Basé sur plusieurs études, le rapport confirme une fois de plus que ce seront les populations les plus pauvres qui subiront le plus les conséquences du changement climatique. Les auteurs avertissent que les forces déchaînées par le réchauffement de la planète risquent de ralentir puis d'inverser les progrès accomplis de génération en génération. Ils estiment que le monde se rapproche d'un « point de basculement » qui risque d'entraîner les pays les plus pauvres de la planète et leurs citoyens dans une spirale infernale, laissant des centaines de millions de personnes confrontées à la malnutrition, au manque d'eau, aux menaces écologiques, et à la perte de leurs moyens de subsistance. Parmi les menaces identifiées figure l'effondrement des systèmes agricoles de plus en plus exposés à la sécheresse, à l'augmentation des températures et à des précipitations plus imprévisibles, entraînant 600 millions de personnes supplémentaires dans la malnutrition. Du fait des inondations et des tempêtes tropicales, 332 millions de personnes vivant dans les zones côtières et dans les zones de faible élévation seront obligées de se déplacer. Le rapport cite également les risques sanitaires émergents avec 400 millions de personnes supplémentaires qui pourraient être exposées au paludisme.
Le rapport se concentre sur les menaces immédiates mais il met aussi en garde, affirmant que ne pas s'attaquer au changement climatique pourrait signifier une catastrophe écologique pour les futures générations. La réduction massive des manteaux glaciaires dans l'Antarctique occidental, le rétrécissement des glaciers, ainsi que le stress sur les écosystèmes marins sont autant de menaces contre l'humanité, souligne-t-il.
Face à ces données, le PNUD est donc catégorique et parle de nécessité absolue à limiter le réchauffement planétaire de 2°C. Il demande une approche jumelée qui conjugue des mesures d'atténuation strictes pour limiter le réchauffement et une coopération renforcée pour l'adaptation. Pour cela le rapport préconise que les pays développés réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre d'au moins 80% d'ici à 2050 par rapport aux niveaux enregistrés en 1990 avec une réduction intermédiaire fixée à 30% dès 2020. Les pays en voie de développement devraient quant à eux réduire leurs émissions de 20% d'ici à 2050. Le rapport prône pour cela la taxation des émissions, les systèmes d'échange de quotas, la réglementation de l'utilisation de l'énergie et la coopération internationale pour le financement du transfert des technologies à basse émission de carbone. Le PNUD estime que financièrement d'ici 2030, le coût annuel moyen de ces objectifs de réduction serait de 1,6% du PIB mondial. Conscient qu'il s'agit d'un investissement significatif, le PNUD rappelle toutefois qu'il représente moins des deux tiers des dépenses militaires mondiales et que le prix de l'inaction serait bien plus élevé.
En ce qui concerne l'adaptation, le PNUD demande aux pays riches de placer l'adaptation au changement climatique au coeur des partenariats internationaux pour la réduction de la pauvreté. Selon le rapport, le total des dépenses en adaptation consenties actuellement par le biais des mécanismes multilatéraux s'élève à 26 millions de dollars. D'après les auteurs, les mécanismes actuels offrent un financement modeste et présentent des coûts de transaction élevés. Ils préconisent donc un financement supplémentaire en faveur des infrastructures contre les changements climatiques et de la résistance des bâtiments. Ils estiment que les gouvernements du nord devraient allouer au moins 86 milliards de dollars par an d'ici 2015 soit environ 0,2% de leur PIB.
Mais les gouvernements africains ont également un rôle à jouer, notamment pour aider leurs citoyens à faire face aux phénomènes extrêmes : mise en place de réseau de surveillance météorologique, d'installation de stockage de l'eau pluie, assurance pour les agriculteurs…
Pour Kevin Watkins, l'auteur principal et directeur du Bureau du Rapport mondial sur le développement humain, il s'agit de lancer un appel à l'action alors que se tiendra prochainement la Conférence de Bali : laisser se fermer cette fenêtre d'opportunité représenterait un échec moral et politique sans précédent dans l'histoire de l'humanité, explique-t-il. Pour lui, les discussions de Bali sont une occasion unique de placer les intérêts des pauvres de la planète au cœur des négociations sur le changement climatique. La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques se tiendra à Bali au mois de décembre. Elle vise à parvenir à un accord multilatéral pour l'après 2012, date à laquelle arrivera à terme la période d'engagement du Protocole de Kyoto.