Le ministère de l'Environnement constate une baisse d'afflux touristique sur le littoral du Grand Ouest concomitante à la prolifération des algues vertes. Mais il n'est parvenu à évaluer que l'impact local du phénomène qui se révèle très limité.
Si les coûts directs liés à la prolifération des algues vertes sur le littoral breton sont connus, ça n'est pas le cas des coûts indirects. Le Commissariat général au développement durable (CGDD) a tenté de combler ce vide en réalisant une étude sur l'incidence des marées vertes, qui résultent de flux excessifs d'azote liés aux activités d'élevage, sur la fréquentation touristique.
Un rapprochement inédit de données
Pour mener à bien cette étude, ses auteurs ont rapproché des données économiques locales et des données environnementales : données de fréquentation hôtelières produites par l'Insee, données sur les algues vertes par le Centre d'études de valorisation des algues (Ceva) et données météorologiques par Météo France.
Ses auteurs constatent une baisse de fréquentation touristique sur les communes littorales du Grand Ouest (Bretagne, Calvados, Manche, Loire-Atlantique et Vendée) entre 2006 et 2012, qui coïncide avec une augmentation des marées vertes. "
La médiatisation des marées vertes de 2007 pourrait (…) avoir terni la réputation de l'ensemble de la zone littorale étudiée", avancent ces derniers. Mais cette baisse n'est sans doute pas imputable à la seule prolifération des algues, ajoutent-ils. Les fluctuations météorologiques, la crise économique ou encore les évolutions dans les modes d'hébergement sont également avancées.
Impact local très limité
Les auteurs n'ont pas de certitude en la matière car le modèle économétrique retenu pour mener à bien leur étude permet d'estimer seulement l'impact local des marées vertes. Or, cet impact se révèle très limité sur la fréquentation des hôtels et campings des communes touchées par ce phénomène. La perte de fréquentation est toutefois plus sensible sur la moitié sud du littoral du Grand Ouest, plus orientée sur la baignade qu'au nord et plus récemment impactée par les phénomènes des marées vertes.
Les auteurs reconnaissent le caractère partiel de ces conclusions qui appellent du même coup d'autres recherches. Plusieurs pistes sont évoquées : enrichissement des données météos qui influent en même temps le tourisme et le développement des algues, prise en compte de paramètres supplémentaires comme la qualité bactériologique des eaux, la dangerosité de la baignade, la labellisation des communes ou la dimension spatiale des marées vertes et des flux touristiques, extension des données dans le temps...
Par ailleurs, d'autres coûts indirects que la seule fréquentation de l'hébergement touristique pourraient également être pris en compte : baisse des prix de l'immobilier, pertes d'aménités pour les habitants et pour les activités récréatives (baignade, pêche à pied, randonnées), etc. Ces différents coûts indirects s'ajoutent aux coûts directs liés au ramassage et au traitement des algues par les communes et à ceux supportés par les conchyliculteurs entravés dans leur activité.
Mais l'ensemble de ces charges doivent aussi être mises en balance avec le développement d'activités basées sur l'utilisation des algues à des fins agricoles (compost), énergétiques (méthanisation, bioéthanol), chimiques (fabrication de papier-carton) ou encore de nutrition animale ou de cosmétologie, rappelle le CGDD. Seul bémol : "si les projets de valorisation des algues sont prometteurs, la plupart relèvent encore du domaine de la recherche et les débouchés ne sont pas certains", nuancent les auteurs.
Algues vertes : un rapport ministériel pointe la responsabilité de l'agriculture industrielle (article paru le 23/05/2012) Les ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture ont passé en revue la littérature scientifique relative aux algues vertes et le bilan est sans appel : le développement de l'agriculture industrielle est le premier responsable. Lire la news
Les algues vertes poursuivent leur prolifération en France (article paru le 07/01/2014) Entre 50.000 et 100.000 m3 d'algues vertes par an sont ramassés par les collectivités de la Bretagne à la Basse-Normandie, selon le CGDD. Si les marées vertes prolifèrent, les micro-algues toxiques touchent également les Flandres et la Méditerranée. Lire la news
Le traitement des algues vertes pourrait coûter 1,1 million d'euros en 2010 (article paru le 31/05/2010) L'augmentation des dépenses liées aux algues vertes a plus que doublé ces trois dernières années, selon une note de la chambre régionale des comptes de Bretagne publiée vendredi 28 mai et relayée par l'AFP.
Entre 2007 et 2009, les coûts de ram... Lire la news
Algues vertes : les agriculteurs bretons font leurs propositions (article paru le 16/12/2009) Chambres d'agricultures, syndicats, coopératives, organisations de l'agriculture et l'agroalimentaire en Bretagne se sont regroupés pour former un Comité, CAP Bretagne qui a pour mission de ''valoriser les initiatives prises par les agriculteurs b... Lire la news
Note Télécharger l'étude du CGDD sur les marées vertes et la fréquentation touristique Plus d'infosArticle publié le 26 avril 2017