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Risque de ruissellement : retour sur les stratégies mises en place par Strasbourg

Pour limiter l'apparition des coulées d'eaux boueuses hors agglomération, l'Eurométropole de Strasbourg mise sur les techniques d'hydraulique douce et l'alternance des cultures. Des initiatives qui peinent à convaincre les agriculteurs.

TECHNIQUE  |  Eau  |    |  G. Boillot-Defremont
Risque de ruissellement : retour sur les stratégies mises en place par Strasbourg
Environnement & Technique N°399
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°399
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Une succession de plaines agricoles en légère pente où alternent blé, colza et orge, avec en pied de champs les lieux d'habitation... Bienvenue dans l'ouest de l'Eurométropole de Strasbourg ! Quatorze communes de ce territoire font l'objet d'un suivi face à l'aléa ruissellement depuis 2018. Ce phénomène d'écoulement des eaux hors réseaux hydrographiques dont les dégâts sur le bâti sont bien réels fait l'objet d'analyses hydrologiques et pédologiques, et de propositions de solutions à prédominance agricole. Explications.

Ouvrages d'hydraulique douce

«  On ne préconise pas la construction de bassins de rétention car, non combinés à des mesures agronomiques préventives (comme l'installation de haies, ndlr), ils se rempliraient de boues et feraient obstacle au bon écoulement des eaux », explique Bénédicte Petitjean, chargée d'études environnementales pour l'Eurométropole de Strasbourg. Elle complète : « De toute façon, on ne peut pas toujours rogner sur l'emprise foncière du milieu agricole. »

“ La réussite de ce dispositif n'aurait pas été identique sans le filtre de la chambre d'agriculture, qui nous a permis de parler de manière apaisée avec le monde agricole ” Bénédicte Petitjean, Eurométropole de Strasbourg
En 2019, l'Eurométropole de Strasbourg avait entamé une campagne de subventions des ouvrages d'hydraulique douce (bandes enherbées, haies, fascines) dont s'étaient emparé un tiers des agriculteurs du territoire. Une victoire en demi-teinte qu'un acteur du secteur explique en pointant l'absence de solidarité entre les exploitants victimes d'inondations et les autres, regrettant qu'il n'y ait pas d'indicateurs performants pour convaincre les agriculteurs ne subissant pas les inondations de l'intérêt de la biodiversité pour leurs cultures - deuxième avantage conféré par la présence de haies.

Alternance des cultures

« Quatre grands facteurs concourent à l'apparition des coulées d'eaux boueuses : l'occupation du sol, la topographie, la météorologie et la pédologie. Les trois derniers ne dépendent pas de nos actions : le sol de nos régions est principalement fait de loess – terre très érodable ; le bassin versant est légèrement concave et nous ne pouvons pas décider de la fréquence des événements pluvieux. En plus des mesures d'hydraulique douce, nous avons décidé de nous concentrer sur l'alternance des cultures », ajoute Bénédicte Petitjean.

À chaque territoire, ses solutions

Témoignage d'un exploitant agricole du Val-de-Marne

« Chez moi, le risque ruissellement se concrétise uniquement à la faveur des gros orages d'été, quand il pleut au-delà de 60 à 80 mm en une demi-heure. De multiples inondations ont ponctué la vie de mon exploitation, si bien que depuis vingt-cinq ans se succèdent des études sur la région. La solution préconisée a été de faire des retenues sur les amonts des bassins versants, afin de ne pas laisser l'eau courir et de donner le temps au fossé d'évacuation des eaux pluviales de remplir son office. En plantant des haies précédées de petites noues, nous retardons la descente de l'eau d'une heure, voire plus. Ce travail a un impact sur l'ensemble de l'aval - chez moi, comme chez mes voisins du dessous. Quant aux cultures, nous avons choisi de les faire se succéder et de les planter non plus dans le sens de la pente, mais à travers pente.

À la faveur du remembrement agricole à partir des années 1950, les parcelles ont été rattachées les unes aux autres, les cultures agrandies et uniformisées, donc moins souvent pourvues d'un couvert végétal. Le dispositif d'assolement concerté mis en place sur le territoire de l'Eurométropole de Strasbourg propose de revenir aux principes d'alternance des petites parcelles en fonction de la nécessité préalable de labour et de la surface de leur couvert.

Depuis 2020, 50 exploitants sur 150 ont rejoint le dispositif. «  Du fait de la perte de récolte que cela entraîne, nous indemnisons à hauteur de 18,44 euros par are et par an », précise Bénédicte Petitjean, qui rajoute : « La réussite de ce dispositif n'aurait pas été identique sans le filtre de la chambre d'agriculture, qui nous a permis de parler de manière apaisée avec le monde agricole. »

«  Le risque ruissellement est un des critères en fonction duquel les agriculteurs font leurs prévisions de cultures, mais c'est loin d'être le seul, indique Rémy Mickaël, responsable de l'équipe érosion et coulées de boues au sein de la chambre d'agriculture d'Alsace. Aussi pour beaucoup, le dispositif d'assolement concerté est considéré comme une contrainte. Sa réussite dépendra avant tout du climat au sein de la collectivité et du dialogue avec les élus sur ce sujet. »

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