Dans un contexte de maîtrise de la production de déchets, les ressourceries ont une place à prendre dans les quartiers. Si les bénéfices sont nombreux, leur création reste toutefois semée d'embûches. Détails.
Que faire des appareils électroniques qui fonctionnent encore mais dont nous ne voulons plus ? des meubles dont nous devons nous séparer pour cause de déménagement ? ou des nombreux objets qui pourraient être utiles à d'autres (vaisselle, vêtements…) ? Si plusieurs acteurs sont susceptibles d'être intéressés comme le réseau Emmaüs ou la filière Relais, de nouvelles organisations sont appelées à se multiplier : les ressourceries. Le principe est simple : la ressourcerie collecte les objets pour les réparer ou les détourner et les revendre sans but lucratif.
''Les ressourceries collectent, valorisent, revendent et sensibilisent pour prolonger la durée de vie des produits et inciter au changement de comportement'', a expliqué Sandrine Simeon, chargée de développement du Réseau des Ressourceries à l'occasion d'une réunion d'information organisée par l'Observatoire Régional des Déchets d'Ile-de-France (ORDIF).
Un fonctionnement au cas par casÀ l'heure actuelle, le réseau français ne compte qu'une cinquantaine de ressourceries mal réparties sur le territoire. Si ces structures ont toutes le même objectif à savoir limiter la quantité de déchets incinérés ou enfouis, elles ont toutes une organisation différente construite en fonction des situations locales.
''Les ressourceries se développent autour de l'existant et en fonction des acteurs présents localement'', confirme Sandrine Simeon. Certaines sont portées par des associations de réinsertion (90% des cas), d'autres par des communes en régie ou encore des syndicats de traitement de déchets. Certaines collectent les déchets en porte-à-porte après appel téléphonique, d'autres trient les déchets à l'entrée des déchetteries et/ou s'appuient sur l'apport volontaire.
''La plupart des ressourceries s'intéressent aux déchets des ménages mais certaines ont choisi de collecter également certains déchets industriels non dangereux'', précise Sandrine Simeon.
Cette ressourcerie participe à l'animation du territoire et développe la solidarité car tous les niveaux sociaux s'y retrouvent
La communauté de communes de Crèvecoeur-le-Grand dans l'Oise (60) par exemple a choisi de créer sa ressourcerie en même temps que sa déchetterie.
''Cette organisation nous a permis de diminuer de 30% les tonnages de déchets ultimes et nos coûts de collecte se sont stabilisés'', constate avec enthousiasme Jean Pupin, Maire de Crèvecoeur-le-Grand. Pour lui les avantages sont donc indéniables :
''lorsque la réglementation s'est renforcée pour les déchets d'équipement électriques et électroniques nous étions prêts'', explique-t-il. En 2008, la ressourcerie de Crèvecoeur-le-Grand a reçu 15.000 visites pour une communauté de communes qui compte près de 7.500 habitants et a collecté 2.400 tonnes de déchets grâce à 4 emplois temps plein.
''Cette ressourcerie participe à l'animation du territoire et développe la solidarité car tous les niveaux sociaux s'y retrouvent ; aujourd'hui le lien social c'est donc moins le bistrot que la ressourcerie'', illustre Jean Pupin. Le Maire constate également que le contact avec la population est beaucoup plus facile. L'analyse est partagée par Philippe Geslan, élu de la communauté d'agglomération de Mantes en Yvelines qui gère depuis 2007 la ressourcerie Apti'prix avec l'aide d'une association de réinsertion :
''la ressourcerie est notre meilleur outil de communication''.
Un montage encore difficileLa dernière directive européenne relative à la gestion des déchets a placé le réemploi en tête de la hiérarchie de traitement derrière la prévention.
''Jusqu'à maintenant le réemploi faisait partie de la prévention mais depuis la nouvelle directive le réemploi devient une filière à part entière'', confirme Helder De Oliveira, directeur de l'ORDIF. Cette définition officielle au niveau européen devrait donc faciliter le développement des ressourceries ou au moins susciter des projets.
Reste que le montage de ce type de structure peut apparaître compliqué. Sachant qu'il n'y a pas de modèle unique, les initiatives sont difficilement transposables. Pour les collectivités qui souhaitent se lancer, les interrogations sont nombreuses. Alors que Crèvecoeur-le-Grand a choisi le modèle en régie, le SMITOM-LOMBRIC en Seine et Marne a choisi de s'associer à une structure de réinsertion. Le syndicat entend financer les locaux et les ateliers de réparation et les louer à l'association.
''On a choisi de mettre en place un bail locatif qui monte en puissance en fonction des activités de l'association'', explique Patrick Scheurer du SMITOM-LOMBRIC. Mais dans certains cas il est difficile d'assurer la proximité des structures avec la population et d'avoir accès à des locaux.
''À Paris il est impossible d'installer les ressourceries dans les locaux des déchetteries car ces installations sont le plus souvent très excentrées et très mal vues'', explique Patrice Poignard de la Ville de Paris. Une première ressourcerie a toutefois réussi à voir le jour en 2007 dans la capitale via une convention passée entre l'association Interloque et la ville.
La question des financements peut également s'avérer délicate. Même si la ressourcerie est source de profit via la vente des objets, ces revenus ne couvrent pas la totalité des frais de fonctionnement. Les subventions restent donc nécessaires. À travers son
Plan Régional d'Elimination des Déchets des Ménages et Assimilé récemment adopté, la Région Ile-de-France a décidé de soutenir la création de ressourceries avec comme objectif 30 structures en 2019 contre 3 en 2009. La Région prévoit d'aider financièrement les porteurs de projets pour réaliser les études préliminaires, la communication et les premiers investissements. L'
ADEME est également susceptible d'apporter son soutien.
Mais il semblerait que le point de blocage se situe ailleurs et notamment dans la mise en relation des acteurs prêts à se lancer. Le réseau des Ressourceries s'évertue à favoriser les contacts mais les porteurs de projets notamment les particuliers semblent perdus : Henrique Pinto, un porteur de projet individuel en Essonne regrette la multiplicité des acteurs et les nombreuses aides à solliciter même si son projet est en bonne voie d'aboutir grâce au soutien de l'association L'Effet Colibri.
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