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Dérogation Espèces protégées : les maîtres d'ouvrage la considèrent trop souvent comme acquise

Dans son rapport 2022, l'Autorité environnementale constate une amélioration des dossiers de projets, mais déplore notamment une dérogation Espèces protégées considérée de droit par les maîtres d'ouvrage.

Biodiversité  |    |  I. Chartier
Dérogation Espèces protégées : les maîtres d'ouvrage la considèrent trop souvent comme acquise
Actu-Environnement le Mensuel N°438
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°438
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« Trop de projets présupposent qu'une dérogation à la protection des espèces protégées et de leurs habitats leur sera accordée, moyennant des mesures de compensation. » Tel est le constat de l'Autorité environnementale (Ae) dans son rapport annuel pour 2022 (1) , dévoilé le 28 juin 2023. L'autorité indépendante déplore que la dérogation à l'interdiction d'atteinte aux espèces protégées, parfois nécessaires à la mise en œuvre des projets, soit considérée comme étant « de droit » par les maîtres d'ouvrage.

Des dérogations Espèces protégées présumées acquises ?

Dans son rapport, l'Ae fait le constat positif que davantage de dossiers de projets présentaient des méthodologies solides, et qu'ils étaient de plus en plus encourageants. Toutefois, elle relève des faiblesses persistantes, dont des demandes de dérogation Espèces protégées « présentées de telle sorte qu'on a le sentiment que le pétitionnaire croit qu'elle est de droit », regrette Sylvie Banoun, administratrice générale de la MRAe (2) Île-de-France. L'Ae a souhaité rappeler qu'il s'agit d'abord d'une interdiction d'atteinte à ces espèces et à leurs habitats.

Le problème soulevé est que les pétitionnaires ont tendance à s'appuyer sur les mesures de compensation, en mettant de côté les mesures d'évitement et de réduction dans leur demande de dérogation. L'Ae rappelle que la compensation vient en principe en complément des autres mesures, qui doivent être privilégiées. Ainsi, dans son avis de mai 2021 (3) concernant le réaménagement du domaine skiable de Saint-Lary-Soulan, dans les Hautes-Pyrénées, elle a recommandé de « revoir le niveau d'incidences résiduelles du projet sur les habitats naturels, la flore et la faune, le cas échéant de réajuster les mesures d'évitement, de réduction et, si nécessaire, de compensation associées et d'établir un dossier de demande de dérogation relatif aux impacts résiduels sur les espèces protégées ».

La justification insuffisante des maîtres d'ouvrage sur la raison impérative d'intérêt public majeur ?

L'Ae rappelle l'avis contentieux du 9 décembre 2022, dans lequel le Conseil d'État avait précisé les conditions de délivrance d'une dérogation « espèces protégées » : l'absence de solution alternative satisfaisante ; le fait de ne pas nuire au maintien, dans un état de conservation favorable, des populations des espèces concernées dans leur aire de répartition naturelle ; le fait que le projet réponde, par sa nature et compte tenu des intérêts économiques et sociaux en jeu, à une raison impérative d'intérêt public majeur.

Pour prouver que la dernière condition est remplie, l'Ae constate que « les dossiers se contentent parfois de reprendre l'argumentaire de l'utilité publique, ce qui ne saurait être suffisant ».

Ces observations rejoignent un constat plus général de l'autorité d'une prise en compte encore trop faible des impacts des projets, plans et programmes sur l'environnement : « L'évaluation environnementale est encore trop perçue comme une "procédure" entraînant des délais inutiles et retardant une autorisation considérée comme étant de droit. »

1. Consulter le rapport
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-42110-rapport-autorite-environnementale-2022.pdf
2. Mission régionale d'autorité environnementale3. Consulter l'avis
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-42110-avis-autorite-environnementale-domaine-skiable-saint-lary-soulan.pdf

Réactions2 réactions à cet article

Face à certains représentants de l’État en préfectures, en DREAL ou au ministère veules, complaisants voir directement intéressés (ça se construit, un plan de carrière passant par un confortable passage du public au privé...) qui leur déroulent le tapis rouge au nom des inusables arguments d'un mirifique développement économique et de création de milliers d'emplois, les porteurs de projets ont forcément pris certaines fâcheuses habitudes réduisant les questions environnementales, et tout particulièrement de biodiversité, au rang de questions sans aucune valeur, sauf bien évidemment pour le lancinant greenwashing qui accompagne invariablement désormais les projets les plus dommageables et destructeurs.
Ce constat de l'Ae rejoint celui que forme depuis pas mal de temps déjà les associations de protection de l'environnement très impliquées sur le terrain.

Pégase | 03 juillet 2023 à 15h31 Signaler un contenu inapproprié

Un projet carrière n'a pas été vu par la commission CDPENAF (grâce à l'absence CDPENAF diront les empêchants), a eu les avis positifs DDT, DREAL, commissions CSRPN et CDNPS (-2 voix),et en final l'avis positif préfète d'Autorisation projet. Surprenant, la demande Dérogation p.38/125, et notice PLU en p.32/63 https://www.lacellesaintavant37.fr/medias/Documents/PLU/PLU_2021/01_LA-CELLE-SAINT-AVANT_DP_Notice%20de%20présentation_V04-01-2021.pdf on lit : "La carte du SRCE..suivante montre que les terrains du projet ne sont concernés par aucun réservoir de biodiversité et par aucun corridor."
Puis En p.39/125, et page 33/63, une vieille carte (2014) car d'avant cartographie des trames TVB ! Implacable !
Le CSRPN, l'enquête publique projet se sont déroulés avec ce verdict.
3 mois plus tard, l'enquête PLU devait mettre en conformité le PLU (passant de N -> N carrière), La Notice PLU ajoute à la conclusion précédente en page 34/63 une carte plus récente, avec trames TVB, et corridors diffus sur l'emprise!
Le commentaire :"Dans une zone de corridors écologiques diffus. Cette zone doit donc être affinée par le PLU, ce qui est visible par la trame des Espaces Boisés Classés (EBC). Aussi, bien que le projet projette le défrichement de boisement, le phasage de sa réalisation prévoit par ailleurs un reboisement et l’aménagement d’un plan d’eau (et d’autres mesures en faveur de la biodiversité). Ces mesures favoriseront cette zone de corridors."
Le PLU était même Nc 1 an Avant à La Celle

J Cl M 44 | 05 juillet 2023 à 16h46 Signaler un contenu inapproprié

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