Si les coûts directs liés à la prolifération des algues vertes sur le littoral breton sont connus, ça n'est pas le cas des coûts indirects. Le Commissariat général au développement durable (CGDD) a tenté de combler ce vide en réalisant une étude sur l'incidence des marées vertes (1) , qui résultent de flux excessifs d'azote liés aux activités d'élevage, sur la fréquentation touristique.
Un rapprochement inédit de données
Pour mener à bien cette étude, ses auteurs ont rapproché des données économiques locales et des données environnementales : données de fréquentation hôtelières produites par l'Insee, données sur les algues vertes par le Centre d'études de valorisation des algues (Ceva) et données météorologiques par Météo France.
Impact local très limité
Les auteurs n'ont pas de certitude en la matière car le modèle économétrique retenu pour mener à bien leur étude permet d'estimer seulement l'impact local des marées vertes. Or, cet impact se révèle très limité sur la fréquentation des hôtels et campings des communes touchées par ce phénomène. La perte de fréquentation est toutefois plus sensible sur la moitié sud du littoral du Grand Ouest, plus orientée sur la baignade qu'au nord et plus récemment impactée par les phénomènes des marées vertes.
Les auteurs reconnaissent le caractère partiel de ces conclusions qui appellent du même coup d'autres recherches. Plusieurs pistes sont évoquées : enrichissement des données météos qui influent en même temps le tourisme et le développement des algues, prise en compte de paramètres supplémentaires comme la qualité bactériologique des eaux, la dangerosité de la baignade, la labellisation des communes ou la dimension spatiale des marées vertes et des flux touristiques, extension des données dans le temps...
Par ailleurs, d'autres coûts indirects que la seule fréquentation de l'hébergement touristique pourraient également être pris en compte : baisse des prix de l'immobilier, pertes d'aménités pour les habitants et pour les activités récréatives (baignade, pêche à pied, randonnées), etc. Ces différents coûts indirects s'ajoutent aux coûts directs liés au ramassage et au traitement des algues par les communes et à ceux supportés par les conchyliculteurs entravés dans leur activité.
Mais l'ensemble de ces charges doivent aussi être mises en balance avec le développement d'activités basées sur l'utilisation des algues à des fins agricoles (compost), énergétiques (méthanisation, bioéthanol), chimiques (fabrication de papier-carton) ou encore de nutrition animale ou de cosmétologie, rappelle le CGDD. Seul bémol : "si les projets de valorisation des algues sont prometteurs, la plupart relèvent encore du domaine de la recherche et les débouchés ne sont pas certains", nuancent les auteurs.