce déploiement », affirme l'ACR. Le financement de l'installation de Bacs basée par les fiches CEE est également aidé jusqu'au 31 décembre 2023 grâce au Plan de sobriété énergétique des bâtiments. Le syndicat ACR relève enfin que la rationalisation du Smart (smart building ou bâtiments intelligents) demeure « un enjeu technique prioritaire », dans un « objectif de sobriété digitale ».
Le marché des services retrouve sa croissance d'avant-Covid
Malgré une progression à un niveau de 4,1 % jugée « plus modeste » par ACR, le marché des services atteint « un niveau jamais égalé » et un CA de 64,9 M€. Les activités décalées en raison de la crise sanitaire, comme les opérations de maintenance préventive et de "commissioning", retrouvent progressivement leur rythme.
« L'ère des Bacs »
Si le contexte économique « a freiné l'accélération de la massification des Bacs en 2022 », le syndicat est confiant et qualifie les années à venir de « l'ère des Bacs ».
Rachid Khadir, nouveau président du syndicat ACR depuis le 25 janvier 2023, constate une « vraie rupture post-Covid ». Les métiers du GTB bénéficient désormais d'un cadre réglementaire « très lisible » et « efficace ».
La question de l'empreinte carbone devrait également « devenir prioritaire dans les deux à trois ans », au même titre que les économies d'énergie, selon Dan Napar.